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Combats en Ukraine: inquiétude pour la population d'Avdiïvka

  • Publié le 1 février 2017 à 15:15

La ville d'Avdiïvka, située sur la ligne de front dans l'est de l'Ukraine, restait mercredi l'épicentre d'une nouvelle flambée de violences entre séparatistes prorusses et soldats ukrainiens et au coeur des inquiétudes pour ses 20.

000 habitants, pris entre les tirs.
De nouveaux combats ont entraîné la mort de deux civils près de Donetsk, bastion des rebelles, et Makeïevka, petite ville voisine, selon les séparatistes. Les combats des derniers jours sont les plus sanglants depuis l'instauration d'une trêve fin décembre.
L'armée ukrainienne a également annoncé le décès d'un de ses soldats.
Au total, 16 personnes ont péri depuis le regain de tensions dimanche sur cette portion de la ligne de front dans l'est du pays.
Alors qu'elle restait privée d'électricité et connaissait d'importantes coupures en eau courante, la population de cette ville industrielle située une dizaine de kilomètres au nord de Donetsk doit aussi faire face à un chauffage sporadique, par des températures atteignant les -12 degrés Celsius.
"C'était une nuit très difficile, les enfants ont été réveillés par les tirs", a confié à l'AFP Larissa Mikhaïlivna, retraitée de 62 ans habitant la ville.
"Un obus est passé devant la fenêtre de notre maison, mais, Dieu merci, il n'a pas éclaté", raconté cette femme qui a décidé de quitter la ville avec ses deux petites-filles.
Plus de 70 habitants ont comme elle quitté la zone, bien que l'armée ukrainienne n'ait pas annoncé une évacuation de la population.
"A 10H00 (08H00 GMT), 77 personnes ont été évacuées. Au total, 180 personnes sont inscrites sur les listes, elles seront évacuées ce soir ou demain", a déclaré Pavlo Jebrivski, à la tête de l'administration pro-Kiev de cette ville.
"Il y a des personnes âgées qui ne peuvent même pas quitter leurs appartements et qui y sont restées deux jours durant, sans chauffage", a regretté un soldat âgé de 23 ans, répondant au nom de guerre Nikopol, qui aidait les habitants à évacuer la ville.
L'armée, qui contrôle la ville d'Avdiïvka, a dressé sur le gazon du stade municipal six grandes tentes où des générateurs permettaient de fournir aux habitants chauffage et thé chaud, mais aussi de quoi recharger leurs téléphones.
Certains habitants s'aventuraient dans les rues, profitant d'une accalmie relative des combats mercredi matin, selon une journaliste de l'AFP sur place.
Les autorités ont affirmé avoir réussi à rétablir en partie le chauffage et l'arrivée de gaz dans les appartements d'Avdiïvka.
- Attaques au petit matin -
Outre les 16 personnes tuées depuis dimanche, les combats ont également fait au cours de ces dernières 24 heures une trentaine de blessés: 18 soldats selon l'armée, cinq civils selon les rebelles, auxquels s'ajoutent cinq autres selon la police pro-Kiev d'Avdiïvka.
L'armée a accusé sur Facebook les rebelles d'avoir mené plusieurs attaques contre ses positions près d'Avdiïvka cette nuit et au petit matin, avec, entre autres, grenades, mitrailleuses, lance-roquettes.
Ce regain de violence a provoqué l'inquiétude de l'Union européenne, des États-Unis et l'ONU. La diplomatie de l'UE a ainsi dénoncé mardi soir une "rupture flagrante du cessez-le-feu" en vigueur depuis fin décembre.
Exprimant ses "graves inquiétudes" devant cette évolution de la situation, le Conseil de sécurité de l'ONU a lui appelé au rétablissement immédiat de la trêve. Lors d'une réunion à huis clos, il a voté un texte, rédigé par Kiev, appelant à "un retour immédiat au régime de cessez-le-feu".
Le président ukrainien Petro Porochenko, dont le pays prend la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de février, a indiqué sur Twitter qu'il "continuera à profiter de toutes les opportunités pour défendre l'Ukraine contre l'agression russe".
De son côté, le Kremlin s'est dit "extrêmement préoccupé" par la situation, par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov.
L'Ukraine est en proie depuis bientôt trois ans à un conflit ayant fait près de 10.000 morts. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de soutenir militairement et financièrement les rebelles prorusses, ce que la Russie dément.

Par Natsuko FUKUE - © 2017 AFP
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