Culture

"Les heures sombres": Gary Oldman glorifie le verbe de Churchill

  • Publié le 2 janvier 2018 à 18:28
  • Actualisé le 2 janvier 2018 à 18:33

Gary Oldman, dans la peau de Winston Churchill, sera un des acteurs à battre aux prochains Oscars pour sa performance dans "Les heures sombres" de Joe Wright, où il apporte à l'écran un souffle épique au verbe incandescent du "vieux lion" britannique.


Si le fougueux Churchill préféra longtemps s'exprimer sur les champs de bataille, c'est par la plume qu'il remporta ses plus grandes victoires. Pour en faire la démonstration, "Les heures sombres", dans les salles mercredi, s'articule autour de discours que le dirigeant, alors âgé de 65 ans, rédigea dans le contexte critique du début de la Seconde Guerre mondiale. Le 10 mai 1940, alors que débute la "Bataille de France", qui aboutira six semaines plus tard à l'invasion par l'Allemagne nazie des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France, Neville Chamberlain démissionne de son poste de Premier ministre.

Churchill lui succède, malgré le scepticisme du roi George VI, et se voit déjà contesté à l'intérieur même de son parti. Pourtant, l'heure est grave: négocier un traité de paix avec l'Allemagne - ce pour quoi plaide l'establishment - ou la combattre encore plus fort, alors que ses troupes essuient de lourdes pertes sur les côtes françaises. Or, la vie de plus de 300.000 hommes, piégés à Dunkerque et ses plages, est en jeu.

Si le film montre les qualités de meneur de Churchill, sa grande part de doutes est également mise en évidence. Gary Oldman, pour lequel une transformation physique étonnante a été opérée avec l'aide de prothèses, oscille parfaitement dans cet entre-deux, où cheminent les décisions de son personnage. Pour l'acteur britannique ("Dracula", "La taupe"), l'élément le plus déterminant dans son travail d'appropriation du personnage restait cependant le verbe. "Je voulais prononcer ses mots. Ses discours sont ce qu'on trouve de plus remarquable dans le genre. Ils ne sont ni grandiloquents ni surchargés de métaphores ou d'images. Il comprenait les gens à qui il s'adressait et il s'assurait que les mots qu'il prononçait leur allait droit au coeur", explique-t-il dans la note d'intention du film.

- "Nous ne nous rendrons jamais" -

Churchill, c'est avéré, n'hésitait pas à aller à la rencontre de la population. Une de ces consultations improvisées fait l'objet d'une séquence fictive où il va prendre le métro, entouré par des Londoniens médusés par sa présence. Pas de discours cette fois. Le Premier ministre est à l'écoute. Et c'est lorsque retentit un "Elevons-nous contre la tyrannie", qu'il finit par être conforté dans son intime conviction.

Cela se traduira par "l'opération Dynamo", au terme de laquelle plus de 300.000 combattants seront évacués de Dunkerque et ramenés au pays dans des navires de la Royal Navy, des ferries, des chalutiers, des bateaux de plaisance... Coïncidence cinématographique, l'été dernier sortait "Dunkerque", réalisé par Christopher Nolan qui a filmé de façon étouffante ces deux semaines de combat dans les airs, sur mer et au sol. L'épilogue de "Dunkerque" montre un de ces soldats rescapés qui lisait à voix haute le discours de Churchill saluant la vaillance des troupes et prévenant l'ennemi que le Royaume-Uni ne se laissera jamais envahir.

L'épilogue des "Heures sombres" montre avec une intensité au paroxysme Churchill prononçant, le 4 juin 1940 à la Chambre des communes, ce même discours resté dans les mémoires. "Nous irons jusqu'au bout, nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu'une force grandissante dans les airs, nous défendrons notre Île, peu importe ce qu'il en coûtera, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains de débarquement, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines. Nous ne nous rendrons jamais", prévenait-il dans sa péroraison. Un texte qui redonna espoir à tout un peuple, alors que Churchill, ovationné par les parlementaires, aurait selon la légende murmuré à un collègue: "Et nous les combattrons avec des culs de bouteilles brisées, parce que c'est tout ce qu'il nous reste".

AFP

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