Toujours la polémique

A Grenoble, pro et anti-Cantat irréconciliables

  • Publié le 15 mars 2018 à 02:02
  • Actualisé le 15 mars 2018 à 06:11

"Fans complices, Cantat assassin!" d'un côté, "justice oui, lynchage non" de l'autre: au lendemain d'un épisode tendu entre Bertrand Cantat et des militantes féministes, manifestantes et spectateurs sont apparus irréconciliables mercredi soir en marge du second concert du chanteur à Grenoble.


Une cinquantaine de personnes avait répondu à l'appel pour "dire NON au concert". Ce qui n'a pas dissuadé les fans de l'ancien leader du groupe Noir Désir venus en nombre dans cette salle de 950 places affichant complet pour les deux dates, a constaté une journaliste de l'AFP. Aux abords, le dispositif de sécurité avait été renforcé par rapport à la veille avec une vingtaine de policiers nationaux visibles mais discrets.

Dans la file d'attente depuis 18H30, Marianne, 38 ans, se dit "choquée" par les images de la veille. "Il venait pour essayer de dialoguer et il n'y a pas eu de dialogue possible, ça ne rend absolument pas hommage aux gens qui luttent vraiment contre les violences faites aux femmes, on aurait dit des hystériques", soupire-t-elle.

Pour elle, comme pour d'autres spectateurs dans le flot très mixte, Cantat "a fait sa peine (pour coups mortels sur sa compagne, la comédienne Marie Trintignant décédée en 2003, ndlr). Après il rechante. Il aurait été maçon, il serait retourné sur un chantier et ça n'aurait posé de problème à personne", estime la jeune femme. Elle "comprend que ce soit un problème pour les proches de la victime, mais ce n'est pas un problème pour la plupart des gens".

Fan de toujours, Stéphane, 44 ans, "ne soutient absolument pas l'acte mais l'artiste (...) un artiste qui a payé sa dette". Près d'une banderole "Tous/toutes ensemble contre le féminicide", Charlotte, d'Osez le féminisme Isère, reconnaît que la veille "ça a été violent". Mais elle met en cause la "provocation" de Cantat, "venu tout sourire, exprimant clairement son mépris. Forcément ça échauffe les esprits !"

De plus, "il s'est permis d'attraper la tête d'une femme et de l'embrasser sur le front. Elle avait clairement exprimé qu'elle ne voulait pas de contact, c'est une agression de plus!", estime celle qui espère "essayer de faire prendre conscience au public de qui est réellement Bertand Cantat et essayer d'en rallier certains".

- "Ne rien lâcher" -

"On ne veut pas qu'il meure mais juste qu'il ne chante plus en public", soupire une autre militante. Vers 19H30, alors que le flot de spectateurs grandissait à l'entrée de la salle, les militantes ont formé une haie devant les grilles en scandant: "Fans complices, Cantat assassin!", "Regagne ta dignité, déchire ton billet", "L'acclamer, c'est le cautionner". Quelques insultes ont fusé de part et d'autre.

Aux pancartes brandies par les féministes ont répondu celles de deux spectatrices proclamant "justice oui, lynchage non" et "non à la peine de mort sociale". A 21 heures, le concert a débuté sous les applaudissements et Bertrand Cantat a remercié le public "d'être là malgré tout", selon une journaliste de l'AFP.

Dehors, le parvis s'est vidé sans incident, les manifestantes promettant à Cantat de "ne rien lâcher", fortes des antennes de leurs associations un peu partout en France. A Clermont-Ferrand, le maire Olivier Bianchi a déclaré sur France bleu Pays d'Auvergne qu'il ne ferait pas interdire les deux concerts prévus ce week-end à la Coopérative de mai car "le trouble à l'ordre public n'est pas flagrant". Toutefois, en cas de troubles, "il prendra ses responsabilités".
AFP

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