Négociations

L'UE à 27 revendique son unité dans sa stratégie pour le Brexit

  • Publié le 29 avril 2017 à 15:33

L'UE à 27, sans le Royaume-Uni, revendique son "unité" au moment d'adopter lors d'un sommet samedi à Bruxelles les grands principes directeurs qui guideront les négociateurs européens dans les pourparlers sur le Brexit.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a affirmé à son arrivée la nécessité de "rester unis", à 27, tout au long du processus de négociations de l'accord de retrait du Royaume-Uni.

"Ce n'est qu'ainsi que nous serons capables de conclure les négociations, ce qui signifie que notre unité est aussi dans l'intérêt" de Londres, a-t-il déclaré.

L'unité des 27, a voulu rassuré le négociateur en chef de l'UE, le Français Michel Barnier, "n'est pas dirigée contre le Royaume-Uni". Un mois exactement après la notification officielle, dix mois après le référendum britannique, les Européens se mettent en ordre de bataille pour les tractations des deux ans à venir en adoptant samedi des "orientations de négociations".

Cette unité, qui n'est pas toujours évidente, a fait sourire M. Tusk qui s'est targué d'un "fort soutien de toutes les institutions de l'UE et des 27 Etats membres restants". "L'Europe saura défendre ses intérêts", a assuré de son côté le président français François Hollande, qui participe à son dernier sommet européen.

- Solder les comptes -

Face à Theresa May, restée au Royaume-Uni et qui s'inquiète de voir le reste de l'UE "s'unir contre" son pays, le front européen a adopté une ligne claire. "Il y aura forcément un prix et un coût pour le Royaume-Uni", a souligné M. Hollande, dans la lignée de l'avertissement lancée il y a deux jours par la chancelière allemande Angela Merkel sur les "illusions" de certains responsables politiques.

"Nous voulons tous une future relation forte avec le Royaume-Uni", a soutenu M. Tusk, tout en affirmant avec vigueur qu'avant de parler de l'avenir, les Européens devaient toutefois solder les comptes du passé avec leur complice de 40 ans.

Les "orientations" doivent entériner l'approche "progressive" privilégiée par le camp européen: avant d'envisager de parler de la nature de la "future relation", il faudra faire des progrès "suffisants" sur les trois points clés fixés par l'UE, à savoir les droits des citoyens, la facture à régler par le Royaume-Uni et la question irlandaise.

Pour le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, visiblement impatient d'entamer la discussion sur la "future relation", cette première phase ne devra "pas durer trop longtemps".
Les 27 jugeront d'eux-mêmes de l'avancée des progrès avant de passer à la phase suivante, peut-être avant la fin de l'année "si les choses se passent bien", selon un haut responsable européen.

- Des droits à "protéger" -

La Commission européenne a déjà établi une liste des droits "à protéger" pour les citoyens et leurs familles qui seront affectés par le Brexit, a expliqué Donald Tusk. Il y a notamment 3 millions de ressortissants de l'UE vivant ou travaillant au Royaume-Uni qui s'inquiètent pour leur droit de résidence, à la retraite ou encore leur sécurité sociale.

Les deux parties devront aussi trouver un terrain d'entente sur le solde des comptes, sujet probablement le plus politiquement sensible. La facture s'annonce salée pour Londres, estimée autour de 60 milliards d'euros côté européen.

Le troisième point concerne l'Irlande. Personne ne souhaite voir rétablie une frontière physique entre la République et la province britannique d'Irlande du Nord, ni remettre en cause les accords de paix chèrement acquis après 30 ans de "troubles".

Les 27 devraient aussi commencer à se pencher sur la question des deux agences européennes actuellement basées à Londres, l'Autorité bancaire européenne (EBA) et l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui seront transférées pour rester sur le territoire de l'UE.

Dès la semaine prochaine, la Commission européenne devrait publier sa proposition de "directives" de négociations, plus détaillées, qui se baseront sur ces orientations. Leur adoption par les 27 est prévue le 22 mai. En ordre de bataille, les Européens espèrent entamer les négociations après les élections générales britanniques du 8 juin, convoquées par Theresa May afin d'obtenir un soutien politique sans faille.
 

AFP

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