Procès Lionnet

L'accusée crie son innocence et dénonce un "complot"

  • Publié le 22 mars 2018 à 19:20
  • Actualisé le 22 mars 2018 à 19:46

Sabrina Kouider, accusée avec son compagnon du meurtre de Sophie Lionnet, leur jeune fille au pair française, a crié son innocence et affirmé que la victime avait participé à un complot contre elle, selon des extraits d'auditions diffusés jeudi au procès à Londres.


Sophie Lionnet, 21 ans, recommandée par un ami du frère de Sabrina Kouider, avait commencé à travailler pour la famille en janvier 2016, a expliqué l'accusée aux policiers lors de son audition. Elle dormait dans la chambre des enfants, en haut du lit superposé.
"La plupart du temps, elle était au téléphone, assise sur le canapé. Elle attendait de nous qu'on la serve", a affirmé Sabrina Kouider aux enquêteurs. "C'est comme si nous travaillions pour elle et pas elle pour nous".
Entendue par les policiers après la découverte du corps de Sophie Lionnet, retrouvé presque entièrement carbonisé dans le jardin du couple, Sabrina Kouider a déclaré que la jeune femme avait quitté le domicile un ou deux jours avant.
Le week-end précédent, les deux femmes ont eu une explication à propos d'un complot auquel aurait participé Sophie Lionnet, a raconté Sabrina Kouider.
"Je lui ai dit de me dire la vérité ou de me l'écrire", a-t-elle poursuivi.
"Elle m'a expliqué qu'elle avait été recrutée par Mark Walton (ancien compagnon de Sabrina Kouider et membre fondateur du boys band irlandais Boyzone, ndlr) et qu'il l'avait payée plus de 18.000 livres (près de 21.000 euros, ndlr)".
Selon l'accusation, Sabrina Kouider avait développé "une obsession" pour son ex-compagnon. Après leur rupture en 2013, elle a accusé le chanteur de pédophilie, d'agressions sexuelles et de harcèlement, avant de reconnaître qu'il s'agissait de diffamation.
Aux enquêteurs, la trentenaire a aussi affirmé que la jeune fille au pair avait "drogué" sa famille.

- "Relâchez-moi" -

Mardi, les jurés ont entendu des extraits provenant de plus de huit heures d'enregistrements d'interrogatoires que subissait Sophie Lionnet.
Dans un passage, Sabrina Kouider hurle littéralement sur la jeune femme. "Je prie Dieu pour qu'il m'empêche de te toucher. Je ne veux pas me salir les mains", dit-elle dans cet extrait datant du 11 septembre, quelques jours avant sa mort.
Le 20 septembre 2017, alertés par des voisins qui voyaient d'importantes fumées se dégager du jardin des accusés et étaient incommodés par une "horrible" odeur, les pompiers étaient intervenus au domicile du couple, dans le sud-ouest londonien.
Là, ils avaient trouvé le compagnon de Sabrina Kouider, Ouissem Medouni, en train de faire cuire du poulet sur un barbecue, tandis qu'à proximité, un feu de jardin se consumait.
En éteignant ce dernier, ils avaient découvert des restes humains, ainsi que des vêtements et des bijoux. Interrogé sur la présence de ce corps, Ouissem Medouni avait affirmé qu'il s'agissait d'un mouton.
Inculpé pour meurtre dans la soirée, il avait ensuite refusé de répondre aux enquêteurs.
Sabrina Kouider, en revanche, avait crié son innocence.
"Je n'ai pas fait ça, je n'ai pas fait ça", a-t-elle répété aux enquêteurs. "J'étais dans la maison mais je ne savais pas ce qu'il se passait".
"Relâchez-moi le plus vite possible parce que je n'ai rien à voir avec ça", a-t-elle imploré, la vidéo de son audition la montrant éprouvée, une couverture sur les épaules.
Au médecin qui l'a examinée, elle a confié avoir été victime de violences conjugales et souffrir de crises de panique. Le médecin remarque qu'elle a quelques égratignures et une brûlure au poignet, qu'elle dit s'être faite en cuisinant.
Sabrina Kouider a raconté avoir rencontré Ouissem Medouni quand elle avait environ 18 ans et avoir ensuite entretenu une relation en pointillé avec lui. Ouissem Medouni venait à Londres pour des week-ends ou des vacances, avant qu'il ne s'installe avec elle, quelques mois avant le drame.
 

2018 AFP

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