Russie

Sous le feu des critiques occidentales, Poutine s'apprête à triompher dans les urnes

  • Publié le 18 mars 2018 à 01:12
  • Actualisé le 18 mars 2018 à 05:05

Les Russes ont commencé à voter dimanche pour une présidentielle qui devrait voir la réélection haut la main de Vladimir Poutine, confortant son statut d'homme fort et incontournable du pays en plein regain de tensions avec les Occidentaux.


Plus de 107 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche à partir de 08H00 locales à travers le plus grand pays du monde. Compte-tenu du décalage horaire, les bureaux de vote ont donc ouvert à 20H00 GMT samedi dans l'Extrême-Orient russe, où les électeurs ont été les premiers Russes à pouvoir déposer leurs bulletins.
La chaîne de télévision publique Rossiya 24 a ainsi montré les images de l'ouverture des bureaux de vote à Petropavlovsk-Kamtchatski, dans la péninsule du Kamtchatka, ou à Anadyr, dans le district autonome de Tchoukotka.
Accusé par Londres d'avoir "ordonné" l'empoisonnement d'un ex-agent double en Angleterre, vilipendé à l'ONU pour son soutien à Bachar al-Assad en Syrie, confronté à de nouvelles sanctions des Etats-Unis pour l'ingérence de Moscou dans l'élection de Donald Trump... Vladimir Poutine aura été soumis à des critiques d'une rare intensité lors de sa dernière semaine de campagne.
Les démentis, échanges d'accusations et menaces de représailles réciproques qui ont rythmé la semaine résument un mandat marqué par le retour en force de la Russie sur la scène internationale, mais aussi par l'installation d'un climat de quasi Guerre froide sur fond de conflit syrien, d'annexion de la Crimée et d'insurrection pro-russe dans l'est de l'Ukraine.
Impassible, Vladimir Poutine a pourtant achevé une campagne a minima en rencontrant des agriculteurs dans le sud du pays, puis en prononçant un discours de deux minutes lors d'un concert en Crimée avant de prendre des selfies avec des jeunes.
Crédité de près de 70% des intentions de vote, l'homme fort de la Russie, loué pour avoir ramené la stabilité après les années 1990 - au prix selon ses détracteurs d'un net recul des libertés - a peu de souci à se faire.
A 65 ans, il devrait remporter un quatrième mandat le portant au pouvoir jusqu'en 2024, près d'un quart de siècle après avoir été désigné comme successeur par Boris Eltsine.
Le candidat millionnaire du Parti communiste, Pavel Groudinine, est crédité de 7% des voix et le troisième, l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski, de 5%, devant la journaliste libérale Ksénia Sobtchak (1-2%), les quatre autres candidats se contentant de scores négligeables.

- Génération Poutine -

Faute de suspense et vu les appels au boycott de l'opposant Alexeï Navalny, déclaré inéligible, le principal objectif du Kremlin pendant cette campagne atone aura été de convaincre les électeurs de se déplacer, notamment la "génération Poutine", ces jeunes qui votent pour la première fois et n'ont connu que Vladimir Poutine au pouvoir.
Le Kremlin a donc tout fait pour que la participation, seul véritable baromètre de ce scrutin, soit aussi forte que possible dimanche, menant une campagne massive d'information et d'incitation au vote, facilitant le vote hors du lieu de résidence mais aussi, selon des médias, en faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller aux urnes.
A l'étranger, Kiev a décidé de bloquer le vote des électeurs russes résidant en Ukraine pour protester contre la tenue de la présidentielle en Crimée, péninsule annexée par Moscou en 2014.
Symboliquement, le scrutin se tient quatre ans jour pour jour après la ratification du rattachement de la Crimée, décidé à l'issue d'un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux.
Si l'empoisonnement en Grande-Bretagne de Sergueï Skripal et sa fille a peu de chance d'influer sur le vote des Russes, habitués aux accusations occidentales contre Moscou, il risque de donner le ton du prochain mandat de Vladimir Poutine, son dernier selon une Constitution qu'il a promis de ne pas toucher.
"Les conséquences en politique étrangère pour la Russie seront plus sérieuses" qu'à l'intérieur du pays, prévient Alexandre Baounov, expert du Centre Carnegie à Moscou. L'attaque "d'un citoyen européen sur le territoire européen fait revenir les craintes concernant la Russie. Ce n'est pas bon pour le Kremlin".

- 'Nous tenons bon' -

Le président russe, lui, n'a quasiment pas fait campagne, se contentant de deux participations de deux minutes chacune lors de concerts de soutien et snobant les débats télévisés.
Il s'est surtout illustré par un discours très musclé devant le Parlement pendant lequel il a longuement vanté les nouveaux missiles "invincibles" de l'armée russe développés en réaction aux projets de bouclier antimissile, sommant les Occidentaux d'"écouter" enfin la Russie.
"En Amérique et en Europe, ils essayent de nous faire plier, de nous agenouiller, mais nous tenons bon. Ils nous ont promis une crise mais on a résisté. C'est la principale qualité de Poutine", estime Sergueï Babaïev, un électeur moscovite de 55 ans.

2018 AFP

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