France

Macron dans le 93 et le Nord pour lancer sa politique de la ville

  • Publié le 13 novembre 2017 à 18:05
  • Actualisé le 13 novembre 2017 à 18:31

Emmanuel Macron devait annoncer lundi à Clichy-sous-Bois puis mardi dans la région lilloise plusieurs mesures phares en faveur des habitants des quartiers populaires, dont le lancement d'emplois francs, une présence renforcée des services publics et le recours au "testing" contre les discriminations.


Ces déplacements permettront au président de promouvoir sa politique sociale et répondre ainsi à ceux qui lui reprochent de favoriser d'abord les Français les plus fortunés, avec notamment la baisse de l'ISF. Après un déjeuner avec des acteurs de la politiques de la ville et des élus, il est attendu dans le quartier du Plateau de Clichy-sous-Bois, une ville de la banlieue parisienne "particulièrement emblématique" selon l'Elysée puisqu'elle a bénéficié du plus ambitieux programme de rénovation urbaine jamais réalisé en France (670 millions d'euros) après avoir été le berceau des émeutes urbaines de 2005. Il se rend ensuite en fin de journée à Lille et Roubaix où il participera à un dîner sur les discriminations.

Mardi, il passera la matinée à Tourcoing, l'une des villes les plus pauvres de France, pour rencontrer des acteurs locaux et prononcer un discours sur sa politique de la ville. Emmanuel Macron veut "agir dès maintenant avec des mesures concrètes pour améliorer le quotidien" des 5 millions de personnes qui habitent dans les 1.514 quartiers les plus pauvres, appelés "quartiers de la politique de la ville", a expliqué l'Elysée. A 25%, le chômage y est 2,5 fois plus élevé que la moyenne, la pauvreté peut y atteindre 40% et le taux d'activité réel plafonner à juste 44%, soit 20 points de moins que dans le reste de la France.

Leurs habitants ont des difficultés à accéder aux emplois, aux services publics, aux médecins, aux logements et 17% s'estiment victimes de discrimination en raison de leurs origines. On y trouve deux fois moins de généralistes, trois fois moins de spécialistes et quatre fois moins de crèches. Dans son discours mardi, le président annoncera des initiatives dès le secondaire : renforcement des internats, aide aux stages de 3e en confiant aux principaux des collèges la charge de les trouver. Dans ces quartiers, l'Etat s'engagera aussi à faire revenir les services publics, comme la Poste et à doubler les maisons de santé.

- "Name and shame" -

Promesse de campagne, les emplois francs seront expérimentés dans plusieurs dizaines de quartiers dès 2018. Ce système prévoit de donner une prime aux entreprises qui embauchent des jeunes des quartiers - 15.000 euros sur trois ans pour les CDI et 5.000 euros sur deux ans pour les CDD de plus de 6 mois. Il a été budgété à hauteur de 180 millions pour 2018, ce qui permettra de financer environ 10.000 emplois francs. Ce système doit être généralisé en 2020.

"Cela vise à favoriser le passage dans l'emploi durable" de ces jeunes, et ainsi les "sortir d'une logique d'enfermement", espère l'Elysée. Pour lutter contre les discriminations sur le nom, l'adresse ou l'origine, Emmanuel Macron "souhaite étendre les mesures de testing" des entreprises privées (test sur les recrutements) avec une publication des résultats, selon le principe du "name and shame" (nommer et blâmer) à l'américaine.

Le chef de l'Etat a décidé de créer un "conseil présidentiel" sur la politique de la ville, constitué de "jeunes issus des quartiers ayant réussi leur vie professionnelle", qu'ils soient avocats, footballeurs ou artisans pour "entendre et bénéficier" de leur expérience et ainsi "redonner une image positive et de l'espoir". Il doit aussi confirmer le doublement des crédits des programmes de rénovation urbaine, qui seront portés à 10 milliards d'euros, financés principalement par les organismes HLM.

De nombreux élus et associations ont critiqué les restrictions budgétaires annoncées cet été, comme la baisse des APL et des emplois aidés, très nombreux dans les quartiers populaires. Une centaine de maires de tous bords ont lancé mi-octobre un appel à l'Etat car la politique de la ville est entrée selon eux "dans une phase critique et de désespérance". Ils ont listé dix mesures "urgentes", dont le doublement du budget de la politique de la ville (430 millions d'euros prévus pour 2018).

AFP

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