Chute boursière

Nouveau coup de tabac à Wall Street

  • Publié le 9 février 2018 à 02:27
  • Actualisé le 9 février 2018 à 09:37

La Bourse de New York, après plusieurs séances tumultueuses, a de nouveau été saisie jeudi par une grande fébrilité, faisant chuter ses indices vedettes de plus de 10% depuis les sommets atteints fin janvier.


Le Dow Jones Industrial Average, qui regroupe 30 grands noms de Wall Street, a perdu 4,15%, soit plus de 1.000 points.
Depuis son record le 26 janvier, il a abandonné 10,35%. Le S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, a de son côté reculé de 3,75%. Il a aussi dégringolé de 10,16% depuis son dernier record fin janvier. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a lui lâché 3,90%.

"Les vendeurs ont clairement pris les manettes, toute l'ébullition qu'on a vu en janvier est désormais effacée", a remarqué Adam Sarhan, gérant de portefeuille à 50 Park Investment. "Le marché cherche une direction. Et tant que rien ne change, la tendance est à la baisse."

La déroute de Wall Street a été déclenchée la semaine dernière par une montée rapide du taux d'emprunt à dix ans des Etats-Unis. Après plusieurs mois d'euphorie boursière et sur fond d'amélioration de l'économie, les investisseurs se sont soudainement inquiétés d'une possible accélération de l'inflation et d'une remontée plus rapide que prévu des taux d'intérêt de la banque centrale américaine.
Cette évolution rend plus cher le coût des emprunts aussi bien pour les entreprises que pour les investisseurs et offre aux courtiers un placement désormais un peu plus rémunérateur et moins risqué que les actions.

En cours de séance jeudi, ce taux d'emprunt a grimpé jusqu'à 2,882%, soit tout près de son niveau atteint lundi quand le Dow Jones a enregistré sa pire chute depuis 2011. Il est ensuite redescendu mais la nervosité était installlée. Les investisseurs gardaient aussi jeudi un oeil sur Washington, où le Congrès devait voter sur un accord budgétaire scellé mercredi entre la majorité républicaine et l'opposition démocrate du Sénat.

"La perspective de voir les dépenses de l'Etat augmenter a alimenté le mouvement de vente sur le marché" de la dette américaine, ont souligné les analystes de Briefing. Aussi après avoir démarré près de l'équilibre, les indices ont peu à peu perdu de la vigueur avant d'accélérer leur débandade en fin de séance. Ils sont désormais revenus à leur niveau de novembre.

"Quand on voit deux mois et demi de gains effacés en quelques jours, ce n'est pas anodin", a relevé M. Sarhan. "Ce n'est pas seulement Monsieur et Madame Dupont qui vendent leurs actions, ce sont les gros investisseurs institutionnels."
D'autres observateurs étaient moins inquiets.

- Frustration -

"Le marché des actions va continuer à évoluer comme cela (en dents de scie) sans que l'on sache quand cela va s'arrêter", a estimé Art Hogan, de Wunderlich Securities. Dans les salles de marchés, l'ambiance "est plus à la frustration qu'autre chose", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas vraiment de la panique (...) c'est une façon de tester jusqu'où on peut descendre."

"Quand les indices montaient bien plus rapidement que ce qu'ils devaient, personne ne disait rien", a rappelé Nancy Tengler, responsable des investissements chez Heartland Financial. "Maintenant qu'ils se recalibrent, tout le monde devient nerveux et inquiet."
Pourtant, a-t-elle souligné, les taux d'emprunt ont déjà été bien plus élevés par le passé. Interrogé sur la chute du Dow Jones, un porte-parole de la Maison Blanche a mis en avant le faible taux de chômage et les bénéfices élevés des entreprises, "des éléments fondamentaux qui reflètent une économie en forme".

Le marché digérait aussi jeudi une nouvelle salve de résultats d'entreprises, dont ceux du réseau social Twitter qui a bondi de 12,15% à 30,18 dollars après avoir dégagé pour la première fois de son histoire des bénéfices au quatrième trimestre. Le constructeur de véhicules électriques Tesla, qui a essuyé la plus grosse perte trimestrielle de son histoire au quatrième trimestre mais a aussi assuré pouvoir tenir les objectifs de production du Model 3, sur lequel il mise beaucoup, est tombé de 8,63% à 315,23 dollars.

Le constructeur aéronautique Boeing est descendu pour sa part de 4,84% à 329,66 dollars. Selon le Wall Street Journal, le groupe négocie actuellement le rachat du fabricant de pièces détachés pour l'aéronautique Woodward, qui avait mercredi soir une capitalisation boursière de 4,7 milliards de dollars.

AFP

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