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A Santa Clara, un compagnon d'armes de Fidel et du "Che" sous le choc

  • Publié le 1 décembre 2016 à 18:35

Luis Monteagudo, un vétéran de 78 ans dont les traits creusés témoignent d'une vie bien remplie, dit avoir reçu deux chocs dans sa vie: l'assassinat d'Ernesto "Che" Guevara en Bolivie en 1967 et le décès de Fidel Castro vendredi.


Celui que ses amis surnomment "Monte", a les yeux humides quand il songe à la nouvelle apprise il y a quelques jours. "Le coup m'a tellement assommé que je n'arrive plus à penser", confie-t-il dans sa modeste maison de Santa Clara (centre), qui abrite le mausolée du "Che".
Mercredi soir, il a vu passer avec émotion les cendres de Fidel, qui devaient passer la nuit dans cette ville située à 280 km de La Havane avant de reprendre leur périple vers Santiago de Cuba.
"Fidel nous manque, comme nous manque le +Che+", admet l'afro-caribéen, qui a accompagné l'Argentin lors de sa guérilla avortée en 1965 dans l'actuelle République démocratique du Congo (RDC). Avant de partir, il rencontra aussi Fidel à plusieurs reprises.
Homme des missions spéciales secrètes, il fit partie du contingent d'une centaine de Cubains mobilisés pendant huit mois dans l'ex-Congo belge. L'opération, vouée à exporter la révolution en Afrique, se soldera par un cinglant fiasco.
"Monte" s'en tirera avec une ouïe sérieusement détériorée par le bruit assourdissant des canons de 65 mm.
- La foi de Fidel -
Assis dans son salon sommairement meublé et décoré, Luis Monteagudo raconte avoir rencontré Fidel avant le Congo, lorsqu'il s'entraînait dans des camps secrets de Pinar del Rio, à l'ouest de l'île caribéenne.
"Il nous rendait visite chaque semaine et participait aux exercices", se souvient-il en réajustant sa prothèse auditive. "Fidel impressionnait par sa foi communicative", il était "capable de la transmettre à tous ses subordonnés".
"Monte" se rappelle avoir été particulièrement impressionné par les qualités de tireur de Fidel. Il assurait alors à ces clandestins qu'ils auraient bientôt un chef "meilleur que lui".
Il se rendirent compte en arrivant au Congo qu'il s'agissait du "Che", entré en Afrique savamment grimé par les services spéciaux cubains.
Combattant d'une milice urbaine en 1958 contre la dictature de Fulgencio Batista en 1958, "Monte" avait rejoint des troupes du "Che" au moment de la conquête de son village natal de Cabaiguan, dans le centre de l'île.
Luis Monteagudo se souvient que "le +Che+ était expert en tout, très exigeant, ennemi du mensonge et de la flatterie".
Sa vie restera ensuite étroitement liée à la révolution. A son retour du Congo, il fut désigné instructeur de tir dans les "camps spéciaux" de Cuba. Ses élèves étaient des futurs guérilléros latino-américains et africains. Il finit sa carrière au ministère de l'Intérieur, puis se consacra à de petits métiers avant de prendre sa retraite.
L'annonce de la mort du "Che" en 1967 survint alors qu'il se trouvait en mission en République du Congo, où il entraînait des guérilléros du mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) qui luttaient pour l'indépendance de leur pays.
Comme il l'a fait pour le "Che", Luis aimerait bien composer pour Fidel un des poèmes chantés qu'il affectionne tant, mais il est encore trop tôt. "La consternation me bloque", confesse-t-il.

Par Carlos BATISTA - © 2016 AFP
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