Main basse

Après le Club Med, le chinois Fosun veut relancer la maison Lanvin

  • Publié le 22 février 2018 à 20:16
  • Actualisé le 22 février 2018 à 21:02

Le conglomérat chinois Fosun, qui a déjà relancé avec succès en France le Club Med, met un pied dans le luxe français avec l'acquisition de Lanvin, plus ancienne maison de couture de l'hexagone qui connaît des difficultés financières.


Fosun a annoncé jeudi être devenu "l'actionnaire majoritaire" de la société, soulignant que "le solide héritage de Lanvin en matière de mode, associé aux ressources mondiales de Fosun, lui permettra d'entrer dans une nouvelle phase d'expansion", selon un communiqué. Fosun Depuis 2001, Lanvin - plus ancienne maison de couture française encore en activité et présente dans cinquante pays - était détenue à hauteur de 75% par la Hong-kongaise Shaw Lan Chu-Wang, qui en était le PDG, et à 15% par un entrepreneur allemand, Ralph Bartel. Tous deux vont garder "une part minoritaire" dans la société, précisent les deux groupes.
L'état des finances de la société n'est pas connue. Mais selon ses derniers comptes annuels déposés auprès du greffe de Paris, à la date du 31 décembre 2016, Lanvin affichait une perte nette de 20,3 millions d'euros - contre un bénéfice net de 2,9 millions un an plus tôt et 5,6 millions en 2013.

"Nous n'avons aucun doute sur le fantastique potentiel de croissance de cette marque de réputation internationale", a affirmé Guo Guangchang, président de Fosun International, cité dans le communiqué.

Selon lui, "peu de marques ont été capables non seulement de traverser un siècle mais également de continuer à briller et à être admirées comme Lanvin".
"La compréhension par Fosun de la marque, confortée par sa forte expérience sur les marchés européens et mondiaux, nous font penser que Fosun est le parfait partenaire stratégique à long terme pour la maison", a pour sa part souligné Nicolas Druz, directeur général délégué de Lanvin depuis l'automne dernier.
Côté création, l'actuel directeur artistique de Lanvin, Olivier Lapidus, est arrivé en juillet 2017, en remplacement de Bouchra Jarrar restée seulement 16 mois.

La maison avait été secouée par le départ du styliste Alber Elbaz, resté 14 ans chez Lanvin avant d'en être évincé en octobre 2015, une rupture de contrat qui avait poussé le comité d'entreprise de la société à déclencher un droit d'alerte sur la situation économique de l'entreprise.

- "Respect des valeurs" françaises -

En France, Fosun, tentaculaire conglomérat très diversifié, est devenu propriétaire à 100% du Club Med en 2015, au terme de la plus longue OPA de l'histoire de la Bourse de Paris. Au moment de son rachat, le Club Med affichait une perte nette de 12 millions d'euros: en juin 2017, son PDG Henri Giscard d'Estaing a affirmé que le pionnier des villages-clubs français, qui s'est repositionné ces dernières années sur le haut de gamme, était désormais "structurellement rentable".
Henri Giscard d'Estaing est également depuis mars 2017 "global partner" du groupe Fosun, et est donc amené, comme une vingtaine de ces "partenaires privilégiés", à siéger dans les hautes instances du conglomérat chinois.

"En tant que +global partner+ de Fosun, je suis heureux de voir Fosun poursuivre ses investissements dans notre pays et participer au développement de grandes marques françaises en respectant leur culture et leurs valeurs", a commenté M. Giscard d'Estaing, dans une déclaration transmise à l'AFP. "Comme cela se passe pour le Club Med depuis 2010, Lanvin bénéficiera pleinement du soutien de son actionnaire", a-t-il assuré.

"Alors que la Chine devient un des principaux acteurs de la croissance sur le marché mondial du luxe, nous croyons fermement que Fosun peut apporte une forte plus-value à Lanvin, tout en respectant le positionnement haut de gamme et l'exceptionnelle qualité des collections fabriquées en France et en Italie", a souligné Joann Cheng, directrice financière adjointe de Fosun International.

En France, dans le milieu de la mode, Fosun a déjà racheté 25% de la marque de mode Iro en juin 2016 D'autres géants chinois sont déjà présents dans le secteur français de la mode et de l'habillement, comme l'industriel Shandong Ruyi qui détient la majorité du groupe SMCP (Sandro, Maje et Claudie Pierlot), ou encore le fonds First Heritage Brands (anciennement Fung Brands) actionnaire à 100% depuis début 2016 de Sonia Rykiel.

AFP

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