Transports ferroviaires

La SNCF entame sa mue pour affronter la concurrence

  • Publié le 15 juin 2017 à 00:08

Bientôt concurrencée par d'autres compagnies sur le réseau ferré français, la SNCF veut faire oublier ses presque 80 ans et entame sa mue, espérant que la feuille de route du nouveau gouvernement collera à ses orientations.


"Passer du monopole à un monde ouvert, passer d'une industrie classique à une place majeure de l'innovation et du digital, (...) ça se joue d'abord dans la culture de l'entreprise", assure le président de la SNCF, Guillaume Pepy. Le temps du monopole est en effet bientôt révolu pour la SNCF, qui sera concurrencée à partir de décembre 2020 sur les lignes TGV et Intercités et au plus tard en décembre 2023 sur les lignes régionales, gérées en délégation de service public - des expérimentations pourraient toutefois y être menées dès décembre 2019.

L'opérateur ferroviaire devra alors convaincre les clients de continuer à prendre ses TGV plutôt que ceux que des autres opérateurs, et donner envie aux régions de lui confier l'exploitation des TER. Il lui faudra aussi apprendre à partager son réseau ferré et ses gares, et offrir des conditions d'accès équitables.
"Le monopole finit par peser à l'intérieur de l'entreprise parce que ça interdit toute comparaison. On ne se compare que par rapport à un absolu, on ne se compare jamais par rapport à des concurrents", ajoute-t-il.

Pour le directeur général adjoint de la SNCF, Mathias Vicherat, il y a, en interne, "une forme de SNCF +bashing+ que l'on a tous individuellement un peu ingéré et qu'on reproduit +à l'insu de notre plein gré+. Il faut retrouver un élément de fierté, d'affirmation". "Dans l'entreprise, il y a beaucoup de forces qui ont envie de changer. Les jeunes générations qui entrent (...) souffrent de la pesanteur hiérarchique qu'on a parfois", continue le PDG du gestionnaire d'infrastructure SNCF Réseau, Patrick Jeantet.

Mais, derrière cette adaptation, plane évidemment le spectre de la transformation de France Telecom. "On fera la SNCF de demain avec les salariés d'aujourd'hui. (...) Donc on a un énorme sujet de gestion prévisionnelle des métiers, un énorme sujet de formation, un énorme sujet de transformation du management".

- Image d'Epinal du monopole -

Les dirigeants du groupe public attendent impatiemment la feuille de route de la nouvelle ministre des Transports, ex-PDG de la RATP, Elisabeth Borne, qu'ils ont rencontrée mercredi pour "vérifier que les perspectives [étaient] bien partagées par les pouvoirs publics", selon Guillaume Pepy. Le groupe, qui se trouve à un "moment charnière", est désormais "bien loin de l'image d'Epinal du monopole du train en France", assure Guillaume Pepy.

Pour rester attractif en France et continuer à investir sur un réseau français vieillissant en période de disette budgétaire, le groupe public regarde au-delà des frontières de l'Hexagone. De 15% du chiffre d'affaires en 2007, l'activité à l'international est passée à 34% l'an passé, et la SNCF vise 40% en 2020, et 50% en 2025. D'ici 2020, c'est la filiale de logistique Geodis qui devra, grâce à une acquisition, doubler de taille et se renforcer sur les Etats-Unis, la Chine et l'Allemagne.
"La stratégie logistique est dans les toutes premières priorités de la SNCF. C'est nouveau", a indiqué Guillaume Pepy à l'AFP. Cette activité a rapporté l'an dernier 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires, "on a l'ambition de faire beaucoup plus".

Autre sujet scruté de près par le groupe ferroviaire, la question de la reprise par l'Etat de sa dette abyssale - 44,9 milliards d'euros pour SNCF Réseau, 7,9 milliards pour SNCF Mobilités. En septembre, l'ancien gouvernement s'était prononcé contre une reprise, même partielle, au nom de la réduction des déficits publics. Mais durant sa campagne, le président de la République Emmanuel Macron avait ouvert une porte en ce sens.

AFP

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