Elections

En Italie, les électeurs au rendez-vous, une femen pour Berlusconi

  • Publié le 4 mars 2018 à 17:03
  • Actualisé le 4 mars 2018 à 19:16

Les Italiens étaient au rendez-vous dimanche pour des élections législatives qui devraient voir une poussée des populistes et de la droite de Silvio Berlusconi, dont le vote a été perturbé par une militante femen.


Plus de 46 millions d'électeurs sont invités à voter jusqu'à 23H00 (22H00 GMT): tous doivent élire 630 députés via un bulletin rose et ceux âgés de plus de 25 ans reçoivent aussi un bulletin jaune pour choisir les 315 sénateurs. A 12H00 (11H00 GMT), le taux de participation était d'environ 19,4%, selon le ministère de l'Intérieur. C'est 4 points de plus qu'en 2013, mais le scrutin avait alors été organisé sur deux jours.

Compte tenu de la complexité du nouveau système électoral, qui combine scrutin proportionnel et majoritaire, les premières indications sur la composition réelle du futur Parlement sont attendues très tard dans la nuit. A la sortie des bureaux de vote, nombre d'électeurs se montraient amers, au terme d'une campagne aux accents parfois violents, dominée par les questions liées à l'immigration, l'insécurité ou la faiblesse de la reprise économique en Italie.

"Cette campagne a été complexe et assez sordide, y compris de la part du parti pour lequel j'ai voté", a résumé Mirko Canali, coiffeur de 24 ans, électeur du Parti démocrate (PD, centre gauche) du gouvernement sortant. Si la coalition de droite/extrême droite est donnée en tête, elle est loin d'être certaine de pouvoir gouverner. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45%.

Or les derniers sondages, datant d'il y a deux semaines, plaçaient la coalition en tête avec 37% des intentions de vote, dont 17% pour Forza Italia, le parti de M. Berlusconi et 13% pour la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), devant le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste, 28%) et la coalition de centre gauche (27%).

- 'Instabilité permanente' -

Dimanche matin, la presse italienne semblait déjà résignée à ce qu'aucune majorité ne se dessine. "Le verdict contre l'Italie est toujours le même: le pays vit une instabilité permanente. L'ingouvernabilité est désormais une maladie endémique", se désolait Claudio Tito dans un éditorial dans La Repubblica.

Si la plupart des responsables politiques ont voté dans le calme, Silvio Berlusconi a eu la surprise de voir une militante Femen se dresser sur la table de son bureau de vote. "Berlusconi, tu es périmé", proclamait le message sur son torse nu. Inéligible depuis une condamnation pour fraude fiscale, le milliardaire âgé de 81 ans a choisi Antonio Tajani, président du Parlement européen, pour diriger le gouvernement en cas de victoire. Mais M. Salvini, fort d'une campagne tonitruante axée contre Bruxelles et les migrants, entend bien porter la Ligue devant FI et prendre lui-même les commandes.

Le chef du PD, Matteo Renzi, a appelé au "vote utile" contre cette union, brandissant aussi la menace d'une alliance post-électorale entre la Ligue et le M5S, qui officiellement s'en défendent. Vendredi, le mouvement fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, qui avait créé la surprise en raflant 25% des voix aux dernières législatives de 2013, a clôturé sa campagne en se disant certain de l'emporter.

- Nouvelle ère pour le M5S -

"Ce soir, c'est la fin de la période d'opposition et c'est le début de la période gouvernementale" du M5S, a assuré Luigi Di Maio, le jeune candidat du Mouvement au poste de chef du gouvernement. Le M5S pourrait en effet devenir le premier parti du pays, mais il lui faudra probablement se résoudre à des alliances pour gouverner.

"Le principal problème dans ce pays, c'est la corruption de la classe politique et sa connivence avec les puissants lobbies, les banques, le monde des affaires, un mal commun au monde entier mais particulièrement profond en Italie", a expliqué Massimiliano, gemmologue de 48 ans, après avoir voté M5S à Rome. A l'issue d'une campagne marquée aussi par la montée en puissance de mouvements néofascistes et des heurts récurrents entre forces de l'ordre et militants d'extrême gauche, des autocollants menaçants sont apparus samedi devant des dizaines d'appartements à Pavie, au sud de Milan: "Ici réside un antifasciste".

L'organisation du scrutin a aussi connu quelques difficultés.

A Palerme (Sicile), il a fallu ré-imprimer en urgence 200.000 bulletins. Plusieurs bureaux ont également été perturbés, en particulier à Rome, quand des erreurs ont été découvertes sur les bulletins. D'une manière générale, la procédure était fortement ralentie par un coupon anti-fraude qu'un assesseur doit prélever sur chaque bulletin avant qu'il soit mis dans l'urne: de longues files d'attente ont été signalées un peu partout dans le pays.

En revanche, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que le vote des 4 millions d'électeurs résidant à l'étranger, essentiellement par correspondance, s'était déroulé sans accroc.

AFP

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