Grève pour de meilleurs salaires

Des avions d'Air France cloués au sol

  • Publié le 22 février 2018 à 13:28
  • Actualisé le 22 février 2018 à 13:39

Pilotes, hôtesses, stewards et personnels au sol d'Air France se mobilisent jeudi dans une unité rare pour obtenir une augmentation générale des salaires de 6%, une revendication "déraisonnable" pour la direction, contrainte d'annuler la moitié des vols long-courriers.


La compagnie prévoit d'assurer au total "75% de son programme": dans le détail, 50% des vols long-courrier au départ de Paris, 75% des moyen-courrier au départ et vers Paris Charles-de-Gaulle et 85% des court-courrier. "Des perturbations et des retards" sont également possibles.
La direction estime le taux de grévistes à "28%". Selon une source interne, il est de 33% pour les pilotes, 37% pour les PNC (hôtesses et stewards) et 26% au sol.
A Nice, 12 vols prévus vers Paris, Lyon, Lille et Toulouse, et 12 autres devant atterrir à Nice ont été annulés, a-t-on appris auprès de la deuxième plateforme aéroportuaire de France. A Marseille, une dizaine de vols programmés entre 06H00 et 12H00 à destination de Bordeaux, Amsterdam ou Paris étaient annulés.
A Roissy, une famille russe en partance pour Munich se plaignaient d'avoir reçu plusieurs mails contradictoires d'Air France: "le premier nous disait que notre vol était annulé, le deuxième qu'il était maintenu, le troisième qu'il était retardé", a dit Elina Sigdel.
L'ensemble des syndicats représentatifs chez les pilotes (SNPL et Spaf) et les hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC et Unac) appellent à cesser le travail, ainsi que trois organisations au sol (CGT, FO et SUD) et trois non représentatives (Alter pour les pilotes, CFTC et SNGAF côté PNC).
Un rassemblement est prévu à 10H00 devant le siège de la compagnie à Roissy.
A l'origine du mécontentement, la revalorisation salariale appliquée en 2018, que les syndicats qualifient d'"aumône".
La direction a mis sur la table un projet d'accord prévoyant une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 1% en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d'augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté...) de 1,4% pour les seuls agents au sol.
Accepté par deux syndicats minoritaires (CFE-CGC et CFDT), le texte a été invalidé par une majorité de syndicats, puis mis en ?uvre de manière unilatérale par la direction.

- Revendication 'irréaliste' -

L'intersyndicale réclame une hausse de 6% des grilles salariales pour compenser la perte de pouvoir d'achat subie depuis 2011.
A l'heure où les comptes d'Air France s'améliorent, les efforts fournis par les salariés lors des précédents plans de restructuration (baisse d'effectifs, perte de jours de congés, etc.) doivent être récompensés, estime-t-elle.
"Les salariés ont besoin de ce retour, de cette reconnaissance", a estimé mercredi Philippe Evain, le président du SNPL Air France.
Le groupe Air France-KLM a affiché un bénéfice d'exploitation en hausse de 42% pour 2017 à 1,488 milliard d'euros, dont 588 millions d'euros pour la partie française.
"Si nos résultats se sont améliorés", ils restent "significativement en dessous de ceux de nos compétiteurs", a relevé mercredi le directeur général d'Air France, Franck Terner: "deux fois inférieurs à ceux de Lufthansa, trois fois inférieurs à ceux de British Airways".
"Pleinement conscient des efforts faits" par le personnel, M. Terner a défendu un "équilibre réaliste" entre "une juste rétribution des efforts" et les "investissements" nécessaires.
Une augmentation générale de 6%, que la compagnie chiffre à 240 millions d'euros, serait pour lui "déraisonnable et irréaliste".
M. Terner a rappelé que la compagnie avait "pour la première fois depuis 2011 débloqué les grilles" salariales et "surtout négocié un accord d'intéressement" à hauteur de "130 millions d'euros". Au total, les 44.200 salariés d'Air France "percevront cette année entre 3 et 4,5%" de plus que l'an dernier, a-t-il affirmé.
De leur côté, les syndicats menacent d'un mouvement plus dur "si la direction s'entête". "La journée du 22 février n'est que le point de départ d'un rapport de force qui se construit", a-t-elle prévenu.
Le SNPL, majoritaire dans les cockpits d'Air France (65% des voix), consulte d'ailleurs l'ensemble des pilotes jusqu'au 14 mars pour "recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail" pouvant dépasser six jours.
 

2018 AFP

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