Les manifestants dénoncent une "régression sociale"

Réforme du Code du travail: Macron face à l'épreuve de la rue et des grèves

  • Publié le 12 septembre 2017 à 06:40

Emmanuel Macron fait face ce mardi à la première mobilisation sociale de son quinquennat avec l'appel à des grèves et manifestations partout en France lancé par des syndicats qui dénoncent la réforme du code du travail comme une "régression sociale".


"Ce n'est pas une loi du travail, c'est une loi qui donne les pleins pouvoirs aux employeurs", critique Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à l'origine de l'appel, aux côtés de la FSU, de Solidaires et de l'Unef. Pour la CGT, le Medef "est le grand gagnant et les salariés les grands perdants" de cette réforme.

Plafonnement des indemnités prudhommales, fusion des instances représentatives du personnel dans les entreprises, réforme du compte pénibilité, place accrue à l'accord d'entreprise...: ce projet reprend plusieurs promesses de campagne du président Macron. Si pour le Medef et la CGPME, il va "déverrouiller la peur d'embaucher", les syndicats y voient un texte "libéral" dans le prolongement de la très décriée loi travail. Hasard du calendrier, l'appel de mardi intervient un an quasi jour pour jour après la toute dernière mobilisation contre ce texte promulgué en 2016.

Face à un front syndical désuni, le chef de l'Etat n'a pas l'intention de céder. S'agaçant de voir que les "Français détestent les réformes", il voit dans celle-ci le moyen de "gagner la bataille du chômage de masse" en France, actuellement à 9,5% de la population active.

L'enjeu pour Emmanuel Macron est d'autant plus important qu'il envisage d'autres réformes sociales importantes dans les mois à venir, celles de l'assurance chômage, de l'apprentissage, de la formation professionnelle et des retraites.

La séquence est toutefois délicate pour le président de la République, en chute dans les sondages depuis l'été, après l'annonce de mesures impopulaires comme le rétablissement du jour de carence ou le coup de rabot sur les aides au logement, rappellent les politologues.

- "Périlleux pour les syndicats" -

Mais pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, "ce rendez-vous est beaucoup plus périlleux pour les syndicats, qui sortent d'une série de mouvements qui n'ont pas abouti", comme la loi El Khomri de 2016 ou la réforme des retraites, de 2010.
Pour maintenir la pression et sans attendre de connaître l'ampleur des grèves et manifestations de ce mardi, la CGT a déjà appelé à une autre mobilisation, le 21 septembre, à la veille de la présentation du projet en conseil des ministres et deux jours avant celle de La France Insoumise.

Pour ce mardi, la CGT prévoit plus de 180 manifestations et a comptabilisé 4.000 appels à la grève. Si FO ne s'associe pas à la fronde, contrairement à la loi travail en 2016, une partie de ses militants ont décidé de défiler.

Il en sera de même du côté de certaines sections de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CFTC ou de l'Unsa, qui ne comprennent pas que leurs directions nationales, pourtant très critiques à l'égard du projet, ne s'associent pas à l'appel.

Des politiques de l'opposition viendront gonfler les rangs des défilés, à Paris et en région. Jean-Luc Mélenchon doit battre le pavé à Marseille contre ce qu'il qualifie de "coup d'Etat social". "Plus il y a de mobilisations sociales et salariales, plus le niveau de conscience de la situation augmente et donc plus il y aura de gens qui viendront le 23", a-t-il souligné.

A Paris, l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, Olivier Besancenot (NPA) ou encore Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste, seront présents dans le cortège, qui doit partir à 14H00 (16H00 à La Réunion) de Bastille pour se diriger vers place d'Italie. Alors que les manifestations contre la loi travail avaient été parasitées par des violences, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner a dit craindre des "débordements". Il a renvoyé la responsabilité "aux organisateurs", assurant que la CGT avait un "savoir-faire" en la matière.

Une déclaration qui rappelle les échanges en 2016 entre le gouvernement Valls et les syndicats. Ils s'étaient alors renvoyé la balle à propos de leurs responsabilités respectives concernant la sécurité des défilés. Côté transport, des perturbations de trafic sont principalement à prévoir en région parisienne (RER A et B).
AFP

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