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Sans majorité, le Parlement italien doit élire ses présidents

  • Publié le 23 mars 2018 à 14:44
  • Actualisé le 23 mars 2018 à 14:50

Les deux chambres du Parlement italien, privées de majorité absolue après les élections du 4 mars, se réunissent à partir de vendredi pour commencer à élire leur président, l'occasion de premières tractations politiques sur fond d'incertitude quant au futur gouvernement.


Après un scrutin qui a rendu les partis antisystème ou d'extrême droite majoritaires, deux camps revendiquent de gouverner: la coalition de droite/extrême droite, en tête avec 37% des voix, et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), premier parti du pays avec 33%.
Les sénateurs se sont retrouvés à 10H30 (9H30 GMT) et les députés à 11H00 (10H00 GMT) et les votes devaient commencer en fin de matinée, mais pour éviter d'abattre trop vite leurs cartes, plusieurs partis ont appelé à voter blanc lors des premiers tours.
Le règlement du Sénat prévoit deux votes par jour jusqu'à un quatrième tour -- probablement samedi après-midi -- pour départager les deux candidats arrivés en tête au troisième tour.
A la Chambre des députés, il faudra voter jusqu'à ce qu'un élu obtienne la majorité absolue, peut-être la semaine prochaine.
Même s'il reste encore une poignée de sièges contestés, la coalition de droite compte 260 députés et le M5S 229 alors que la majorité absolue à la chambre basse est de 316. Au Sénat, où celle-ci est de 161 sièges en incluant les sénateurs à vie, la coalition de droite a 135 élus et le M5S 112.
"Le scrutin du 4 mars a accouché d'un Parlement composé de minorités", a expliqué le Corriere della Sera, estimant que les forces politiques auront besoin d'"un bain d'humilité politique" pour sortir de l'impasse.
Les tractations en cours ne sont cependant qu'un échauffement avant celles visant à la formation d'un gouvernement, qui ne semblent pas avoir débuté, les deux principaux camps se disant simplement prêts à discuter avec quiconque serait disposé à adopter leur programme.
Le président de la République, Sergio Mattarella, doit entamer ses consultations début avril, tandis que le gouvernement sortant de Paolo Gentiloni (centre gauche) gère les affaires courantes.

- Votes secrets -

Au Sénat, l'ancien président Giorgio Napolitano a ouvert la séance en tant que doyen des élus, en évoquant la poussée "extraordinaire" des "positions de contestation les plus radicales, de rupture réelle et nette avec le passé".
Lui dont le rôle avait été primordial après les élections de 2013 a appelé les élus à "promouvoir l'intérêt général de l'Italie", en s'appuyant "avant tout sur le sens, qui ne peut manquer, d'un destin commun italien et européen".
Au Parlement, un équilibre a semblé se dessiner dans la semaine pour les présidences du Parlement: la Chambre des députés pour le M5S, le Sénat pour la coalition de droite.
Mais la lutte est rude y compris au sein de cette coalition, où Forza Italia (FI), le parti de Silvio Berlusconi qui a dominé la droite italienne pendant 25 ans, n'a obtenu que 14% des voix, contre 17% pour la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite).
A contrecoeur, le vieux milliardaire s'est rangé derrière son jeune allié dans la course pour diriger le gouvernement, tout en exigeant la présidence d'une chambre, plus particulièrement le Sénat pour son ancien ministre du Développement économique Paolo Romani.
"Nous ne pouvons pas voter pour lui", a répliqué Luigi Di Maio, chef de file du M5S, opposé à l'élection de toute personne condamnée par la justice.
M. Romani a été condamné à 16 mois de prison avec sursis, peine confirmée en appel en octobre, pour avoir laissé sa fille de 15 ans cumuler 12.000 euros de facture en un an sur son téléphone de fonction de conseiller municipal de Monza, près de Milan, en 2011.
Le Parti démocrate (PD, centre gauche), sorti laminé du scrutin avec moins de 20% des voix, refuse pour l'instant de servir de "béquille" à qui que ce soit.
Autre complication pour les états-majors: les votes sont secrets, et il est déjà arrivé que les troupes se rebellent, parfois même en nombre, contre les consignes.

2018 AFP

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