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Rixe de Sisco: les 5 prévenus condamnés à des peines de 6 mois avec sursis à 2 ans ferme

  • Publié le 16 septembre 2016 à 08:30

Des peines allant de six mois de prison avec sursis à deux ans ferme ont été prononcées vendredi par le tribunal correctionnel de Bastia à l'encontre des cinq hommes prévenus dans l'affaire de la violente rixe de Sisco (Haute-Corse).


Au terme de presque douze heures d'audience, qui se sont déroulées dans le calme, le principal prévenu, Mustapha Benhaddou, 33 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme avec maintien en détention pour violence en réunion avec armes lors de cette bagarre, le 13 août, entre une famille d'origine marocaine et des habitants de ce village côtier du Cap corse.
Deux villageois, le boulanger Lucien Straboni, 50 ans, et un employé municipal de 22 ans, Pierre Baldi, ont été condamnés respectivement à un an et à huit mois avec sursis.
Absents à l'audience, car affirmant, selon leurs avocats, craindre pour leur sécurité, deux autres frères Benhaddou, Abdelillah, 38 ans, et Jamal, 29 ans, ont écopé chacun de 6 mois avec sursis.
Un quatrième frère Benhaddou, Moucine, présent lors de la rixe, est en fuite depuis et n'a donc pas pu être jugé.
Le procureur Nicolas Bessone avait requis 30 mois de prison dont 24 ferme contre Mustapha Benhaddou, déjà plusieurs fois condamné pour outrages, violences, actes de destruction et délits liés aux stupéfiants.
Durant cette audience qui s'est déroulée dans le calme en dépit de crainte d'incidents, il a dénoncé la participation des cinq hommes à "une crise paroxystique où tous les bas instincts sont ressortis".
Les cinq condamnés ont exprimé leurs regrets à l'issue des débats, auxquels ont assisté de nombreux habitants de Sisco.
"La société française et la société corse, qui en fait partie, sont traversées par des fractures, mais ce n'est pas la réalité du dossier, qui est à la fois quelque chose de plus classique et de plus minable", avait insisté M. Bessone dans son réquisitoire.
Mustapha Benhaddou, qui a été incarcéré après sa mise en examen, a été décrit comme l'élément déclencheur des incidents de Sisco.
Les deux villageois, Lucien Straboni et Pierre Baldi, étaient poursuivis pour avoir porté des coups à Jamal Benhaddou alors que celui-ci était au sol puis sur une civière portée par des pompiers.
Quatre personnes avaient été légèrement blessées lors de la rixe, qui avait nécessité l?intervention d'une centaine de gendarmes et policiers.
A l'origine des violences, des photos prises depuis le bord de la route. Installé avec sa famille depuis le matin dans une petite crique de Sisco, Mustapha Benhaddou, dont le procureur a dénoncé la volonté de "privatiser" la plage en multipliant les incidents, n'apprécie pas et le fait savoir, d'abord à un couple de touristes, puis à un groupe de jeunes.
Des invectives sont échangées avec les jeunes. Mustapha Benhaddou reconnaît avoir "secoué et giflé" Jerry Neumann, un jeune du village âgé de 18 ans, partie civile au procès. A partir de là, la rixe prend de l'ampleur, quand des villageois descendent porter secours aux jeunes "secoués", déclenchant ce que M. Bessone a qualifié de "lynchage collectif". "On a frôlé la catastrophe", a résumé le procureur.
"Vous avez conscience que tout cela aurait pu s'achever sur un drame?", avait demandé la présidente Anne David à MM. Straboni et Baldi, qui ont acquiescé, tout en cherchant à minimiser leur rôle.
- Demande de dépaysement -
Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées devant le palais de justice durant l'audience pour soutenir les deux Siscais, à l'appel notamment du parti indépendantiste Corsica Libera, dont le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni est un des dirigeants.
Invoquant la "sûreté des prévenus" et critiquant "l'immixtion du politique" dans l'affaire, les avocats de l'un des frères Benhaddou avaient demandé le dépaysement du procès, une demande rejetée jeudi matin.
Quelques mois après l'agression de pompiers dans un quartier populaire d'Ajaccio le soir de Noël, qui avait été suivie d'une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d'une salle de prière musulmane, la rixe de Sisco avait ravivé les tensions sur l'île.
Le 16 août, le maire PS de Sisco Ange-Pierre Vivoni, présent à l'audience, avait interdit le burkini dans sa commune. Sa décision a été validée par le tribunal administratif de Bastia, qui a pris le contre-pied du Conseil d'Etat et mis en avant la rixe pour justifier sa décision.

- © 2016 AFP
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