Allemagne

Les sociaux-démocrates prêts à aider Merkel, sous condition

  • Publié le 1 décembre 2017 à 17:45
  • Actualisé le 1 décembre 2017 à 18:27

Conservateurs d'Angela Merkel et sociaux-démocrates se sont dits prêts vendredi à discuter ensemble pour sortir l'Allemagne de l'impasse politique, mais avec des priorités encore divergentes sur le mode possible de coopération.


La CDU, le parti démocrate-chrétien de la chancelière "est disposé à mener des discussions sérieuses au sujet d'un gouvernement stable", a déclaré un des dirigeants du mouvement à Berlin, Klaus Schüler, au lendemain d'une rencontre au sommet entre Angela Merkel et le président du parti social-démocrate, Martin Schulz.
Ce dernier s'est lui aussi dit disposé à négocier avec les conservateurs sur les moyens de former un nouveau gouvernement dans le pays, à la suite des élections législatives du 24 septembre qui n'ont pas permis de dégager une majorité évidente.
Mais il a refusé l'idée que cela signifie "automatiquement" une prolongation de la coalition gouvernementale actuelle entre son parti et les démocrates-chrétiens allemands.
"Nous avons de nombreuses options pour former un gouvernement, nous devrions parler de chacune de ces options, et c'est ce que je vais proposer à la direction du parti lundi", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin.
Le SPD envisage un soutien limité sur certains dossiers à un gouvernement minoritaire des conservateurs de la chancelière, auquel il ne participerait pas. Une formule rejetée jusqu'ici par Angela Merkel car susceptible selon elle à mettre en danger la stabilité du pays.
L'Allemagne est actuellement dirigée par un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, avec la chancelière conservatrice à sa tête.
Après l'échec des pourparlers avec les libéraux et les écologistes, seule une poursuite de l'alliance existante depuis 2013 entre conservateurs et sociaux-démocrates du SPD peut permettre d'obtenir la majorité absolue.


- Rumeurs "inacceptables" -


Après avoir essuyé le score le plus mauvais de son histoire aux législatives, le SPD avait décidé de se ressourcer dans une cure d'opposition. Il s'est laissé convaincre de discuter sous la pression du président allemand Frank-Walter Steinmeier, lui-même social-démocrate, mais reste très réticent.
M. Schulz s'est d'ailleurs emporté contre les informations "complètement fausses" - véhiculées peu avant son intervention par le quotidien populaire Bild -, selon lesquelles son parti était convenu d'entamer des discussions exploratoires pour former une nouvelle alliance avec Angela Merkel.
Ces rumeurs "semblent provenir de sources proches des conservateurs", a-t-il ajouté, "et je viens justement de téléphoner à ce sujet à Mme Merkel pour lui dire que cela est inacceptable", a-t-il lancé.
La relation entre les deux partis est déjà empoisonnée par la controverse autour de l'autorisation du glyphosate: le ministre de l'agriculture, membre parti bavarois CSU, allié à celui de la chancelière, a donné cette semaine son feu vert à Bruxelles à la réautorisation de cet herbicide controversé, sans concertation avec le reste de son gouvernement.


- Macron -


Quelle que soit la forme de l'éventuelle coopération des deux partis, elle sera aussi soumise à conditions, a mis en garde le patron des sociaux-démocrates.
"Nous avons besoin d'une autre Europe et nous ne devrons plus répondre par un non, ou ne pas répondre du tout, aux initiatives prises par le président français" Emmanuel Macron, sur une réforme de la zone euro, a-t-il dit. Sans changement de position de l'Allemagne sur ces questions, il n'y "aura pas de soutien du SPD à un futur gouvernement", a-t-il mis en garde.
Le plus vieux parti d'Allemagne rechigne à l'idée de faire durer la coalition des deux grands partis rivaux au plan national, de crainte de nourrir par ce biais les extrêmes. Les deux formations ont gouverné ensemble le pays à deux reprises depuis 2005 mais ont enregistré des scores décevants aux législatives de septembre.
Il reviendra aux militants du SPD de décider la semaine prochaine en congrès à partir de jeudi s'ils acceptent que le parti débute des pourparlers avec les conservateurs.
Les jeunes sociaux-démocrates (Jusos) ont déjà fait savoir qu'ils rejetaient une nouvelle participation au gouvernement et lancé une pétition sur les réseaux sociaux sous le hashtag #NoGroko.

Par Joris FIORITI - © 2017 AFP

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