Syrie

Dans la Ghouta assiégée, la mort rôde autour d'enfants malnutris

  • Publié le 23 octobre 2017 à 15:45
  • Actualisé le 23 octobre 2017 à 16:02

Squelettique, les côtes saillantes sous sa peau translucide, la petite Sahar, un mois, respirait avec difficulté. Elle est morte dimanche dans la Ghouta orientale, zone tenue par les rebelles et assiégée par le régime syrien, où des centaines d'enfants souffrent de malnutrition.


Cette région rurale située à l'est de Damas est assiégée depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad, et l'aide humanitaire y parvient au compte-goutte.
C'est une des quatre "zones de désescalade" instaurée en mai par les parrains internationaux des belligérants en Syrie, dans le but d'obtenir une trêve dans les combats et mettre un terme à la guerre meurtrière qui ravage le pays.
Mais avec le manque d'approvisionnement alimentaire, des centaines d'enfants y souffrent de malnutrition aiguë, selon un responsable de santé.
Samedi, les parents de la petite Sahar Dofdaa ont ainsi transporté leur fillette de 34 jours jusqu'à un hôpital de Hamouria, une localité de la Ghouta, selon des images filmées par un journaliste collaborant avec l'AFP.
N'ayant que la peau sur les os, les yeux écarquillés, Sahar est déposée sur une balance par une infirmière. Elle pèse à peine plus de 1,9 kg.
Sahar porte une couche bien trop grande pour elle, d'où s'échappent des cuisses squelettiques, tandis que sa mère sanglote. Comme des centaines d'enfants de la Ghouta, la petite souffre de malnutrition aiguë sévère, alors que sa mère, elle-même sous-alimentée, est dans l'incapacité de l'allaiter, selon une source médicale.
Sahar est finalement décédée dimanche matin. Ses parents sont venus la chercher pour l'enterrer.
Dans une autre localité de la Ghouta, un enfant est également décédé samedi de malnutrition, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les habitants souffrent de pénuries alimentaires importantes, et lorsque les biens sont disponibles sur les marchés, c'est à un prix fou", a précisé l'ONG.


-'4.000 enfants en carence'-


Jeudi, dans l'hôpital de Hamouria, des infirmières s'activaient déjà auprès de nourrissons venus pour une consultation, selon le collaborateur de l'AFP.
Certains pleuraient ou gémissaient, d'autres avaient la peau jaunie et fripée sur leur os saillants. D'autres encore avaient des tubes médicaux dans leurs petites narines.
"En ce moment, les aliments de première nécessité que l'on doit donner aux enfants ne nous parviennent pas, en particulier le sucre et les matières grasses", affirme à l'AFP Yahya Abou Yahya, médecin et responsable local pour l'ONG turque Social Development International, qui compte plusieurs centres médicaux dans la région.
"Beaucoup d'enfants souffrent de carences, de migraines, de troubles de la vision, de problèmes psychologiques", déplore-t-il, avant d'ajouter: "tout cela est causé par le manque de nutriments et de sources essentielles d'énergie que l'enfant doit absorber chaque jour".
D'après lui, les établissements médicaux tenus par son ONG dans la Ghouta ont accueilli ces trois derniers mois environ 9.700 enfants.
"Parmi eux, 80 sont en situation de malnutrition aiguë sévère, 200 en situation de malnutrition aiguë modérée, et environ 4.000 enfants souffrent de carences nutritionnelles", poursuit-il.
Pour le Dr Abou Yahya, "les quantités envoyées par les Nations unies (...) ne couvrent pas 5% à 10% des besoins nutritionnels des enfants de la Ghouta qui se trouvent dans ces cas".
Selon le site internet d'Unicef, la malnutrition aiguë sévère s'illustre "par un enfant fragile et squelettique qui a besoin d'un traitement urgent pour survivre".
Quelque 400.000 personnes vivent toujours dans des localités assiégées en Syrie, "la majorité se trouvant dans la Ghouta orientale", selon l'ONU.
Le 23 septembre, un convoi transportant de la nourriture ainsi que des aides médicales et nutritives pour quelque 25.000 personnes était parvenu à entrer dans trois localités assiégées de la région, selon un communiqué du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) transmis à l'AFP.

Par Amer Almohibany - © 2017 AFP

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