Gestion de l'ouragan Irma

Philippe dénonce une "polémique politicienne"

  • Publié le 11 septembre 2017 à 14:59

Saint-Martin et Saint-Barthélemy, épargnées par José mais dévastées par Irma, s'attaquent au colossal chantier de la reconstruction, alors que le gouvernement doit répondre à l'exaspération des habitants et dénonce des "polémiques politiciennes" en métropole, et qu'Emmanuel Macron est attendu mardi sur place.


Accusé par une partie de l'opposition d'avoir insuffisamment préparé en amont l'arrivée d'Irma, le gouvernement a répliqué lundi, notamment par la voix d'Edouard Philippe, qui a fustigé "une polémique politicienne", lancée par des personnes "alléché(es) par la souffrance".
L'Etat aurait dû "prépositionner davantage de moyens. Les a-t-il à sa disposition? C'est une vraie question", a déclaré lundi Florian Philippot (FN), en déplorant l'abandon de la population "face à de la violence, des pilleurs". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a réclamé dès dimanche une commission d'enquête parlementaire sur la gestion en amont de la catastrophe.
"Nous acceptons volontiers une commission parlementaire", a répondu le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. "Je suis là pour répondre à leurs questions (...) mais j'espère qu'il n'y aura pas des polémiques qui ne serviront à rien", a déclaré la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
Une polémique également qualifiée de "déplacée" par l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, alors que le chef de file des députés PS Olivier Faure a proposé la nomination d'"un préfet à la reconstruction".
Une réunion interministérielle doit avoir lieu lundi en début d'après-midi autour d'Edouard Philippe pour définir "un plan sur les questions de santé, de logement, de reconstruction", mais la tension est restée palpable à Saint-Martin: "Je suis en colère après Paris et sa gestion de crise", disait Nicolas, fonctionnaire depuis six ans sur l'île.
Mardi Emmanuel Macron doit atterrir Saint-Martin pour aller à la rencontre des habitants et des secours, en compagnie des ministres de l'Education Jean-Michel Blanquer et de la Santé Agnès Buzyn.


- "J'ai tout perdu" -


Après le passage de l'ouragan José plus au large que prévu, l'heure est à la reprise des ponts aériens et maritimes pour évacuer les plus vulnérables dans un sens, et acheminer du fret et des vivres dans l'autre.
Environ 85 tonnes de nourriture, un million de litres d'eau et 2.200 kg de médicaments ont été transportés, selon la préfecture de région.
A l'aéroport de Grand-Case, dans la partie française de Saint-Martin, un ballet incessant d'hélicoptères et d'avions a repris, a constaté un journaliste de l'AFP. Tifanie, 31 ans, part, seule et définitivement, valise cabine pour tout bagage: "Nos maris et frères restent pour aider, mais moi je pars, j'ai tout perdu".
A leur arrivée en Guadeloupe, les rescapés sont soulagés. "On se dit qu'on quitte cette zone de chaos et qu'on n'aura plus à se retourner pour savoir si quelqu'un va vouloir piquer mes affaires, porter atteinte à ma famille et à ma vie", souffle Fred, 43 ans.
Irma a fait au moins dix morts et sept disparus dans les îles françaises, quatre dans la partie néerlandaise, selon le dernier bilan. Au total, 27 personnes sont mortes dans les Caraïbes.
Outre les liaisons aériennes, la préfecture de Guadeloupe a annoncé dimanche soir la reprise des liaisons maritimes entre la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin.
Dans un paysage de ruines, les secours, militaires et forces de l'ordre dépêchés sur l'île sont désormais 1.500 et passeront bientôt à 2.000.


- Vols de "nécessité" -


"L'ordre public a été rétabli" a réaffirmé lundi Gérard Collomb, évoquant une "dizaine d'arrestations", notamment pour des pillages. La lieutenant-colonel et porte-parole de la gendarmerie Karine Lejeune a évoqué quant à elle "23 arrestations depuis le 7 septembre".
Elle a également distingué d'un côté des "vols que nous pourrions presque qualifier de nécessité (...) de denrées", commis par des personnes "qui ont tout perdu, qui ont peur, (...) faim et soif. En règle générale, (...) on (leur) demande la restitution des denrées et il n'y a pas de procédure", a-t-elle expliqué.
De l'autre, "des vols (...) d'opportunité", concernant de la "hi-fi, de la bijouterie, de l'électroménager", a-t-elle énuméré, assurant que des gardes à vue pouvaient être appliquées, et que la police judiciaire intervenait, soutenue par "quatre magistrats" présents à Saint-Martin.
Agnès Buzyn a annoncé que l'hôpital de Saint-Martin était de nouveau opérationnel et écarté tout risque d'épidémie ou de manque de médicaments vitaux.
Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu reste en vigueur à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu'à mercredi.
EDF a indiqué que 140 tonnes d'équipements électriques étaient acheminées en bateau depuis la Guadeloupe. Radio France a lancé une radio d'urgence.
La ministre des armées Florence Parly a annoncé que 415 militaires étaient déployés à Saint-Martin, et qu'un navire militaire devait appareiller mardi depuis Toulon, pour apporter "quatre hélicoptères", "1.000 tonnes de fret et de vivres", et servir "d'hôpital flottant", alors que le chef de file des députés communistes André Chassaigne a dénoncé dans un courrier à son attention "la lenteur et la faiblesse du déploiement de notre flotte".
Un premier coût des dommages a été évalué samedi à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance.
Irma, rétrogradé en catégorie 1 (sur 5) par les météorologues américains, a fait ses premières victimes en Floride, où il s'est abattu dimanche, avec trois morts dans des accidents de voiture visiblement dus aux vents et pluies intenses. Le président américain Donald Trump a déclaré l'état de catastrophe naturelle et annoncé sa visite prochaine.


Par Jennie MATTHEW - © 2017 AFP

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1 Commentaires
TAGOUN
TAGOUN
6 ans

Polémique ou pas c'est pas le problème, l'Etat doit protéger ses citoyens, il semblerait qu'il n'y ait pas eu beaucoup de travail d’anticipation, (rôle du Préfet qui bien sur devra être viré) ce qui est scandaleux c'est de voir dans les infos télévisées, les forces de l'ordre regardant les pillards sans réagir....une forte pensée à ceux qui ont tout perdu et leur colère est plus que compréhensible. Alors polémique, visite de Macron ils s'en fichent et ont raison d'être en colère.