Il avait été condamné en première instance

Aide aux migrants - Le militant Cédric Herrou jugé en appel

  • Publié le 19 juin 2017 à 19:04

"J'ai transporté des gens, j'aide des gens et il y a des explications": le procès en appel du militant Cédric Herrou, condamné en première instance à Nice pour aide à l'immigration clandestine, s'est ouvert lundi à Aix-en-Provence devant une foule de soutiens.


"Je suis innocent", dit sobrement au tribunal Cédric Herrou, 37 ans, dont "la revendication était que les mineurs soient pris en charge par les autorités, et que les migrants puissent faire leur demande d'asile".
Pour se faire, l'agriculteur bio de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) a "transporté des gens", des migrants -- majoritairement des Soudanais et Érythréens, dont des mineurs -- depuis l'Italie et aidé jusqu'à 200 clandestins.
"J'ai l'impression de faire le travail de l?État", lance devant le tribunal l'homme, chemise blanche, petites lunettes et barbe fournie, qui se demande "comment on peut dormir quand des gens sont dehors quand il pleut".
"Je n'incarne pas une lutte" mais "je me sens considéré comme un contrebandier" par la justice "alors qu'on parle de gens", se désole le militant, condamné en février à une peine de 3.000 euros d'amende avec sursis mais relaxé sur le volet concernant l'hébergement dans un bâtiment de la SNCF.
Le parquet de Nice a fait appel de cette condamnation.
Pour le soutenir, une centaine de militants, entre autres, de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), de la Cimade, de La France Insoumise, Emmaüs, se sont rassemblés devant la cour d'appel lundi, munis de pancartes "La solidarité n'est pas un délit" et derrière une banderole "Je connais ton nom, étranger, tu t'appelles mon frère".
Parmi eux, Me Magalie Abenza, avocate spécialisée en droit de la famille et droit des affaires, membre du Syndicat des Avocats de France, s'étonne qu'"au moment où on célèbre les +Justes+ qui agissaient en 1940, aujourd'hui, les mêmes personnes qui viennent en aide aux migrants passent devant un tribunal".
Pour Me Monika Mahy-Ma-Somga, ces militants "ne font que venir en aide à d'autres personnes" et ne peuvent être condamnés.
A la frontière franco-italienne, la situation ne cesse d'empirer: depuis janvier, les nombres de migrants et d'accidents mortels ne cessent d'augmenter.
Lundi matin, un migrant de 27 ans a été retrouvé électrocuté sur le toit d'un train en provenance d'Italie et évacué, en situation d'urgence absolue, à l'hôpital des grands brûlés de Toulon.

Par Carlos REYES - © 2017 AFP

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