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Rachid Kassim: "inspirateur" des dernières attaques terroristes

  • Publié le 12 septembre 2016 à 20:56

Il a téléguidé depuis la Syrie plusieurs des attentats commis en France et lance sur internet d'incessants appels au meurtre: le Français Rachid Kassim, ancien animateur social parti sur les terres du jihad, est devenu une priorité pour les services de renseignement.


Des consignes diligentées par Kassim, via sa messagerie cryptée Telegram, ont été appliquées à la lettre par le commando de femmes qui a tenté début septembre, sans succès, de faire exploser en plein Paris une voiture chargée de bonbonnes de gaz, et avec qui il était en contact.
Originaire de Roanne dans la Loire, le jeune homme de 29 ans apparaît dans "une dizaine d'enquêtes" sur des attentats ou des projets d'attaques récemment perpétrés ou élaborés en France, selon une source proche de l'enquête.
Il a été "l'inspirateur" de Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines), et "a délivré directement ses consignes" aux deux assassins du prêtre de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, d'après cette source.
Son nom a également été évoqué par une adolescente de 16 ans originaire de Melun, mise en examen et incarcérée le 4 août alors qu'elle se disait, sur Telegram, prête à commettre un attentat et dans l'enquête sur une jeune radicalisée de Clermont-Ferrand écrouée à la mi-août après avoir posté des messages violents sur ce même réseau.
Kassim aurait aussi piloté un mineur de quinze ans, soupçonné d'avoir voulu passer à l'acte et interpellé samedi à Paris.
Son omniprésence et sa sinistre trajectoire interpellent. "Il y a six mois, c'était encore un inconnu", note une source proche du dossier. Il semble être "en roue libre" et agir "hors de la ligne officielle de l'Etat islamique", mais l'EI "laisse faire car il a atteint une grosse notoriété et parce que beaucoup d'aspirants jihadistes se tournent vers lui", estime-t-elle.
Kassim a grandi avec sa mère dans une cité de Roanne, où le jeune homme, décrit comme sans histoire et qui n'a pas d'antécédent judiciaire, a travaillé de 2010 à 2012 comme animateur chargé notamment de l'accompagnement scolaire des adolescents.
- "Rap attentat" -
Elevé dans une famille peu pratiquante et marié à une Française convertie à l'islam, son discours a changé en 2011, selon des témoignages recueillis par la presse locale.
"Il s'est radicalisé sur internet et a tenté d'amener des jeunes vers l'islamisme radical", raconte à l'AFP Abdennour Bentoumi, secrétaire général de la mosquée En-Nour à Roanne. "Des fidèles ont menacé de le dénoncer s'il ne partait pas", se souvient-il. Il n'est plus jamais revenu. Le centre social "a eu aussi des soucis avec lui car il faisait du prosélytisme", se souvient un élu de la commune.
Signe de sa radicalisation, Kassim enregistre un album de rap, sous le pseudonyme "L'Oranais", intitulé "Première arme". Avec deux titres qui résonnent tout particulièrement cinq ans plus tard : "Je suis terroriste" et "Rap attentat".
La suite de son parcours comporte de nombreuses zones d'ombre. Certains évoquent un séjour en Algérie en 2011, puis un voyage en Egypte en 2012. A-t-il rejoint dès cette époque les zones de combat irako-syriennes? D?anciens voisins, rencontrés par l'AFP, racontent l'avoir vu en 2015 à Roanne dont il ne serait parti définitivement que l'an dernier, mais ces témoignages n'ont pas été confirmés.
Kassim a en tous cas disparu des radars. Il réapparaît fin 2015, quand il ouvre un profil Facebook où il fait l'apologie du jihad en s'adressant aux jeunes de Roanne. Signalée aux autorités par une association locale, cette page a été fermée depuis.
Reste sa chaîne privée sur le réseau crypté Telegram, qui compte plus de 300 abonnés. Dans ces messages, signés "Sabre de lumière", il félicite les tueurs de Saint-Etienne-du-Rouvray et le commando de femmes qui a tenté de frapper en France, et diffuse de nombreux appels aux meurtres, détaillant modes opératoires et objectifs à attaquer.
Vêtu d'un treillis de camouflage, tête enturbannée et barbe noire, Kassim était apparu fin juillet dans une vidéo de propagande de l'EI dans laquelle il loue l'action du tueur de Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel.

Par Maude BRULARD - © 2016 AFP
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