La réalisatrice belge se confie

Los Angeles, utopies, argent... Agnès Varda en 5 à 7 réflexions

  • Publié le 14 octobre 2017 à 10:52
  • Actualisé le 14 octobre 2017 à 10:58

La réalisatrice belge Agnès Varda, l'une des dernières représentantes de la Nouvelle Vague et compagne du réalisateur Jacques Demy pendant trente ans, doit recevoir un Oscar d'honneur en novembre pour l'ensemble de sa carrière, depuis "La pointe courte" aux "Glaneurs et la glaneuse" en passant par "Cléo de 5 à 7".

 

Elle a rencontré l'AFP à Los Angeles à l'occasion de la sortie américaine de "Visages, villages", le documentaire itinérant que la cinéaste de 89 ans à la cinquantaine de films à son actif, a réalisé avec l'artiste de rue JR.


- Harvey Wenstein -


Il y a toujours eu des hommes qui se sont comportés comme des cochons. J'ai milité comme féministe, j'ai même fait un film féministe, "L'une chante, l'autre pas", parce que ce n'est pas seulement (le harcèlement sexuel et les agressions à Hollywood, à l'image du producteur Harvey Weinstein accusé par une vingtaine de femmes), mais aussi les salaires, les problèmes de conception, c'est tellement un grand sujet. Les femmes ne sont pas assez en colère.


- Los Angeles -

Ca me fait grand plaisir d'être ici (à Los Angeles) et ça me rend un peu nostalgique. J'y viens depuis si longtemps. D'abord avec Jacques Demy pendant les années 60. On y a eu une vie extraordinaire, il travaillait pour (les studios de) la Columbia. Et puis on est revenus en 79 pour trois ans. J'ai de la difficulté à New York que je trouve trop électrique mais je trouve Los Angeles fascinante. J'y ai beaucoup d'amis.


- Utopie -

Avec JR, on veut mettre en valeur ces personnes sans pouvoir. On ne veut pas faire de politique, dès qu'on dit le mot politique, on pourrit tout. On cherche plutôt à comprendre ce qui nous fait souffrir dans la société et, par l'utopie, on essaierait de le calmer, de montrer que les gens devraient naturellement s'entendre. Dans ce monde de mocheté, on a envie de trouver du plaisir entre les gens (...). Tous les gens qui oeuvrent par création ou action sociale pour que ça aille mieux, ça fait plaisir.

- Hors format -

Beaucoup de mes films sont tournés dehors avec des gens qui marchent. J'avais fait un film, "Sans toit ni loi", c'était avec Sandrine Bonnaire, une gamine révoltée sur la route. Parce que les gens révoltés, les marginaux, les squatteurs, ces gens qu'on n'écoute pas, ils m'intéressent parce que j'essaie de faire comprendre qu'ils ont des choses à dire, ils ne sont pas des rejets de la société. Cette idée du formatage, qui est si grave pour les patates et pour d'autre choses, tous les gens qui sont hors format, nous apprennent un peu plus que ceux qui sont bien cadrés.

- L'argent -

J'ai jamais eu beaucoup d'argent pour faire des grands films. Avec des petits moyens, j'ai essayé de faire de petits films. Ils ont quand même eu assez de répercussions pour ne pas être oubliés, c'est déjà beau mais je n'ai pas de prétention. Je fais des films que les gens aiment mais qui ne gagnent pas d'argent. Je m'étonne donc d'avoir l'honneur d'un Oscar d'honneur car je pensais que les Oscars allaient plutôt vers ceux qui réussissaient. On a fait au mieux mais je préfèrerais être un peu plus à l'aise, chaque film a été un combat, même avec ma soi-disant célébrité, à chaque film on a du mal à trouver l'argent.

- Rêves inachevés-

Je n'ai pas de rêves de cinéma inachevés. J'ai toujours été au bord de quelque chose qui arrivait, qui devenait urgent. Je n'ai pas le projet de vie. Il y a plusieurs films que j'ai écrits et que je n'ai pas pu faire. Hop! je passe à autre chose.
 

AFP

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