Présidentielle

La campagne vue de l'étranger : Le Pen attire les projecteurs

  • Publié le 19 mars 2017 à 12:42

Marine Le Pen qui attire les projecteurs, François Fillon improbable survivant et Emmanuel Macron en "Kinder surprise", la présidentielle française passionne des deux côtés de l'Atlantique et jusqu'à l'Oural, avec en point de mire l'avancée du populisme.


- Qui contre Le Pen?

Le pays du Brexit suit de près la campagne. Médias, dirigeants, Londoniens encore tétanisés par le vote qui va les sortir de l'Union européenne, tous s'interrogent sur les chances de la candidate d'extrême droite.
"La question principale, c'est est-ce que Marine Le Pen va gagner?", dit à l'AFP Ian Bond, chercheur au Centre pour la réforme européenne (CER) à Londres. "Le populisme va-t-il encore progresser ou a-t-il atteint son sommet et des responsables politiques plus raisonnables vont-ils reprendre le dessus en Europe?"
Le parti europhobe Ukip espère lui une victoire de Mme Le Pen qui pourrait "renverser" le projet européen, se réjouit son ex-leader Nigel Farage.
En Allemagne, où l'inquiétude domine, sa victoire est vue comme un "danger réaliste" par le chef de la diplomatie Sigmar Gabriel. "La seule question qui compte, c'est qui peut battre Marine Le Pen", résume l'hebdomadaire Der Spiegel.
"J'imagine que ça serait explosif pour l'Europe car Marine Le Pen est fortement contre. C'est une tendance nationaliste très forte qui est aussi à surveiller en Allemagne", s'inquiète Stefan, un universitaire berlinois de 52 ans.
Aux Etats-Unis, le nom de Mme Le Pen est le seul qui a visiblement réussi à émerger, dans un pays qui guette la poursuite ou l'arrêt de la vague du "trumpisme".
Le journal Richmond Times-Dispatch note des différences entre les deux personnages, soulignant la "constance et la cohérence" de la présidente du parti Front national par rapport à M. Trump. Contrairement au président américain, "c'est une professionnelle de la politique", note Anderson Cooper, journaliste de CNN et CBS.
En Russie, Mme Le Pen occupe une place de choix dans les médias, où son programme est présenté de façon plutôt favorable.
Dimanche, l'émission télévisée très suivie "Vesti Nedeli" a mis en valeur ses propositions anti-immigration, avant d'exposer dans le détail la controverse sur le patrimoine d'Emmanuel Macron, une "créature de Hollande".


- Fillon, whisky et revolver -
Autre candidat scruté à la loupe: François Fillon (droite), mis en examen pour détournement de fonds publics, qui ne trouve de la compassion qu'en Russie. Vesti Nedeli le dit "victime d'un acharnement". Il était jusqu'ici considéré comme un "Sarkozy à l'envers" mais "ses amitiés russes" pourraient jouer en sa défaveur, estime l'agence de presse publique RIA Novosti.
Ailleurs, son maintien dans la course provoque incrédulité et railleries. "C'est inimaginable au Royaume-Uni", relève Ian Bond. "Dans pareil cas, les caciques de n'importe quel parti le laisseraient dans une pièce avec une bouteille de whisky et un revolver". Mais "apparemment, il a bu le whisky et rendu le revolver", ironise-t-il.
En Allemagne aussi, pays intransigeant sur l'éthique des politiques, son maintien choque. Pour Der Spiegel, le "feuilleton" Fillon "n'affecte pas seulement l'élite politique": "l'image de la République et de ses institutions est déjà durablement écornée".


- Macron, le 'Kinder surprise' -
Enfin Emmanuel Macron (centriste) intrigue et séduit parfois.
La presse allemande s'enthousiasme pour "le beau gosse qui lisait Goethe", récent titre du Frankfurter Allgemeine Zeitung (droite libérale). Plus critique, le Tageszeitung (gauche) le voit comme "le dernier rempart contre le Front national" mais aussi le "candidat des élites".
A Londres, où il a été reçu par Theresa May et a tenu un meeting attirant des milliers de personnes, ses vues libérales séduisent et The Independent parie que "ce sera Emmanuel Macron, pas Marine Le Pen, la réponse française à Donald Trump".
Sans surprise, il est peu apprécié en Russie. Le média Sputnik, financé par le Kremlin et visant un lectorat francophone, dénonce un "trio satanique OTAN-BCE-Bruxelles (qui) veut imposer son Macron comme hier son Juppé" (ex-Premier ministre français ayant échoué à la primaire de la droite fin 2016) et s'agace du traitement "favorable" que réserverait la presse française à Emmanuel Macron.
Fiodor Loukianov, membre du Conseil russe pour la politique de sécurité et de défense, le qualifie lui, sur le site d'informations Nasha Versia, de "Kinder surprise".

Par James PHEBY - © 2017 AFP

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