Ils considèrent qu'il va à l'encontre de l'Évangile et de l'autorité du Christ

Le pape "non grata" pour les ultra-catholiques de Colombie

  • Publié le 5 septembre 2017 à 10:49

Ils vont à la messe, leurs maisons sont pleines d'images pieuses et ils honorent Dieu le père, mais pour les catholiques ultra-conservateurs de Colombie, le pape François n'est pas le bienvenu. C'est un pape "illégitime", affirment-ils en choeur. Bien qu'ils admettent n'être qu'une minorité, ils ont une influence politique certaine et sont visibles, y compris via une chaîne de télévision.


Leurs opinions ne passent pas inaperçues dans une Colombie de 48 millions d'habitants, à grande majorité catholique, que le souverain pontife visitera de mercredi à dimanche pour exprimer son soutien à la paix et à la réconciliation de ce pays déchiré par plus d'un demi-siècle de conflit armé.
"Comme disent les diplomates, la visite est "non grata". Pourquoi ? Parce que c'est un faux pape, un faux prophète de Dieu. Il est probable qu'au lieu d'apporter des bénédictions au pays, il apporte des malédictions", a déclaré à l'AFP l'ex-candidat présidentiel José Galat.

Cet homme chauve, aux lunettes à verres épais, qui pense que ce pape argentin va à l'encontre de l'Évangile et de l'autorité du Christ, est la figure de cet intégrisme qui s'exprime sur la chaîne privée internationale Teleamiga. A 89 ans, José Galat y présente un programme hebdomadaire d'une heure et demie, qui attire quelque 400.000 téléspectateurs et au cours duquel il met en cause les déclarations de François.

- Sans concessions -

Les "ultra" ne l'appellent pas Saint-Père, souverain pontife, ni pape. Pour eux, il n'est que Bergoglio, le faux prophète qui selon la Bible octroie ses pouvoirs à Satan. Ils affirment que son élection comme chef de l?Église catholique est le fruit d'une manipulation mafieuse et réformiste. Ils le qualifient de populiste, franc-maçon, marxiste ou illuminati. Des accusations rejetées par le Vatican. La Conférence épiscopale de Colombie a publié un communiqué fin juillet reprochant à José Galat de "blesser gravement la communion de l?Église" et d'inciter au schisme.

Tous les lundi et samedi, des dizaines de croyants de tous âges se réunissent dans le nord-ouest de Bogota, au siège de la Corporation Bethléem Maison Fraternelle, fondée il y a 24 ans. Dans cette villa de deux étages à la façade blanche, les murs sont ornés de portraits et de photographies de Jean Paul II, de Paul VI et de la Vierge. La bibliothèque contient des livres tels que "Le règne de l'antéchrist" ou "Prophétie incroyable.

Aujourd'hui et ce qui vient". Benoit XVI, qui s'est retiré en 2013, est pour eux le pape légitime. De Jorge Mario Bergoglio, ils disent de tout et dénoncent la présence de messages subliminaux ou de symboles maçons dans sa tenue papale. Dans un silence recueilli, ils écoutent Rafael Arango, président de la corporation qui, dos au crucifix, s'assoie à une table rectangulaire pour délivrer son message.

- "Populiste de la foi" -

François bénéficie d'"une popularité impressionnante parce que c'est ce que les gens veulent entendre: que le péché n'est pas péché, que tout le monde peut communier", dit-il. A l'origine, cet avocat et politologue de 78 ans, qui fut athée, suivait les messages de ce pape. Mais il a été déçu et considère qu'il est issu d'un courant réformiste de l'Église qui s'éloigne du dogme chrétien. "Un pape ne peut excéder la parole de Dieu, ni la modifier, ni la réformer. Seule la Bible est inamovible et éternelle", affirme-t-il.

Pour les ultra, les actes et les déclarations de François altèrent la foi. Ils ne lui pardonnent pas de contredire la Bible en disant que tout le monde peut être sauvé, en niant l'existence de l'enfer, en se montrant partisan d'accorder davantage d'espace aux femmes dans l'Église, en se rapprochant des divorcés ainsi que des homosexuels. "C'est un populiste de la foi. Il veut contenter tout le monde", dénonce pour sa part José Galat.

Ces intégristes n'ont pas pour autant l'intention de saboter la visite du pape. Ils vont simplement l'ignorer. François "pense que c'est plus important de calmer la faim physique que de délivrer la parole de Dieu", s'insurge un de ces fidèles, Guillermo Rodriguez, 36 ans, qui n'assistera à aucun des événements prévus. Le chef de la corporation en fera de même: "Je ne peux aller contre ma propre conscience, ni contre la Bible".

AFP

guest
1 Commentaires
Jean Le Monstre
Jean Le Monstre
6 ans

Pauvre Bible!
On te fait dire n'importe quoi!
En remontant de François à Calvin, en passant par Jean Hus, contournant Mahomet, Arius, Jésus, Aaron, on arrive...
A quoi? A la question!
Mais tous ces gens, plus intelligents les uns que les autres, ont eu la réponse à la question.
La réponse? C'est le paradis, le purgatoire, les limbes, l'enfer, pour quelques uns, pour tous, pour les croyants, pour les païens, pour les hérétiques...
Mais qui sont les hérétiques? les païens? les croyants?
En attendant, c'est l'occasion de manifester la haine de celui qui ne croit pas ce que je crois.