France

Macron mobilise les forces de sécurité contre "l'impuissance publique"

  • Publié le 18 octobre 2017 à 20:03
  • Actualisé le 18 octobre 2017 à 20:49

Emmanuel Macron a exhorté mercredi les forces de l'ordre à être "fortes et justes", "jamais faibles", pour combattre l'insécurité et la menace terroriste car "les Français ne supportent plus l'impuissance publique".


Dans un discours d'une heure et demi, le président a détaillé sa stratégie pour donner aux policiers et gendarmes les "moyens d'être plus efficaces" alors que la sécurité reste l'une des préoccupations majeures des Français. Il a pour cela réuni les 500 plus hauts responsables de la police, de la gendarmerie, de l'opération Sentinelle, des services du ministère de l'Intérieur ainsi que tous les préfets. Un tel rassemblement à l'Elysée n'avait jusqu'à présent été organisé qu'une seule fois, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Face à la menace terroriste qui est la "priorité absolue", M. Macron leur a confirmé que l'état d'urgence prendrait fin le 1er novembre. Avec la loi antiterroriste qui va s'y substituer, "nous vous donnons durablement les moyens d'être plus efficaces", a-t-il assuré aux forces de l'ordre. Il a précisé qu'il ne prendrait "pas la décision de déférer cette loi", définitivement adoptée mercredi, "devant le Conseil constitutionnel", comme l'a suggéré l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve pour ce texte qui suscite des craintes d'atteintes aux libertés.

Le président a par ailleurs annoncé pour décembre un nouveau plan contre la radicalisation, qui dressera notamment une "liste des territoires" qui feront l'objet d'une surveillance spécifique. M. Macron a prévenu les responsables réunis que "le niveau d'exigence de (nos) concitoyens en matière de lutte contre le terrorisme ne permet(tait) plus de tolérer le moindre dysfonctionnement".

- "Intraitable" -

Il a ainsi de nouveau justifié, au nom du principe de responsabilité, le limogeage du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes après l'attentat à la gare Saint- Charles de Marseille. Des "dysfonctionnements" avaient conduit à la remise en liberté du tueur, un Tunisien en situation irrégulière, la veille de l'attaque.

A la suite de cette affaire, le président a réaffirmé que l'Etat reconduirait "de manière intraitable" les étrangers n'ayant "pas de titre" de séjour. Cette annonce est en droite ligne de la fermeté promise pour la loi sur l'immigration et l'asile attendue début 2018.
En contrepartie, la France doit accueillir "de manière exigeante et conforme à nos valeurs" les réfugiés et personnes en règle, a-t-il dit.
"Nous accueillons mal, nous avons des procédures trop longues, nous intégrons approximativement et nous ne reconduisons plus", a affirmé le chef de l'Etat, tout en reprenant la formule de l'ancien Premier ministre Michel Rocard pour qui "tout en prenant notre part, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde".

- "J'ai entendu le malaise" -

M. Macron a par ailleurs détaillé la police de sécurité quotidienne (PSQ), l'une de ses principales promesses de campagne dans le domaine de la sécurité. Il a précisé que cette PSQ entrerait en vigueur courant 2018 après une vaste concertation menée par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Cette police, a-t-il insisté, n'est "pas le retour à la police de proximité" instaurée par Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy. Elle "vise à replacer le service du citoyen au coeur du métier de gendarme et de policier", notamment pour "lutter contre les délits, les nuisances, les incivilités ressenties au quotidien".

M. Macron a précisé que cette réforme serait menée "concomitamment avec celle de la procédure pénale", avec "la forfaitisation de certains délits".
Christophe Rouget, du syndicat des cadre de la sécurité intérieure (SCSI), avait averti avant le discours qu'il fallait "maintenant simplifier l'organisation de la police et simplifier la procédure pénale. Sinon nous n'améliorerons pas la présence sur le terrain".

Promettant des moyens "humains, matériels et technologiques", M. Macron a en outre affirmé avoir "entendu le malaise" exprimé dans la police depuis l'attaque, il y a un peu plus d'un an, de Viry-Châtillon (Essonne) dans laquelle deux policiers avaient été grièvement blessés.
M. Macron a appelé la police et la gendarmerie à prendre "résolument le virage de la transformation numérique", notamment avec la possibilité de déposer plainte en ligne.

AFP

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