Il a gagné les législatives

Bulgarie: Boïko Borissov, le revenant qui promet la stabilité

  • Publié le 27 mars 2017 à 02:01

Boïko Borissov, vainqueur des législatives bulgares dimanche quatre mois après avoir démissionné, n'en est pas à sa première résurrection politique forgée sur son image "d'homme du peuple" et sa capacité à incarner la stabilité, au prix de l'immobilisme selon ses détracteurs.

S'il parvient à composer une coalition, cet ancien pompier de 57 ans cultivant des airs de macho deviendra un cas unique dans l'histoire turbulente de la Bulgarie post-communiste : le seul chef de gouvernement à avoir conquis trois mandats.

Etre toujours au centre du jeu est déjà inespéré pour celui dont le passage de trois ans et demi au gouvernement du pays le plus pauvre de l'UE, de 2009 à février 2013, s'était achevé par des manifestations de masse contre la pauvreté et la corruption.
Après une période d'opposition, il avait reconquis le pouvoir en octobre 2014 puis tenté un nouveau coup de poker, fin 2016, en liant son sort à une victoire de sa candidate à la présidentielle.

Surestimant sa popularité, cette ceinture noire de karaté n'avait pas vu venir le triomphe de Roumen Radev, soutenu par les socialistes, un ancien chef de l'armée de l'air au grade de général, comme Boïko Borissov. "Je suis sportif, je sais gagner et perdre", avait concédé ce fan de ballon rond, avant-centre du club de son quartier.

Les analystes avaient relevé lors de son second mandat sa capacité d'adaptation qui tranchait avec l'intransigeance de son premier passage au pouvoir. Il avait dû faire preuve de dialogue et de pragmatisme pour gouverner une fragile coalition, dont la précarité l'a finalement conduit à jeter l'éponge. Pour maintenir sa popularité, Boïko Borissov a continué de miser sur son style très direct, devant donner l'image d'un responsable énergique. Un personnage servi par sa large stature, front dégarni et tête rasée.

- Conciliateur -

"Il aime, il est aimé, il s'aime: Boïko Borissov traduit le triomphe du parler de la rue", estimait alors le psychologue Nikolay Mihailov, se référant au langage populaire, voire cru, du Premier ministre, à son aise dans les bains de foule.
Mais l'échec de son parti à la présidentielle avait aussi traduit la lassitude des Bulgares face à ce style de gouvernance et à l'immobilisme qui, selon ses détracteurs, s'est installé au fil de son mandat: aucune des grandes réformes de la justice, de la santé, de l'éducation n'a abouti dans les termes promis.

Pour ces nouvelles législatives anticipées, les troisièmes en quatre ans, "des gens qui ne sont pas ravis de la politique de Gerb (son parti, ndlr) l'ont soutenu pour ne pas voir arriver les socialistes. Borissov a eu l'idée géniale de rassurer, d'adopter le rôle d'unificateur, de conciliateur", selon le politologue Haralan Alexandrov.

Sur le plan international, tenant compte de la dépendance de la Bulgarie vis-à-vis du gaz russe, il prône de bonnes relations avec le Kremlin, tout en appliquant les sanctions européennes et en veillant à ne pas se brouiller avec le voisin turc.

Ancien pompier ayant créé son entreprise de sécurité après la fin du communisme, Boïko Borissov a été chargé de la sécurité de l'ex-dictateur communiste Todor Jivkov après son limogeage en 1989, puis de l'ex-roi Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha revenu d'exil en 1996. L'ex-roi, devenu Premier ministre en 2001, lui avait confié la responsabilité opérationnelle de la police au ministère de l'Intérieur où il a bâti sa popularité.

En décembre 2006, alors maire de Sofia, il a fondé le parti Citoyens pour un développement européen de la Bulgarie (Gerb, centre-droit) qui remporte vite ses premiers succès électoraux.

Selon un câble diplomatique américain de 2006 diffusé en 2011 par le site Wikileaks, "des accusations ont par le passé lié Borissov à des scandales de détournement de pétrole, à des affaires illégales impliquant Lukoil (ndlr: groupe pétrolier russe) et à un trafic majeur d'amphétamines". L'intéressé a balayé ce qu'il a appelé des "spéculations".

Divorcé, Boïko Borissov dit vivre seul dans une maison de la banlieue de Sofia remplie de trophées de chasse, avec des chiens de la race berger bulgare. Il a une fille et un petit-fils, Boïko.

AFP

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