Actualités du monde

Tour d'Espagne: de défaite en victoire, Quintana a beaucoup appris

  • Publié le 12 septembre 2016 à 17:13

Battu sur le Tour de France, Nairo Quintana est revenu en vainqueur dimanche sur le Tour d'Espagne, après avoir appris de son échec et montré des qualités de guerrier, de meneur et de stratège précieuses pour viser le maillot jaune en 2017.


. Le guerrier a pansé ses plaies
Troisième à Paris en juillet, le petit grimpeur colombien de Movistar avait beaucoup déçu ses supporteurs. Jamais dans le coup, victime d'une allergie, "Nairoman" avait limité les dégâts en montant sur le podium, mais sans jamais livrer le match annoncé avec le Britannique Chris Froome, couronné pour la troisième fois dans la Grande Boucle.
"Ce Tour de France, je ne le prends pas comme une déception, je savais que je n'étais pas en condition", a assuré le Colombien la semaine dernière. Mais c'était tout de même un coup d'arrêt alors que sa progression avait jusque-là été rectiligne depuis son arrivée chez Movistar en 2012.
Heureusement, Quintana a montré une belle force mentale en remportant quelques semaines plus tard sa première Vuelta, juste devant Froome, deuxième.
L'autre point positif, c'est l'expérience engrangée en juillet, qui peut l'aider dans son objectif de devenir un jour le premier Colombien à remporter la Grande Boucle.
"Nairo continue sa progression. Je suis sûr qu'il a appris beaucoup plus de choses de ce qui s'est passé sur le Tour cette année que s'il l'avait gagné. Cette expérience a été très intéressante pour son avenir", a confirmé le patron de l'équipe Movistar Eusebio Unzué.
. Le général a mené ses troupes
Son rôle de chef de meute, Nairo le taiseux a mis un peu de temps à l'apprivoiser. Mais le fait de porter le maillot rouge en Espagne l'a révélé en meneur d'hommes, n'hésitant pas à donner de la voix pour galvaniser son équipe.
Lors de son mémorable coup de force sur la route d'Aramon Formigal (15e étape), il fallait le voir aboyer sur ses équipiers: "A fond, à fond, à fond, on laisse Froome derrière!"
Au sein de Movistar, Quintana semble s'épanouir. L'équipe espagnole a d'ailleurs annoncé lundi la prolongation de contrat du coureur jusqu'en 2019.
Et c'est par loyauté envers ses équipiers qu'il n'a jamais lâché prise sur les routes françaises en juillet.
"J'ai appris que quand ton corps se dérobe, il faut garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules et continuer à aller de l'avant, à être fort, a souligné l'intéressé. Sur le Tour, j'ai dû continuer à avancer. J'étais le leader de l'équipe et je ne pouvais pas les abandonner. J'ai beaucoup appris pour ma progression sportive."
. Le stratège a avancé ses pions
Souvent taxé de frilosité ou d'attentisme, Quintana a laissé parler sa vraie nature lors de cette Vuelta: celle d'un irrésistible grimpeur, sans doute le meilleur du peloton.
Cette fois, le petit Colombien est passé à l'offensive en montagne, remportant notamment la mythique étape des Lacs de Covadonga (10e étape). Et il a enfin dynamité l'équipe Sky de Chris Froome, faisant peut-être sauter un verrou psychologique face à un rival qu'il n'avait jamais battu jusque-là sur trois semaines de course.
Surtout, Quintana a réussi un sans-faute tactique en prenant du temps à Froome en montagne pour mieux lui résister lors du contre-la-montre placé à deux jours de l'arrivée.
En matière de science de la course, le Colombien a été à bonne école: lors de son fameux coup tactique de la 15e étape, il a pris la roue de l'Espagnol Alberto Contador, un "grand stratège" à ses yeux, dont il a dit vouloir s'inspirer.
"Je continue ma progression, pas à pas. Je continue d'installer mon autorité au sein de l'équipe et du peloton, où je confirme de plus en plus qui je suis", a résumé Nairo Quintana, qui aborderait le Tour de France 2017 en solide prétendant à la victoire finale.

Par Tom HANCOCK - © 2016 AFP
guest
0 Commentaires