Politique

Primaire: Valls lâche ses coups contre Hamon, fracture ouverte au PS

  • Publié le 24 janvier 2017 à 15:54

La tension est montée d'un cran mardi entre les finalistes de la primaire élargie du PS, Manuel Valls lâchant ses coups contre Benoît Hamon notamment sur la question de la laïcité, à la veille du débat télévisé de l'entre-deux-tours.

Alors que l'incertitude autour du chiffre exact de participation au premier tour -toujours pas publié mardi midi- continue d'alimenter les soupçons, les deux candidats en lice pour dimanche ont singulièrement haussé le ton, aggravant la fracture ouverte au PS entre l'aile gauche, incarnée par M. Hamon, et l'aile droite de M. Valls.

Crédité de 31,22% dimanche et en ballottage défavorable face à M. Hamon (35,86%), Manuel Valls s'est montré extrêmement offensif avant leur duel télévisé. Lundi soir sur TF1, l'ancien Premier ministre a d'abord décoché de nouvelles flèches contre le revenu universel proposé par son adversaire, qui signifierait "la ruine de notre budget".

M. Valls compte emmener son ancien ministre de l'Education sur le terrain de la laïcité, une thématique sur laquelle il juge M. Hamon "ambigu". "Je défendrai aussi une vision de la laïcité que je veux incarner, la lutte contre le communautarisme", a ainsi assuré lundi Manuel Valls, insistant encore mardi matin sur les "ambiguïtés", les "risques d'accommodements" du député des Yvelines en la matière.

"Il me semble important qu'on soit au clair. Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec les communautarismes et avec ces pratiques qui concernent nos femmes", a affirmé M. Valls sur franceinfo, avant de partir pour un déplacement à la Maison des femmes de Saint-Denis.

L'ancien Premier ministre semble faire allusion à la polémique qu'avait déclenchée Benoît Hamon mi-décembre. Invité à commenter un reportage montrant l'absence de mixité dans certains cafés de banlieues, notamment à Sevran (Seine-Saint-Denis), l'élu de Trappes avait souligné qu'"historiquement, dans les cafés ouvriers, il n'y avait pas de femmes", paraissant ainsi relativiser le problème.

Les critiques de M. Valls ont déclenché l'ire de M. Hamon.

- Accusation "scandaleuse" -

"On me fait le procès de quoi ? D'être élu de banlieue, d'être confronté à la réalité de ce communautarisme que je combats, autrement que par des mots", a-t-il dénoncé. "Ce n'est pas moi qui ai une version dévoyée de la laïcité", a-t-il lancé à son adversaire. "C'est le Conseil d'Etat qui lui a rappelé ce qu'était la loi sur le burkini quand il s'est porté au secours des maires interdisant le burkini".

Plus tard sur Europe 1, Benoît Hamon a qualifié les accusations de laxisme à son encontre de "très graves". Qui "non seulement me heurtent, mais me révoltent". M. Hamon a été appuyé dans la matinée par le député Yann Galut, porte-parole d'Arnaud Montebourg au premier tour, qui a jugé dans un tweet que "la déclaration de à l'encontre de est scandaleuse...une fois de plus, perd son sang-froid".

"Cette accusation de est une honte - la compétition de la primaire de gauche n'autorise pas de dire tout et n'importe quoi", a abondé la députée Karine Berger, soutien de Vincent Peillon au premier tour.

Cette passe d'armes pose avec de plus en plus d'insistance la question du rassemblement du camp socialiste à l'issue du scrutin. "Moi, j'attends dimanche", a répondu sur franceinfo Manuel Valls comme on lui demandait s'il soutiendrait ou non Benoît Hamon si celui-ci remportait la primaire.

"Je ne répondrai pas à cette question parce que j'en vois tous les pièges. J'attends dimanche et je fais campagne pour gagner", a encore dit l'ancien Premier ministre, là encore suscitant l'agacement dans l'équipe de M. Hamon. "Je n'imagine pas que l'ancien Premier ministe de la France qu'est Manuel Valls ne respecte pas sa parole, c'est inconcevable", a tempêté Mathieu Hanotin, directeur de campagne du député des Yvelines.

Ces dissensions affichées donnent en tout cas du grain à moudre à la droite. "Cette primaire socialiste tourne à la farce, mais la farce triste", s'est ainsi délecté sur RTL Bruno Le Maire, conseiller pour l'international de François Fillon.

Par Frédérique PRIS - © 2017 AFP

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