Etats-Unis

La mère d'un enfant tué à Sandy Hook en croisade contre la violence des armes

  • Publié le 8 octobre 2017 à 13:10
  • Actualisé le 8 octobre 2017 à 14:23

Le 14 décembre 2012, Dylan Hockley, six ans, était tué par Adam Lanza lors de la fusillade de Sandy Hook, avec 19 autres enfants.

Sa mère Nicole se consacre depuis à combattre la violence par armes à feu. Son association Sandy Hook Promise, qu'elle a co-fondée, se focalise sur la prévention en apprenant à repérer les signes annonciateurs d'un acte de violence, ou sur la santé mentale afin de contourner le débat bloqué sur la réglementation des armes à feu aux Etats-Unis.

Lundi matin, en découvrant l'horreur de la fusillade de Las Vegas, la pire de l'histoire américaine, "je me suis sentie terriblement en colère, et ça m'a fait souffrir, je me suis mise à pleurer. Toute la semaine j'ai vécu des montagnes russes émotionnelles, comme beaucoup de gens dans le pays".

"Non seulement cela me ramène au jour où j'ai perdu mon fils, mais je me sens très frustrée par la lenteur à laquelle nous progressons. Chaque jour des gens meurent lors d'actes évitables", ajoute-t-elle lors d'un entretien à l'AFP.
Il y a environ une fusillade de masse --au moins quatre morts, selon la définition de la police fédérale FBI-- par jour aux Etats-Unis. Quelque 33.000 personnes y meurent chaque année à cause d'armes à feu --dont 22.000 suicides.
Nicole Hockley veut toutefois combattre l'"apathie" et le défaitisme.

- Recadrer le débat -

"Si ces attaques semblent s'accélérer, notre mouvement aussi continue à prendre de l'ampleur. Chaque fois qu'il y a une nouvelle fusillade insensée, davantage de gens s'indignent. La clé est que l'action suive et nous devons donner aux gens des outils pour ça. Ce n'est pas quelque chose que le mouvement anti-violence des armes a très bien fait" jusqu'à présent. "J'entends depuis cinq ans des gens dire +oh si les choses n'ont pas changé après Sandy Hook, rien ne changera jamais+. Beaucoup a changé, les gens doivent ouvrir les yeux et voir qu'ils peuvent faire beaucoup", estime-t-elle.

Notamment apprendre à reconnaître les signes que quelqu'un pourrait passer à l'acte: le site de l'association cite notamment une fascination pour les armes, des réactions excessivement agressives sans raison, être victime de harcèlement ou de violence, s'afficher avec des armes... Les motivations de Stephen Paddock, ce retraité de 64 ans qui a abattu 58 personnes et en a blessé près de 500 en tirant sur les spectateurs d'un concert depuis le 32e étage de l'hôtel Mandalay Bay, à Las Vegas, restent insondables à ce stade.

Nicole Hockley insiste: "Ca fait moins d'une semaine, elles ne sont pas encore connues mais elles vont apparaître. C'est quelqu'un qui a commencé à accumuler un arsenal d'armes stratégiquement il y a un an". "Quand il y a un plan, il y a des signes. Pour le tireur de Sandy Hook, ce n'est que des mois après, quand on a eu le rapport de police, qu'on a vu tous les signaux manqués", souligne-t-elle.

- 'Toute avancée est positive' -

Le parti républicain et la puissante Association nationale des armes à feu (NRA), traditionnellement opposés à toute réglementation des armes, se sont dit ouverts à un éventuel encadrement des mécanismes transformant les fusils semi-automatiques en armes automatiques. (bump-stocks)
Pour Mme Hockley, "toute avancée est positive", mais ce ne serait qu'"une petite réaction à un problème incroyablement vaste".

"Je ne connaissais même pas l'existence de ces mécanismes jusqu'à cette semaine, et on peut se demander pourquoi ils existent. Je ne veux pas que les gens puissent dire +on y est arrivés, on a fait quelque chose+, parce que cette question de +bump-stocks+ est trop insignifiante", relève-t-elle.

Pour elle, "il y a de bonnes solutions réglementaires" se focalisant sur les personnes, sans enfreindre le sacrosaint deuxième amendement de la Constitution garantissant le droit de porter des armes. A l'instar des "ordres judiciaires de protection face aux risques extrêmes" qui gagnent du terrain "dans le Connecticut, l'Etat de Washington, la Californie, le Nevada, 20 autres Etats" à travers le pays.

Lorsque un tiers repère une personne affichant un comportement "à risque", il peut demander au tribunal l'intervention des forces de l'ordre pour lui interdire temporairement l'accès à des armes et s'assurer qu'elle reçoit une aide psychologique.
"C'est très utile pour empêcher les suicides, la violence conjugale, et potentiellement les homicides ou tueries de masse", explique-t-elle.

AFP

guest
0 Commentaires