France

Avec de nouvelles commandes, PSA et Renault apportent un répit à GM&S

  • Publié le 22 mai 2017 à 00:03

Les constructeurs automobiles Renault et PSA se sont engagés dimanche à augmenter fortement leurs commandes à l'équipementier en difficulté GM&S Industry, lui permettant de poursuivre pour l'instant son activité.


Ces engagements offrent un premier succès au nouveau ministre de l'Economie, mais pour la CGT il s'agit d'un "sursis" et "les salariés restent mobilisés". Bruno Le Maire avait assuré vendredi aux syndicats de l'entreprise menacée de liquidation qu'il déploierait "tous les efforts nécessaires pour garantir l'accroissement des commandes" des constructeurs automobiles clients de GM&S.

Après s'être entretenu durant le week-end avec le PDG du groupe Renault, Carlos Ghosn, et le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, il semble avoir rempli son contrat: Renault devrait doubler ses commandes pour les porter de 5 à 10 millions d'euros et PSA les augmenter de 10 à 12 millions d'euros.

"Ces engagements permettront d'atteindre un niveau de chiffre d'affaires sur 2017 proche de 25 millions d'euros, et rendent possible la continuité de l'exploitation et la poursuite des discussions sur la reprise de l'entreprise", a indiqué le ministère de l'Economie dans un communiqué. Les deux constructeurs se bornaient jusqu'à présent à évoquer un chiffre de 16 millions d'euros annuels de commandes, un niveau permettant le maintien de 90 à 100 emplois sur les environ 280 que compte actuellement GM&S sur son site de La Souterraine, dans la Creuse.

Il s'agit d'un "sursis", mais "le compte n'y est pas et les menaces surl 'avenir de l'entreprise ne sont pas levées", a réagi le délégué CGT de l'usine creusoise, Vincent Labrousse, auprès de l'AFP. Les syndicats avaient déjà estimé à que l'entreprise devait tendre vers 40 millions d'euros de commandes annuelles pour survivre.

L'occupation du site par les salariés se poursuit, a ajouté M. Labrousse, et "la réunion annoncée par le préfet de la Creuse lundi matin est toujours à l'ordre du jour" ainsi que "l'appel national à manifester mardi à Poitiers avant l'audience au tribunal de commerce", le même jour. Le geste des deux principaux donneurs d'ordre est toutefois selon Vincent Labrousse, un "signe encourageant" par lequel "les constructeurs confirment qu?ils souhaitent continuer de travailler avec nous, ce qui est de nature à rassurer les éventuels repreneurs".

Selon les représentants des salariés, les sociétés GMD et Magneto pourraient être intéressés par un rachat. Aussi l'intersydicale "souhaite(-t-elle) que le tribunal de commerce demande une prolongation de la période d'observation pour permettre d'ouvrir les discussions" officiellement avec les deux constructeurs. "La ténacité a payé. La Région sera là demain pour accompagner GM&S dans ses investissements et ses efforts de diversification", s'est également félicité le président socialiste de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, qui a apporté depuis mars une aide de 1,16 million d'euros au site.

- Macron interpellé -

Alors que l'entreprise creusoise est en redressement judiciaire depuis décembre, les salariés ont fait monter la pression ces dernières semaines pour que PSA et Renault, leurs principaux clients, s'engagent sur un volume de commandes suffisant et sur l'affectation de nouveaux marchés. L'usine est occupée depuis le 11 mai par les salariés qui affirment l'avoir "piégée" avec des bonbonnes de gaz, et une marche destinée à les soutenir a rassemblé le 16 mai quelques milliers de personnes, dont les ex-candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou.

Le chef de file de La France insoumise avait alors interpellé le président, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Edouard Philippe: "ne laissez pas faire comme d'habitude, ne laissez pas les choses aller jusqu'au pire". Après avoir rencontré Bruno Le Maire vendredi, l'intersyndicale (CGT-FO) de l'équipementier automobile avait appelé samedi "à maintenir et amplifier la mobilisation".

Au-delà de commandes plus importantes, la pérennité du site "suppose aussi qu'il soit véritablement dirigé par un industriel qui ne s'enferme pas dans une logique financière mais aurait une volonté de diversification pour limiter la dépendance à l'égard des constructeurs, ce qui ne peut se faire que dans le long terme et suppose des engagements immédiats de ces derniers", ont souligné les représentants syndicaux dans un communiqué. Le communiqué de Bercy insiste sur le fait que l'entreprise, deuxième employeur privé de la Creuse, "devra adapter son organisation afin de gagner davantage en compétitivité".

AFP

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