Le Boss fait le buzz

A la revente, les prix explosent pour un concert intimiste de Springsteen à New York

  • Publié le 5 octobre 2017 à 03:56
  • Actualisé le 5 octobre 2017 à 05:46

Des billets à plus de 6.000 dollars pour assister à l'un des concerts intimistes que le légendaire Bruce Springsteen (dont le surnom est le Boss) donne à New York: le marché secondaire de la revente de billets s'emballe aux dépens des fans du rockeur américain.


"C'est une expérience tellement unique, de celles que l'on ne vit qu'une fois dans sa vie, les billets ont pris énormément de valeur", remarque Laura Effinger, une fan du chanteur américain de 68 ans. "C'est regrettable que des gens en profitent", juge cependant la jeune femme qui possède un studio photo en Caroline du Sud. Même si elle a déjà vu le "Boss" trois fois en concert, elle meurt d'envie d'aller voir son idole dans la petite salle du Walter Kerr Theatre de Broadway, à New York, où il se produit depuis mardi et pendant quatre mois.

Prévenante, Laura Effinger s'y était prise tôt pour réserver ses places par internet, et attendait de recevoir le code qui lui aurait permis d'acheter sa place une fois les billets mis en vente. Mais le code tant attendu ne lui est jamais parvenu et, dès la mise en vente des places, on pouvait déjà acquérir le précieux sésame contre quelques milliers de dollars sur des sites de revente.

Ainsi, quelques heures seulement avant la première performance mardi du chanteur au Walter Kerr Theatre, petite salle de 960 places, les billets se revendaient sur le site StubHub jusqu'à 6.000 dollars, alors que les prix de départ allaient de 75 à 800 dollars. Selon StubHub, les acheteurs proviennent de presque tous les États américains, ainsi que de 30 autres pays.

Dans l'espoir de contrôler ce marché parallèle, l'artiste avait mis en vente ses spectacles sur le site spécialisé dans la vente de billets Ticketmaster, qui vient de lancer un dispositif spécial destiné aux "fans vérifiés". Ce système utilise des algorithmes pour déterminer si une personne va vraisemblablement ou pas se rendre elle-même à l?événement convoité, puis envoie un code unique lorsque les billets sont mis en vente. Le but est de permettre aux "vrais" fans, par opposition à ceux qui souhaitent juste revendre les billets et faire un profit, de se rendre aux concerts.

- Classe ouvrière -

Selon Ticketmaster, ce dispositif est un succès et moins de 3% des billets vendus par son biais finissent sur le marché secondaire. Il n'en reste pas moins que le prix des places pour aller voir Bruce Springsteen à New York est exorbitant. L'artiste, dont les chansons parlent notamment des difficultés rencontrées par la classe ouvrière américaine, a ainsi décidé de prolonger sa série de concerts pour tenter de contenter ses fans en lançant une loterie de dernière minute avec des places à 75 dollars.

Malgré ces efforts, "malheureusement, c'est en train d'échouer", estime Laura Effinger. La ville de New York a tenté de réguler ce marché parallèle par des moyens juridiques dont l'interdiction des programmes automatiques ("bots") de rachat de billets. Sans réel succès visiblement.
Selon Mark Perry, un expert du centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, le problème vient tout simplement d'une mauvaise adéquation entre offre et demande.

La seule façon d'empêcher le marché secondaire consiste à augmenter le nombre de représentations ou de fixer des prix "plus en adéquation avec le marché", explique-t-il, soulignant cependant que les artistes rechignent généralement à fixer des prix trop élevés jugeant que cela n'est pas bon pour leur image.

"Ils préfèrent avoir des fans mécontents de ne pas pouvoir avoir de billets plutôt que de passer pour des artistes qui surfacturent", assure-t-il.
Dans un entretien la semaine dernière au New York Times, Bruce Sprinsteen, plutôt habitué aux scènes géantes réunissant des milliers de spectateurs qu'aux petites salles intimistes, a dit avoir décidé de se produire dans ce théâtre de Brodway - seul et seulement accompagné d'un piano et de quelques guitares - car il aimait l'intimité que l'on pouvait y ressentir.

AFP

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