Tuerie au lycée

Trump exhorté à l'action par les parents des victimes de Floride

  • Publié le 16 février 2018 à 21:09
  • Actualisé le 16 février 2018 à 21:26

"Président Trump, agissez ! Des actes ! Les enfants ont besoin de sécurité !" Deux jours après la tuerie perpétrée par un ancien élève dans un lycée de Floride, la mère d'une adolescente décédée et d'autres proches de victimes ont exhorté vendredi le dirigeant des Etats-Unis à agir contre les armes à feu.


Parmi les parents parvenant à surmonter leur désespoir pour s'exprimer devant les caméras, Lori Alhadeff a suscité une vive émotion par l'intensité de ses suppliques. Elle a perdu sa fille de 14 ans, Alyssa.
"Des actes ! Des actes ! Des actes !", a-t-elle crié sur l'antenne de CNN, en interpellant directement le locataire de la Maison Blanche, qui a annoncé vendredi qu'il allait se rendre ce même jour en Floride pour rencontrer des victimes de la tragédie.
Nikolas Cruz, un jeune homme de 19 ans qui avait été renvoyé de cet établissement situé dans la ville de Parkland, a ouvert le feu mercredi au fusil semi-automatique dans les classes. Ses balles ont fauché une trentaine de personnes, dont 17 sont décédées, parmi lesquelles une majorité d'adolescents.
Interpellé peu après, il est poursuivi pour 17 meurtres avec préméditation.

- 'Morte ! Froide !' -

"Je viens de voir ma fille, au corps froid comme la glace. Elle a reçu des tirs dans le coeur, dans la tête, dans la main. Morte ! Froide ! Elle ne reviendra pas", a martelé Mme Alhadeff, à l'issue d'une veillée ayant rassemblé des milliers d'habitants.
Le président Trump, qui avait été activement soutenu dans sa campagne par les lobbys des armuriers, s'est pour l'instant gardé d'établir un lien entre la dissémination des armes à feu dans le pays et la fusillade qui a semé en quelques secondes la mort et le chaos au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland.
A l'inverse, M. Trump a insisté sur les perturbations mentales de Nikolas Cruz, en soulignant vouloir porter ses efforts sur le terrain de la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques.
"Je vais me rendre en Floride aujourd'hui (vendredi) pour rencontrer des gens parmi les plus courageux sur Terre - mais des gens dont les vies ont été totalement anéanties", a tweeté le président.
M. Trump n'a pas précisé quand il allait rencontrer les victimes, mais il a prévu de se rendre dans sa résidence de Mar-a-Lago, qui se trouve non loin de Parkland, pour le long week-end de President's Day.
En tout cas, il sera attendu de pied ferme par les rescapés de la fusillade et les familles endeuillées.

- 'No guns 4 kids -

Le long de la route vers le lycée, des pancartes récemment posées affichent: "No guns 4 kids" ("Pas d'armes pour les enfants").
"Trop c'est trop. Il est urgent d'adopter des lois de bon sens qui empêcheraient les personnes malades mentales de se procurer des armes qu'elles ne devraient pas avoir en main", a confié à l'AFP Diana Umpiere, une résidente locale.
"Mon Alyssa n'est plus. Mais désormais je me bats pour les autres enfants qui continuent à aller à l'école", a de son côté assuré Lori Alhadeff.
Comme elle, de nombreux élèves ou parents de Floride ont lancé des appels à davantage réglementer l'accès aux armes les plus mortelles, facilement accessibles actuellement par des mineurs de 21 ans.
"C'est quelque chose qui peut être stoppé", a estimé Cameron Kasky, scolarisé au lycée. Selon lui l'accent mis sur les maladies psychiques "sert à éviter de parler de la limitation à l'accès aux armes".
Everytown for Gun Safety et Moms Demand Action, deux organisations en pointe de ce combat, ont lancé vendredi une initiative nationale pour écarter les élus qui temporisent sur la question.
"L'heure est venue de les dégager", a justifié John Feinblatt, le président of Everytown for Gun Safety.
"Les Américains en ont assez des excuses et de l'inaction: il est temps d'élire des responsables qui vont enfin agir pour arracher des vies à la violence des armes à feu".
Chaque tuerie par arme à feu endeuillant les Etats-Unis ouvvre un cycle immuable de réactions horrifiées, suivies de prières et d'indignation, avant que les divisions politiques ne débouchent sur une impasse législative.
Le sénateur républicain de Floride et ancien candidat à la primaire présidentielle Marco Rubio, est lui directement visé par des panneaux mobiles, dévoilés vendredi à Miami. Avec le message suivant: "Massacrés à l'école; Et pourtant toujours aucune mesure contre les armes; Comment cela se fait, Marco Rubio ?"
L'enquête judiciaire se poursuivait en parallèle, avec une question aiguë: la police fédérale, qui avait été alertée en septembre sur l'existence d'un commentaire menaçant laissé par Nikolas Cruz sur un site en ligne, a-t-elle failli ?
Lors d'une brève comparution jeudi devant une magistrate, M. Cruz est apparu prostré entre ses avocats, les membres entravés par des chaînes, avec un visage aux traits encore juvéniles.
Face aux enquêteurs, il a reconnu être l'auteur de l'attaque, qu'il a menée avec un fusil d'assaut et des chargeurs de munitions qu'il transportait dans un sac à dos.
Réussissant à se fondre parmi les élèves évacués, il est ensuite allé s'acheter à boire dans une sandwicherie Subway, puis s'est arrêté dans un McDonald's, avant d'être interpellé.

2018 AFP

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