Indonésie

Blasphème : sursis requis contre le gouverneur chrétien de Jakarta

  • Publié le 20 avril 2017 à 10:12

Le parquet de Jakarta a requis jeudi deux années de mise à l'épreuve contre le gouverneur chrétien de la capitale indonésienne jugé pour insulte à islam dans le plus grand pays musulman au monde, au lendemain de sa défaite électorale.


Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, est "coupable d'avoir commis publiquement un acte délictuel", a déclaré le procureur en chef, Ali Mukartono, soulignant que le prévenu avait exprimé "de l'hostilité, de la haine ou de l'humiliation à l'égard d'une partie de la population indonésienne", musulmane à près de 90%.
Le magistrat a requis contre Ahok deux années de mise à l'épreuve, sanction assortie d'une peine de prison d'un an s'il commet un délit pendant cette période. La sanction requise est nettement inférieure à la peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
Ce réquisitoire intervient au lendemain du deuxième tour de l'élection du gouverneur de Jakarta qui a vu le candidat musulman l'emporter nettement sur Ahok, issu d'une double minorité, chrétienne et chinoise. Cette affaire de blasphème a plané sur la campagne électorale et le scrutin, des experts dénonçant une instrumentalisation à des fins politiques.
Connu pour son franc-parler, Ahok avait déclaré en septembre que l'interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d'un verset du Coran, selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman, était erronée, provoquant une vague de contestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est où toute référence à l'islam est très sensible.
Sous la pression et les appels à l'emprisonner, le gouverneur avait été inculpé fin 2016 de blasphème. Les plaidoiries de la défense sont prévues fin avril et le jugement attendu début mai.
Ahok, le premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et le premier issu de la minorité chinoise, avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l'adjoint.
Mercredi, il a reconnu sa défaite à l'élection après avoir recueilli 42% des suffrages contre 58% pour l'ancien ministre de l'Education musulman Anies Baswedan, selon des estimations provisoires.
L'influent poste de gouverneur de la capitale de 10 millions d'habitants est considéré comme un tremplin pour l'élection présidentielle de 2019.

- © 2017 AFP

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