Affaire Fiona

Nouveau procès en appel après le fiasco du précédent

  • Publié le 29 janvier 2018 à 18:39
  • Actualisé le 29 janvier 2018 à 20:15

A l'automne, une querelle d'avocats avait fait capoter une première audience. Le procès en appel de l'affaire Fiona recommence lundi devant la cour d'assises de Haute-Loire, avec l'espoir de percer le mystère de la fillette disparue en 2013.


Cécile Bourgeon, la mère condamnée à 5 ans de prison en première instance pour avoir fait croire pendant des mois à un enlèvement de l'enfant, et Berkane Makhlouf, son ex-compagnon condamné à 20 ans de réclusion pour avoir porté des coups fatals à Fiona, comparaissent à nouveau au Puy-en-Velay.
Toujours en l'absence du corps de la victime, que les accusés disent avoir enterré dans une forêt autour de Clermont-Ferrand mais qui n'a jamais été retrouvé. Et toujours avec un grand flou sur les faits - les deux anciens toxicomanes se rejettent la faute ou avancent l'hypothèse d'un accident.
Le 13 octobre dernier, une première audience d'appel avait avorté quand les avocats de la défense, Me Renaud Portejoie et Me Mohamed Khanifar, avaient quitté le palais de justice avec fracas, au motif que leur "probité" avait été "mise en cause" par le conseil d'une association de protection de l'enfance, Me Marie Grimaud. Très présente dans les débats, celle-ci avait dénoncé des connivences autour de l'interrogatoire d'un témoin.
Cette passe d'armes - ou querelle d'ego - avait provoqué le renvoi de l'affaire. Quelques jours plus tard, c'était au tour du père de Fiona, Nicolas Chafoulais, de fustiger dans la presse des "arrangements entre amis".
"Le renvoi, c'était une mascarade, on était au théâtre. On ne parle plus des faits, on n'est plus là pour l'assassinat de ma fille mais pour voir des avocats se tirer dans les pattes", pestait encore, à quelques jours de la nouvelle audience, celui qui s'est fait tatouer dans le cou le prénom de l'enfant. "Maintenant, il faut que la justice prouve qu'elle est compétente."

- 'Divine surprise' -

Tous se sont retrouvés lundi à 14H00 dans une ambiance, pour l'heure, feutrée. Les avocats de Cécile Bourgeon et Me Grimaud se sont salués cordialement et Nicolas Chafoulais, la tête enfouie sous une capuche noire, n'a rien dit à son arrivée.
Emmitouflé dans une polaire, visage glabre et cheveux cours, Berkane Makhlouf, 36 ans, est arrivé le premier dans le box des accusés. Cécile Bourgeon, 30 ans, longue chevelure peroxydée et le visage mangé par une frange, a pris place à son tour, sans un regard pour son ex-compagnon. Neuf femmes siègent comme jurés aux côtés des magistrats professionnels, après tirage au sort et récusations.
"Aujourd'hui, nous souhaitons que la justice passe sereinement, comme en première instance. Nous n'avons aucune agressivité et nous espérons que les uns et les autres sont dans ce même état d'esprit", assurait la semaine dernière Me Renaud Portejoie.
Acquittée des faits criminels par la cour d'assises du Puy-de-Dôme à Riom, en 2016, la mère de Fiona, détenue depuis 2013 comme Berkane Makhlouf, pourrait sortir de prison en février en cas de verdict similaire en appel - il est attendu le 9 février.
Mais l'audience pourrait une nouvelle fois s'envenimer avec l'audition de trois nouveaux témoins demandée par Me Grimaud.
"J'espère que la vérité va émerger, que cette petite fille aura une sépulture digne de ce nom. L'enjeu est de comprendre ce qu'elle a vécu. Il y a des détails qui n'ont jamais été abordés. J'estime que j'ai une ligne assez nouvelle. Peut-être qu'il y aura un autre procès. On le saura au bout d'une semaine", a-t-elle déclaré lundi à la presse, ajoutant : "des passes d'armes il y en aura, j'espère moins virulentes que la dernière fois".
"On verra , c'est toujours la divine surprise", a répondu pour sa part Me Gilles-Jean Portejoie, autre avocat de Cécile Bourgeon, interrogé sur d'éventuelles révélations à venir. "Je souhaite naturellement qu'elle dise ce qu'elle sait", a-t-il ajouté au sujet de sa cliente.

2018 AFP

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