Elle se fait aguicheuse : l'un se fait cachottier, l'autre vire de bord

Présidentielle: Le Pen courtise les "insoumis", Mélenchon ne dit rien sur son vote, Dupont-Aignan fait alliance avec le FN

  • Publié le 29 avril 2017 à 02:57

Dans une campagne de second tour encore mouvante, l'électorat de La France insoumise est resté vendredi très disputé, avec un appel direct de Marine Le Pen à la soutenir tandis que Jean-Luc Mélenchon refuse toujours de donner une consigne de vote et que Nicolas Dupont-Aignan annonce son ralliement au Front national alors qu'il rejetait jusque là une alliance à cause de "l'extrémisme" qu'il prêtait au FN.

Dans une vidéo surprise postée sur Twitter en début d'après-midi, la candidate FN a lancé un appel aux 7 millions d'électeurs mélenchonistes à mettre "les querelles et les divergences de côté" et à "faire barrage à Emmanuel Macron" au second tour le 7 mai.

"C'est l'essentiel qui est aujourd'hui en jeu" alors que "toute l'oligarchie" veut "vous mettre au garde-à-vous derrière le banquier Macron", a lancé Mme Le Pen, qui courtise depuis plusieurs jours les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, arrivé quatrième au premier tour.

Sur YouTube, le leader de La France insoumise, qui ne s'était pas exprimé depuis dimanche soir, a répliqué peu après: "Tout le monde sait" qu'il ne votera "pas Front national" mais pas question de dire ce qu'il va faire en se rendant aux urnes le 7 mai: vote Macron, vote blanc ou vote nul.

"Je ne le dis pas pour que vous puissiez rester regroupés", a argué à l'adresse de ses militants celui qui veut "diriger" la campagne des élections législatives de son mouvement.

De son côté, Emmanuel Macron avait choisi de placer sa journée sous le sceau de l'Histoire, avec un déplacement à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) pour rendre hommage aux 642 villageois massacrés le 10 juin 1944 par une unité de la Waffen SS, avant une réunion publique à Châtellerault.

"Décider de ne pas se souvenir, c'est prendre le risque de répéter l'Histoire", a déclaré le candidat d'En Marche!. Il a vu à Oradour "une page des plus noires", mais aussi "une France renaissante".

Dans le même temps, la chancelière allemande Angela Merkel, qui n'avait jamais auparavant soutenu explicitement un candidat à la présidentielle en France, a vanté Emmanuel Macron qui serait un "président fort".
Comme en écho au déplacement de M. Macron, le Front national a tenté d'éteindre dans la matinée une énième polémique en lien avec la Seconde guerre mondiale. Jean-François Jalkh, accusé de propos négationnistes - qu'il a démentis - a été évincé de la présidence par intérim du parti.

- Dupont-Aignan dévoile son choix -

"C'est M. Briois qui prend la suite de l'intérim, et on n'en parle plus", a balayé le vice-président du FN Louis Aliot. Le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois assurera donc la présidence par intérim du FN, fonction qu'avait quittée lundi symboliquement la candidate pour "rassembler" les Français autour de son projet.

Cette clarification à la tête du FN est intervenue alors que ses adversaires multiplient les références historiques et les mises en garde contre "l'idéologie d'extrême droite".

L'ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë en a ainsi appelé à la "responsabilité" de ceux qui ne voteraient pas Emmanuel Macron le 7 mai pour faire barrage au Front national. "Dans les années 30 en Allemagne, l'extrême gauche n'a pas voulu choisir entre les sociaux démocrates et les nazis. Hitler a été élu par le suffrage universel", a rappelé Bertrand Delanoë, souhaitant forcer la main à Jean-Luc Mélenchon.

Dans une pleine page publiée dans le quotidien Libération, l'association "Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France" et Serge, Beate et Arno Klarsfeld font directement référence aux camps de concentration nazis et appellent à voter Macron "contre Le Pen".
Alors que Martine Aubry avait été critiquée pour avoir appelé à "faire barrage au Front national" sans citer de nom, la maire PS de Lille a indiqué vendredi qu'elle voterait "bien sûr" pour Emmanuel Macron.

Filant la métaphore à l'occasion d'un déplacement en Bretagne, François Hollande, qui a déjà appelé à voter Macron, a invité à "chasser les mauvais vents" du "nationalisme" et du "repli", évoquant sans le citer le Front national.

Nicolas Dupont-Aignan, premier des "petits candidats" au premier tour avec 4,7% des voix,  a officialisé sa position de second tour sur le plateau du JT de France 2 après avoir rencontré Marine Le Pen dans l'après-midi.  "J'annonce officiellement que je soutiendrai Marine Le Pen, je ferai campagne même avec elle sur un projet de gouvernement élargi" a affirmé le député-maire de Yerres (Essonne), qui a aussi estimé que Mme Le Pen n'était "pas d'extrême droite", alors qu'il rejetait jusque là une alliance à cause de "l'extrémisme" qu'il prêtait au Front national.


AFP

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