Enquête pour viol

La droite accentue la pression sur Darmanin

  • Publié le 29 janvier 2018 à 20:22
  • Actualisé le 29 janvier 2018 à 20:34

La droite a mis lundi la pression sur le ministre Gérald Darmanin (ex-LR) pour qu'il démissionne, après l'enquête préliminaire suite à une accusation de viol le visant, tandis que la majorité continue d'appeler au respect de la présomption d'innocence.


"Compte tenu des graves accusations qui sont portées, et pour la sérénité de l'action publique, nous pensons qu'il n'a pas d'autre choix que de démissionner", a estimé l'une des porte-parole des Républicains, Laurence Sailliet.
La justice a récemment rouvert à Paris l'enquête sur une accusation de viol visant le ministre de l'Action et des comptes publics pour des faits présumés remontant à 2009 -qu'il conteste vigoureusement, avec une plainte pour dénonciation calomnieuse. Une première plainte mi-2017 avait été classée sans suite.
La plaignante est une ancienne call-girl, qui accuse M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, de lui avoir fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie dans une affaire judiciaire en échange de faveurs sexuelles.
"Le monde vertueux, irréprochable d'Emmanuel Macron se casse la figure", a asséné une autre porte-parole de LR, Lydia Guirous, citant les noms de Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, mis en cause dans des affaires et qui ont quitté le gouvernement d'Edouard Philippe.
Prudente, la première vice-présidente des Républicains, Virginie Calmels, n'a en revanche pas voulu "prendre parti sur quelque chose qui pourrait être vraiment très grave si c'était révélé vrai mais qui peut être aussi très grave s?il s?agissait d?allégations purement mensongères". Pas d'appel à la démission non plus du député LR Guillaume Larrivé, pour qui il ne doit pas y avoir de "tribunal médiatique".
Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR), dont M. Darmanin est proche, lui a apporté "tout (son) soutien", dénonçant "une campagne politique indigne".
Ancien soutien de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite, l'ancien maire de Tourcoing et ex-député du Nord était encore récemment secrétaire général adjoint de LR, avant de rejoindre Emmanuel Macron au gouvernement et d'adhérer à La République en marche.

- Pièce maîtresse du gouvernement -

Après le budget en fin d'année, il défendait encore la semaine dernière devant l'Assemblée nationale le projet de loi sur le droit à l'erreur en "bon rhétoricien" face à l'opposition, observe un responsable LREM.
"Il est très bon sur le volet politique, ça fait du bien dans un gouvernement avec pas mal de technos", lui rend hommage un jeune parlementaire de la majorité, selon qui "la greffe a bien pris, il joue le jeu, est accessible, vraiment dans une logique LREM".
A 35 ans, M. Darmanin est devenu une des pièces maîtresses du gouvernement et ses ennuis judiciaires affaiblissent par ricochet Edouard Philippe, lui aussi issu de la droite et dont il est sans doute le plus proche au sein d'un gouvernement dominé par la Macronie.
Le ministre, qui n'a pas transmis à la presse son programme pour la semaine, garde "toute la confiance" du chef du gouvernement, avait fait savoir Matignon dès samedi.
En pointe dans la lutte contre les violences sexuelles, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a demandé lundi de "laisser la justice sereinement travailler". Et s'il y avait mise en examen pour viol, "bien évidemment, il devrait quitter le gouvernement".
Lancée dimanche par des féministes, la pétition en ligne demandant au Premier ministre de mettre fin dès à présent aux fonctions de M. Darmanin rassemblait lundi plus de 3.000 signatures.
"Très favorable" à la libération de la parole des femmes, dans la lignée du mouvement #Balancetoporc, la porte-parole des députés "marcheurs" Aurore Bergé a plaidé qu'"il ne faut pas que la présomption d?innocence soit balayée demain par une présomption de culpabilité".
A gauche, l'ex-ministre Stéphane Le Foll estime aussi que contraindre M. Darmanin à la démission reviendrait à "juger avant que la justice ait fait son travail".

2018 AFP

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