[VIDÉO] Violon en deuil

Mort du violoniste de jazz Didier Lockwood

  • Publié le 19 février 2018 à 06:00
  • Actualisé le 19 février 2018 à 06:37

Le grand violoniste de jazz Didier Lockwood est mort dimanche d'une crise cardiaque à Paris à l'âge de 62 ans, laissant un grand vide sur la scène musicale bien au-delà des frontières de l'Hexagone. L'artiste est décédé après avoir donné un concert la veille au soir au bal Blomet, une salle de jazz parisienne. Didier Lockwood était venu à La Réunion à plusieurs reprises. La dernière fois c'était en octobre 2017 où il s'était produit avec des artistes indiens

"Son épouse, ses trois filles, sa famille, son agent, ses collaborateurs et sa maison de disque ont la douleur de faire part de la disparition brutale de Didier Lockwood dans sa 63ème année", indique le communiqué transmis par son agent à l'AFP.

Didier Lockwood s'était produit à plusieurs reprises à La Réunion, comme ici au Parc de l'Oasis au Port en 1990

 

Considéré comme son fils spirituel par l'ancien accompagnateur de Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, Didier Lockwood avait partagé une dernière scène début février avec le grand batteur André Ceccarelli. Il était un grand représentant du jazz français à l'international, à travers une carrière rythmée par près de 4.500 concerts et plus de 35 enregistrements.

"Profondément généreux et communicatif, il va manquer à ses amis, à la musique, à tous les enfants qu'il avait envie d'éclairer avec sa passion", a déclaré la ministre de la Culture Françoise Nyssen à l'AFP, qui l'avait connu comme vice-président du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle. "Il voulait faire de la musique sans frontières et sans a priori", a ajouté la ministre.

 

Né à Calais le 11 février 1956 dans une famille franco-écossaise, fils d'un professeur de musique, il avait débuté l’apprentissage du violon à l’âge de 7 ans et s’était intéressé très tôt à l’improvisation grâce à son frère aîné Francis, pianiste de jazz. A 17 ans, Didier Lockwood avait fait ses débuts au sein de Magma, alors le groupe phare du rock progressif en France. Il a ensuite occupé le paysage à travers de nombreux projets et rencontres, dans divers styles: jazz-fusion électrique, jazz acoustique, jazz manouche, jazz et musique classique.

 

 

Au cours de sa carrière, il a créé deux opéras, deux concerti pour violons et orchestre, un concerto pour piano et orchestre, des poèmes lyriques et bien d’autres pièces symphoniques, sans oublier des musiques de films.

-'M. 100.000 volts'-

"Didier c'était M. 100.000 volts. Je n'arrive pas à réaliser", a confié son agent Christophe Deghelt. "Il était très humain. C'était un homme très élégant. Il aimait partager, enseigner". "On avait énormément de projets en cours. Il venait d’enregistrer un disque avec son épouse (la soprano) Patricia Petibon", a ajouté M. Deghelt. Il avait auparavant été l'époux de la chanteuse lyrique Caroline Casadesus, avec qui il avait créé le spectacle "Le Jazz et la diva".

Didier Lockwood était très impliqué dans l'éducation à la musique: auteur d'une méthode d'apprentissage du violon jazz, il avait créé en 2001 le Centre des musiques Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), une école d'enseignement de l'improvisation.

Commandeur de l'ordre national du mérite, le jazzman avait remis en 2016 un rapport au gouvernement sur l'apprentissage de la musique. Il s'y inquiétait d'une enfance "formatée" par la technologie moderne et en "panne de sens" et prônait un apprentissage de la musique par plus d’oralité et moins de solfège.

Le jeune violoniste Scott Tixier a salué sur Twitter la mémoire d'un "grand maître du violon jazz qui a influencé toute une génération de violonistes".

 

Didier Lockwood avait entamé une tournée pour présenter son dernier album "Open doors", sorti en novembre 2017 et enregistré avec André Ceccarelli, Romain Antonio Farao, et Darryl Hall.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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