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Pouquoi le conserver? Le sang de cordon en cinq questions

  • Publié le 12 décembre 2016 à 23:08

Des cellules de cordon ombilical permettent déjà de sauver la vie de patients atteints de maladies du sang, mais l'intérêt d'une conservation à des fins personnelles, comme l'ont obtenue de futurs parents à Grasse (Alpes-Maritimes), est à ce stade encore loin d'être démontré.


- Qu'est-ce que le sang de cordon ? -
Le sang de cordon est le sang présent dans le placenta et le cordon ombilical. Il est très intéressant du point de vue médical parce qu'il contient des cellules souches hématopoïétiques qui produisent les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs ou plaquettes). Des cellules que l'ont retrouve dans la moelle osseuse.
Depuis la première greffe de cordon au monde, réalisée en France en 1988, la technique permet de traiter des maladies graves du sang (leucémies, lymphomes) ainsi que des maladies sanguines héréditaires de l'hémoglobine (drépanocytose, thalassémie) et d'autres affections, plus rares. Elle constitue une alternative à la greffe de moelle osseuse lorsque le malade ne trouve aucun donneur compatible ou qu'une première greffe à échoué.
- Pourquoi utilise-t-on le sang de cordon ? -
Les cellules immunitaires plus immatures contenues dans le sang de cordon sont plus facilement acceptées par le corps du malade que les cellules de la moelle osseuse. L'utilisation du sang de cordon a d'abord été restreinte aux enfants, mais on greffe aujourd'hui de plus en plus d'adultes, notamment en cas de leucémies aiguës.
En 2015, 126 greffes de sang de cordon ont été effectuées, selon l'Agence de la biomédecine qui supervise le don et la greffe de sang de cordon. Le chanteur Mathias Malzieu, leader du groupe Dionysos a lui-même bénéficié d'une telle greffe, à la suite de la découverte en 2013 d'une aplasie médullaire idiopathique, une maladie rare de la moelle osseuse.
- Comment obtient-on du sang de cordon ? -
Les femmes sont invitées à donner ce produit sanguin à l?occasion de la naissance de leur enfant, mais ce don est "anonyme et gratuit" et ne peut être utilisé qu'à "des fins scientifiques ou thérapeutiques", précise l'Agence de biomédecine.
La loi Leonetti relative à la bioéthique prévoit que, "par dérogation, le don peut être dédié à l'enfant né ou aux frères ou s?urs de cet enfant en cas de nécessité thérapeutique avérée et dûment justifiée lors du prélèvement". On a parlé à cette occasion de "bébé médicament".
- Qui peut conserver le sang de cordon en France ? -
Cette conservation n?est autorisée en France que pour soigner d'autres patients, de façon anonyme et gratuite, dans des banques autorisées à conserver ces préparations de thérapie cellulaire (constituant le Réseau français de sang placentaire ou RFSP). Le RFSP compte aujourd'hui 28 maternités et 11 banques.
Tous les prélèvements ne sont pas éligibles pour la greffe. Seules les poches de sang assez riches en cellules souches et exemptes de marqueurs infectieux, peuvent intégrer une de ces banques et y être conservées indéfiniment. Les autres peuvent être utilisées pour la recherche.
- Y a-t-il un intérêt à conserver le sang de cordon de son enfant pour le soigner plus tard ? -
Certaines sociétés privées étrangères ont commencé à proposer à des parents de conserver le sang placentaire de leur enfant, moyennant finances, dans la perspective d?une éventuelle utilisation future. Mais le bénéfice pour l?enfant d?un recours à une greffe autologue (utilisant ses propres cellules souches) n?est absolument pas avéré scientifiquement, selon divers spécialistes.
"C'est actuellement sans fondement scientifique et donc inutile" souligne l'Agence de la biomédecine sur son site.
"Ca n'a pas de sens médicalement parlant", relève de son côté le Pr Luc Douay, professeur d'hématologie à l'Université Pierre et Marie Curie à Paris. Il ajoute qu'utiliser le sang de cordon d'un enfant malade du sang, généralement depuis sa naissance, revient "à lui introduire la même maladie". C'est également le cas lorsqu'un enfant est atteint d'une maladie génétique. "Ici aussi il faut utiliser des cellules issues d'un donneur qui ne porte par l'anomalie", note-t-il.

Par Safa MAJEED - © 2016 AFP
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