Aéronautique

Face à Boeing, Bombardier s'allie à Airbus dans les avions moyen-courrier

  • Publié le 17 octobre 2017 à 05:13
  • Actualisé le 17 octobre 2017 à 06:38

L'avionneur européen Airbus engage un spectaculaire rapprochement commercial avec le canadien Bombardier en prenant une part majoritaire de son programme d'avions moyen-courrier C-Series, au coeur d'un bras de fer avec les Boeing.


Ce rapprochement décisif sur le marché de l'aéronautique civile, annoncé dans la nuit de lundi à mardi, intervient au moment où le groupe canadien est soumis à une forte pression des Etats-Unis qui ont imposé des droits de 220% sur ce type d'avions importés sur leur sol, ainsi qu'une taxe antidumping de 80%.

Boeing accuse Bombardier de fabriquer ces avions grâce à des subventions publiques et de les avoir vendus à perte à Delta Air Lines. "Ceci est un accord gagnant-gagnant pour tout le monde!", a déclaré le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, dans un communiqué commun. "Je n'ai pas de doute que notre partenariat avec Bombardier va gonfler les ventes et la valeur de ce programme énormément."
"Nous sommes très heureux d'accueillir Airbus dans le programme C-Series", a de son côté déclaré Alain Bellemare, le PDG de Bombardier. "Airbus est le partenaire parfait pour nous, Québec et Canada".

Airbus est un géant à 67 milliards de dollars de chiffre d'affaires, alors que Bombardier en réalise environ 16 milliards. L'accord va renforcer le programme de Bombardier sur le plan commercial alors que le C-Series, le premier monocouloir de conception entièrement nouvelle depuis plus de 25 ans, tarde à rencontrer le succès commercial. "Nous avons un excellent retour des clients", a souligné Tom Enders. Ce partenariat "va permettre au programme C-Series d'atteindre entièrement son potentiel."

Il va permettre de dégager d'importantes économies de coûts sur la production du C-Series et d'appuyer le programme sur la force de frappe commerciale d'Airbus dans le monde.

- Bouffée d'oxygène pour Bombardier -

Ce partenariat intervient deux ans après une première tentative de rapprochement qui s'était soldée par un échec après la divulgation de l'affaire par la presse. Grâce à cette opération, Airbus se renforce sur un segment dont il était absent, sa gamme moyen-courrier de la famille A320 allant de 140 à plus de 200 sièges dans sa version remotorisée. Il bénéficie aussi du fait que l'appareil, entré en service à l'été 2016, a déjà obtenu sa certification et ne nécessite pas d'importants investissements à l'avenir.

Selon un analyste, un tel rapprochement pour Airbus est une "belle opportunité pour renouveler sa gamme sur le segment des 100 à 150 places" à moindre coût et lui permet "de conserver un pied dans ce marché" qui ne représentait plus son coeur de marché. Tom Enders a rappelé que l'A319 n'avait pas reçu de commande depuis 2012.

Il offre une bouffée d'oxygène à Bombardier, d'avantage connu pour ses jets d'affaires et son turbopropulseur de transport régional le Q400, et qui n'a pas engrangé de nouvelles commandes pour le C-Series depuis le début de l'année. Le C-Series est un moyen-courrier de 100 à 150 sièges qui vient donc compléter par le bas la gamme d'Airbus, dont la plus petite version, l'A319, est capable d'emporter 140 passagers et au-delà.

Lancé en 2004 et mis en production dès 2008, il a été livré à son premier client, la compagnie Swiss, à l'été 2016 avec plus de deux ans de retard sur le calendrier initial et des coûts de développement presque doublés, à 5,4 milliards de dollars. Le CS100 à 110 places et le CS300 de 135 places ont été commandés à 360 exemplaires, et son seuil de rentabilité est passé de 300 à 800 appareils vendus.

Malgré les déboires du programme qui ont lourdement pesé sur ses comptes, Bombardier a toujours assuré que l'appareil est à même de capter une bonne part des 4 à 5.000 avions de 100 à 150 places qui seront livrés dans le monde d'ici 2034. Selon les termes de l'accord, Airbus détiendra approximativement 50,01% de l'entité qui gère le programme C-Series, et Bombardier et Investissement Québec respectivement 31 et 19%. Le siège du programme et la ligne d'assemblage primaire resteront basés à Québec, au Canada.

Une seconde ligne d'assemblage sera établie à Mobile, Alabama (Sud des Etats-Unis), où Airbus a installé une FAL (ligne d'assemblage finale) pour sa famille A320.

AFP

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