France - Politique

Le choix de Castaner pour diriger LREM oblige Macron à un mini-remaniement

  • Publié le 20 novembre 2017 à 21:05
  • Actualisé le 20 novembre 2017 à 21:09

Emmanuel Macron doit décider d'ici mercredi un mini-remaniement pour remplacer Christophe Castaner, devenu chef de La République en marche, en nommant un nouveau porte-parole du gouvernement et en tranchant sur son maintien ou non au poste de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.


Il s'agira du second remaniement après celui de juin qui avait vu partir François Bayrou, Richard Ferrand, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard.
S'il a reconnu implicitement mercredi qu'il ne serait plus porte-parole du gouvernement une fois élu à LREM, Christophe Castaner n'a cessé de répéter qu'il estimait possible de garder son portefeuille. Plusieurs membre de l'exécutif proches d'Emmanuel Macron et des responsables de La République en marche ont défendu sa position ce week-end, relevant que le rôle de chef de LREM est bénévole.

"Il y aura dans les heures ou les jours qui viennent un remaniement, dont je pense qu'il sera de faible ampleur", a indiqué lundi M. Castaner sur France Inter, réaffirmant qu'il ne voyait pas d'incompatibilité entre le rôle de chef de parti, "militant" et "bénévole", et son maintien au gouvernement. "Faire de la politique" quand on est ministre "ce n'est pas un gros mot", a-t-il affirmé.

Allant dans le même sens, le secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux a considéré qu'il n'était est "pas incompatible de pouvoir mener de front le travail avec le Parlement". Même avis du secrétaire d'Etat Julien Denormandie : "Etre délégué général d'un mouvement, c'est une fonction qui n'est pas rémunérée. Vous devez avoir un autre métier à côté. Moi, à titre personnel, je pense qu'il peut concilier les deux", a-t-il dit. "Le poste de délégué général, ce n'est pas un poste, c'est un engagement, et donc ça ne l'oblige pas à démissionner de son poste au gouvernement", a abondé la députée LREM Marie Lebec sur RFI.

- 'En marche arrière'? -

En revanche Astrid Panosyan, membre de la direction provisoire de LREM, a jugé qu'un tel cumul posait "un problème". "Comment ferait-on la part des choses entre ce qu'il dirait en tant que ministre et en tant que délégué général de LREM ? (...) Nous courons le risque de perdre en impact et en efficacité", a-t-elle déclaré à L'Obs.

"Voilà que le président Macron, qui rejetait les grands partis quand il était candidat, a transformé son mouvement en parti avec les vieilles méthodes : désignation de Castaner à main levée par le Conseil national, adhérents évincés, cooptation entre amis? C'est la démocratie en marche arrière!" , a critiqué pour sa part Brigitte Kuster, porte-parole de LR.

Pour les analystes, un tel cumul enverrait un mauvais signal. "Ceux qui sont montés au créneau pour défendre le maintien de Christophe Castaner au gouvernement soulignent que le poste est bénévole et qu'il faut qu'il gagne sa vie", s'est étonné le politologue du Cevipof Bruno Cautrès.
"Comme s'il s'agissait de positiver sur le fait que la fonction de délégué général d'En marche est bénévole, et que s'il était rémunéré il ne resterait pas au gouvernement. Or il peut redevenir député et serait pleinement dans son rôle pour être chef d'un parti", a-t-il jugé. "Un ministre parle au nom de l?intérêt général et un chef de parti au nom d'un intérêt partisan. Que la même personne tienne ces deux discours n'est pas évident", a-t-il ajouté.

"Le choix de Castaner à la tête de LREM est surprenant à deux titres. D'abord parce qu'il était un excellent porte-parole, qui jouait sur une image de proximité, plus populaire et plus à gauche que l'exécutif", commente pour a part Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique. .

"Ensuite parce que sa nomination donne un coup de vieux à En Marche. Le fait qu?il n?ait pas été élu, qu?on explique qu?il va demeurer ministre pour pouvoir être payé, qu?il vienne du PS à la base, que ce soit un homme - tout cela n?est pas moderne, ne correspond pas à En Marche. Ce qui menace LREM de devenir un parti comme les autres", a-t-il aussi estimé.
leb/chr/swi

AFP

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