L'enveloppe a été revalorisée

Guyane - Un accord de fin de conflit signé avec un plan d'urgence de 3 milliards d'euros

  • Publié le 22 avril 2017 à 06:30

Un accord a été signé vendredi à Cayenne entre le collectif qui pilote depuis plus d'un mois le mouvement social en Guyane, l'Etat et les élus guyanais. 2,1 milliards d'euros supplémentaires ont été actés par le gouvernement.

Dans cet accord, signé vers 18h00 (01h00 à La Réunion), le gouvernement "acte" notamment les 2,1 milliards supplémentaires que réclamait le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" (pour que la Guyane décolle), estimant que le plan d'urgence d'un peu plus d'un milliard d'euros validé par le gouvernement n'était pas suffisant.

Le mouvement social qui paralysait la Guyane depuis plus d'un mois devrait donc s'achever, mettant fin aux barrages routiers, à l'exception pour l'instant de celui bloquant la fusée Ariane à Kourou.

Le collectif, représentant diverses composantes de la société guyanaise (socio-professionnels, associations, peuples autochtones, syndicats, etc.) réclamait notamment des mesures pour renforcer les moyens de lutte contre l'insécurité, désenclaver les communes dont certaines n'ont toujours ni eau ni électricité, mieux reconnaître les peuples autochtones, améliorer les services de santé défaillants et le système scolaire inadapté à une démographie galopante.

Mais alors que les barrages avaient commencé à être démontés vendredi matin à Cayenne et dans sa périphérie, à la veille de l'élection présidentielle prévue samedi en Guyane, à Kourou le giratoire à l’entrée du centre spatial guyanais restait bloqué par des militants réclamant "un courrier de la ministre de la Santé" pour acter par écrit "le passage en secteur public du Centre médico-chirurgical de Kourou". A Cayenne, le porte-parole du collectif, Davy Rimane, s'est félicité de l'accord. "On a réussi à ce que le protocole paraisse au journal officiel. Maintenant on pourra travailler avec ce document et aller en justice si on n'est pas satisfaits", a-t-il expliqué. Dans un communiqué, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a salué cet accord, évoquant "une journée déterminante pour l'avenir de la Guyane". Pour le préfet de Guyane, Martin Jaeger, il s'agit d’un "acte fondamental pour la Guyane. Il trace des ambitions. A nous de le faire vivre avec sérieux, conscience".

Mais certains membres du collectif se sont fait menaçants: "Une fois que le prochain gouvernement sera en place, dès le premier jour, on va entrer en action. L'Etat nous doit sept milliards et pas deux", a asséné Olivier Goudet, membre du mouvement des "500 frères", dont la particularité est de défiler cagoulés.

- Rétrocession totale des terres -

Devant la préfecture de Cayenne, environ 500 personnes étaient rassemblées. Beaucoup arboraient le tee-shirt "nou gon ké sa" (ça suffit) phrase symbole du blocage.

"Je ne regrette rien, même pas le petit gazage devant la préfecture", lors d'une manifestation qui a dégénéré. "Le mouvement a été non violent. Ce n'est pas terminé du tout du tout, mais il faut penser à l'économie et aux gens" témoigne Célia, agent territorial, qui participé aux barrages.

Par rapport aux premiers accords arrêtés à Cayenne par le gouvernement le 1er avril, ce nouvel accord présente peu d’évolution, si ce n'est le feu vert du gouvernement pour construire une "cité judiciaire à Cayenne" et l'acceptation que la question de la "rétrocession totale" des terres soit discutée "lors des prochains états généraux de la Guyane".

Il acte également que l'Etat "fera l'objet d'une saisine, par le congrès des élus de Guyane", sur une "évolution statutaire" du territoire.

Sur le foncier, l'Etat s'engage aussi "à céder gratuitement 250.000 hectares à la Collectivité Territoriale Guyanaise et aux communes de Guyane", et 400.000 hectares aux Amérindiens et Bushinengués.

Le collectif a aussi obtenu la garantie qu’il n'y aurait aucune poursuite envers "les signataires de l'accord".

Après une marche qui avait rassemblé des milliers de Guyanais le 28 mars, la tension s'était accentuée depuis plusieurs jours dans la population, partagée sur l'opportunité de poursuivre les barrages qui ont pénalisé l'économie, cloué la fusée Ariane au sol et entraîné des pénuries de produits.

Très mobilisés depuis le début, le collectif des autochtones de Guyane s’est désolidarisé du mouvement, tout comme les socio-professionnels, qui ont dénoncé vendredi "l’absence de représentativité et de légitimité du signataire" de l'accord signé dans le domaine socio-économique, le syndicat UTG (union des travailleurs guyanais).

AFP

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