Stationnement

À Paris, des milliers de contrôles de parcmètres étaient "bidon"

  • Publié le 7 mars 2018 à 19:54
  • Actualisé le 7 mars 2018 à 20:24

Des milliers de contrôles de stationnement réalisés dans les rues de Paris par une société privée, étaient en fait "bidon": la Ville, s'affirmant "trompée", se retrouve néanmoins taxée de légèreté, une pierre de plus dans le jardin d'Anne Hidalgo.


C'est le Canard Enchaîné qui a révélé l'affaire, confirmée par la Ville, de la "boîte qui gruge la mairie de Paris". Des employés de Streeteo, filiale d'Indigo (ex-Vinci Park), chargée du contrôle du paiement des parcmètres, saisissaient des immatriculations de véhicules flashés par les véhicules +Lapi+ qui sillonnent les rues, en prétendant les contrôler, mais sans quitter leur bureau.

Il s'agissait ensuite pour eux de justifier la non-verbalisation par des motifs tels "PMR" (personne à mobilité réduite), "personne agressive", personne "dans le véhicule" ou "autre", décrit le Canard. Fin janvier, à l'occasion d'un premier bilan de la réforme du stationnement, de compétence désormais municipale, "nous avons effectivement constaté un nombre anormalement élevé d'exemptions de paiement", a affirmé devant la presse Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports.

En même temps, une vidéo publiée sur YouTube par un agent de Streeteo dénonçait l'entourloupe. Sommée de s'expliquer, la société a ouvert une enquête interne "qui a permis d'établir ces pratiques", a ajouté l'élu. Des sanctions disciplinaires ont été demandées et des pénalités financières, non chiffrées, réclamées.

Depuis, "ces pratiques visant à tromper la mairie de Paris ont cessé" le 22 février, a ajouté M. Najdovski en insistant sur le fait qu'il s'agissait de "quelques individus isolés", qu'une seule des deux sociétés privées chargées du contrôle était en cause et qu'"aucun automobiliste n'a été lésé dans cette affaire".

- 'La confiance est rompue' -

Selon l'élu, ce couac ne concerne que "de 2 à 3% des transactions" quand le Canard Enchaîné, citant des agents, parle de "près de la moitié" des 50.000 contrôles quotidiens de Streeteo. Dans le cadre de la réforme permise par la loi sur les métropoles (loi Maptam) qui municipalise à partir du 1er janvier 2018 la gestion du stationnement, l'exécutif parisien, au terme d'un vif débat entre les élus, avait décidé de confier au privé la gestion des parcmètres et des amendes.

Deux lots ont été remportés par Streeteo et un lot par Urbis Park, à charge pour eux d'effectuer 25.000 contrôles par lot et par jour, sur les 140.000 parcmètres que compte Paris. "C'est une réforme qui marche", a néanmoins plaidé l'élu en évoquant une augmentation des paiements de parcmètres, jusque là ignorés par 90% des automobilistes selon la Ville, alors que la "physionomie des rues a changé. Grâce à une rotation plus grande, il y a maintenant des places disponibles dans les rues". "C'est un couac pour la société Streeteo, pas pour la mairie de Paris", a ajouté M. Najdovski.

Contacté par l'AFP, Indigo n'avait pas répondu en fin d'après-midi.

Ce n'est pas la première fois que Streeteo est montrée du doigt. En janvier, deux agents verbalisateurs avaient été contrôlés positifs au cannabis, et l'un conduisait sans permis. De nombreux automobilistes se sont également plaints d'amendes attribuées à tort, de bugs dans les réclamations, etc.

Alors que l'exécutif parisien subit actuellement une série de revers sur le Vélib' ou la piétonnisation des voies sur berge, "une fois de plus, la Ville s'illustre par une légèreté totale", a indiqué à l'AFP Florence Berthout, présidente du groupe LR au Conseil de Paris.
Le "marché a été attribué à un opérateur qui manifestement n'a pas les reins solides. Il n'a pas été accompagné par la Ville", a-t-elle accusé.

L'UDI-MoDem a demandé de "mettre un terme au contrat" avec Streeteo, "la confiance est rompue", a indiqué un communiqué pour qui les "automobilistes parisiens, déjà victimes d?erreurs techniques et d?un excès de zèle, se voient en tant que contribuables parisiens payer une entreprise qui semble escroquer la Ville de Paris. Pour eux, c?est la double peine".

AFP

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