Brexit

La future relation entre Londres et l'UE se dessine

  • Publié le 17 janvier 2017 à 22:25

Le Premier ministre britannique Theresa May a esquissé mardi les contours de la future relation qu'elle espère négocier avec l'Union européenne: une sortie nette du marché unique mais un accord de libre échange très poussé.

- Qu'est-ce que le marché unique européen?

Le marché unique européen regroupe les 28 Etats membre de l'UE ainsi que la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein.
Sur ce marché, la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux est garantie: ce sont les "quatre libertés fondamentales" de l'Union européenne.
Chaque citoyen peut ainsi travailler librement dans n'importe quel Etat membre et les entreprises de toute l'UE bénéficient d'un accès direct aux 500 millions de consommateurs européens, avec des obstacles techniques ou juridiques de moins en moins contraignants.
L'intégration y est bien plus poussée que dans une zone de libre-échange -où ont seulement été abolies les barrières douanières- car ses membres cherchent aussi à harmoniser leurs politiques.
Le marché unique européen reste cependant toujours en construction et l'UE reconnaît avoir encore du travail en matière de fiscalité, de commerce électronique ou dans le secteur des services.

- Pourquoi quitter le marché unique?

Pour continuer à accéder à ce marché, le Royaume-Uni devrait accepter de manière inconditionnelle les quatre liberté fondamentales.
Mais il s'oppose à la libre circulation des ressortissants de l'UE, en particulier d'Europe centrale et orientale.
En outre, il devrait contribuer au budget européen, tout en ayant perdu son pouvoir de décision, ce que Londres refuse.

- Qu'est-ce que l'Union douanière de l'UE?

Les membres de l'Union douanière -pays de l'UE auxquels s'ajoutent la Turquie, Andorre, Monaco et Saint-Marin- ne se contentent pas d'avoir aboli entre eux les droits de douane et les restrictions au commerce: ils adoptent également une politique commerciale commune vis-à-vis des pays tiers et des droits de douane communs.
Une union douanière "apporte une liberté qu'on n'a pas forcément quand on signe un accord de libre-échange, où il faut tout négocier au cas par cas" et où il reste parfois des quotas, souligner l'analyste Vivien Pertusot, de l'Institut français des relations internationales (IFRI) à Bruxelles.
Il est, par ailleurs, possible de n'appartenir à l'Union douanière que pour certains secteurs, à l'image de la Turquie, pour laquelle l'agriculture, les services et les marchés publics sont exclus.

- Que pense Londres de l'Union douanière ?

Theresa May rejette tout "tarif extérieur commun" car elle veut que le Royaume-Uni puisse conclure elle-même ses "propres accords commerciaux".
Mais elle dit aussi vouloir "un accord douanier avec l'UE".
"Que ce soit un accord douanier complètement nouveau, que nous devenions membre associé de l'Union douanière d'une certaine manière, ou que nous restions signataires de certains de ses aspects, je n'ai pas d'a priori", ajoute-t-elle.
En attendant, le Royaume-Uni n'a pas le droit, sur le papier, de négocier des accords commerciaux avec des pays tiers tant qu'il est membre de l'UE, le commerce étant de la compétence de la Commission européenne.

- Une relation inédite?

Theresa May assure vouloir conclure "un accord de libre-échange large et ambitieux" avec l'UE.
Il s'agirait, selon Vivien Pertusot, d'un accord "tellement poussé que ça ressemblerait presque à un accord douanier", avec suppression quasi totale des restrictions commerciales, ce qui permettrait notamment au Royaume-Uni de préserver la City et ses services financiers.
Mais "il faudra être très malin" pour cela, estime-t-il.
"Il n'y a pas d'accord de libre-échange avec l'UE dont la portée serait aussi vaste que ce que semble souhaiter le Royaume-Uni", y compris ceux --éjà très poussés- conclus avec le Canada ou Singapour, observe Thierry Chopin, chercheur associé à Sciences Po (Ceri) et à la London School of Economics (LSE).
De telles négociations prendront des années. "Un accord sur un départ ordonné est un pré-requis pour un futur partenariat", a averti mardi le négociateur de la Commission européenne, le Français Michel Barnier.

AFP

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