Mai 68 vu par l'AFP

Et soudain en France tout s'arrête...

  • Publié le 22 mars 2018 à 20:54
  • Actualisé le 22 mars 2018 à 21:33

En mai 1968 la France connaît une grève générale de plusieurs semaines, la plus massive de son histoire, avant de déboucher sur les célèbres accords de Grenelle et ses impressionnantes hausses de salaire (+ 35% pour le Smig).


Au départ, les syndicats appellent à 24 heures de grève générale à compter du 13 mai, mais elle se poursuivra bien au-delà et concernera sept à dix millions de personnes. Les grèves s'étendent "comme une nappe d'eau gagnée par le gel", écrira l'historien Antoine Prost.
Les "urgents" de l'AFP, comme ses synthèses sur la paralysie du pays, en témoignent.

Le port de Rouen paralysé
ROUEN, 18 mai 1968 (AFP) - Le port de Rouen se trouve depuis ce matin totalement paralysé par la grève des dockers - environ 1.600 - et par la grève du personnel du port autonome dont les effectifs s?élèvent à 1.800 agents.
Grève totale à la RATP

PARIS, 19 mai 1968 (AFP) - La grève est maintenant totale à la RATP, le dépôt d?autobus de la Maltournée ayant été occupé à son tour peu avant 14 heures. Aucun autobus ne circule plus ni dans Paris ni dans la banlieue.

SNCF : trafic nul

PARIS, 19 mai 1968 (AFP) - Le trafic est nul sur l?ensemble du réseau, annonce ce matin la SNCF.
L?aéroport d?Orly est désert

PARIS, 19 mai 1968 (AFP) - En cessant ce matin, à 10 heures, d?assurer leurs fonctions - au lendemain de leur grève de 48 heures - tous les techniciens de la navigation aérienne ont condamné les aéroports de la région parisienne à la paralysie.

Grève avec occupation à l?Opéra
PARIS, 19 mai 1968 (AFP) - Les ouvriers et techniciens du théâtre national de l?Opéra ont décidé cette nuit la grève illimitée avec occupation des locaux.
Grève à la Banque de France

PARIS, 20 mai 1968 (AFP) - Un ordre de grève d?une durée indéterminée est lancé par les syndicats autonomes, CFDT, CGT, CGC et CFTC pour demain mardi pour la Banque de France, ses annexes de la fabrication des billets et succursales.
Dans sa synthèse du 19 mai, l'AFP annonce que "les assurances, les banques, les industries chimiques (dont le pétrole), le papier-carton, la production cinématographique" sont entrés dans le mouvement. "Le festival de cinéma de Cannes a dû se terminer de façon anticipée devant l?affrontement de tendances opposées à propos d?une grève."
Le 20 mai, elle constate que "Les transports en commun, aussi bien à Paris que dans les grandes villes de province, sont bloqués. Après les usines Renault, les usines d?automobiles s?arrêtent successivement : c?est le cas de Peugeot à Sochaux et à Montbéliard où les ouvriers occupent depuis ce matin l?usine. Chez Citroën, on signale de l?agitation sans qu?il y ait encore d?arrêt complet de travail. A Marseille, à Lyon, dans la vallée de la Seine à Paris au Havre, les raffineries de pétrole ont arrêté le travail et à Shell Berre de Marseille le personnel occupe les usines".
"Cette situation a provoqué une inquiétude du public qui se traduit par une ruée devant les portes des banques où l?on voit des queues de gens qui tentent de retirer un peu d?argent pour la vie courante. Les automobilistes sont pris à Paris dans des embouteillages, en particulier aux portes de la ville. Il y a un afflux des femmes dans les épiceries et les magasins pour faire des provisions tandis que les hommes au volant de leur voiture sont nombreux aux postes de ravitaillement d?essence pour faire le plein de leurs réservoirs", indique encore l'AFP.

A Paris, le 27 mai, l'AFP écrira que pour évacuer les ordures accumulées, "400 bennes ou camions" seront mobilisés afin de procéder "au collectage toutes les 48 heures devant chaque immeuble", où "550.000 sacs en papier ont été distribués aux concierges pour stocker les ordures".
"Les cimetières occupés par les grévistes ont été évacués. L'armée a été chargée d'inhumer les corps et de creuser les tombes", précise l'AFP.

2018 AFP

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