Syrie

Frappes meurtrières sur la Ghouta pour forcer les rebelles à évacuer

  • Publié le 23 mars 2018 à 15:51
  • Actualisé le 23 mars 2018 à 15:56

Le régime syrien cherche vendredi à parachever la reconquête des dernières zones rebelles dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, avec des bombardements meurtriers et des négociations pour évacuer les combattants des ultimes poches insurgées.


Les incessantes frappes aériennes sur la Ghouta, qui ont déjà tué plus de 1.600 civils depuis le 18 février selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), se sont encore intensifiées ces derniers jours. Des munitions incendiaires ont été utilisées, selon les témoignages de journalistes de l'AFP et des ONG.
Trente-sept civils ont péri dans la nuit "de brûlures et de suffocation" dans la région d'Arbine, d'après l'OSDH, qui en attribue la responsabilité à l'aviation russe intervenant en soutien au régime syrien.
L'abri où ils étaient réfugiés a été frappé par des "bombes incendiaires", selon l'OSDH. Des photos et des vidéos tournées par des correspondants de l'AFP semblent évoquer une possible utilisation de phosphore blanc, dont l'utilisation contre des cibles militaires au milieu de zones civiles est interdite par le droit humanitaire international.
Le drame a été rapporté par les Casques blancs, secouristes de la défense civile dans les zones rebelles, qui ont dénoncé un "horrible massacre".
Les bombardements ont eu lieu avant l'entrée en vigueur à minuit d'un cessez-le-feu annoncé par les rebelles dominant la poche sud de la Ghouta, où s'est déroulée l'attaque, a précisé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
Au moins 38 civils avaient déjà été tués plus tôt jeudi dans des raids aériens visant cette poche sud dont la localité de Zamalka.
La stratégie adoptée par le régime syrien et son allié russe semble porter ses fruits dans la Ghouta, ancien verger de la capitale devenue un fief rebelle après les mouvements de contestation du pouvoir en 2011.
Assiégée depuis 2013 et en proie à une grave crise humanitaire, l'enclave rebelle dans la Ghouta s'est réduite comme peau de chagrin depuis le début de l'assaut du régime il y a près d'un mois. Le pouvoir de Damas en contrôle désormais plus de 80%.
Jeudi, conformément à un accord parrainé par la Russie, plus de 400 combattants et des centaines de leurs proches ont évacué la poche rebelle de Harasta.
Le convoi les transportant est entré vendredi dans la province d'Idleb (nord-ouest), qui échappe au contrôle du régime, selon l'OSDH et un correspondant de l'AFP. C'est dans cette région, largement dominée par les jihadistes, que le régime envoie rebelles et civils lorsqu'ils sont évacués des bastions de l'opposition.
Un autre convoi doit quitter vendredi Harasta à destination d'Idleb. Combattants et civils ont commencé à monter à bord d'autocars, selon l'agence de presse officielle syrienne Sana.

- 'Fin des souffrances' -

Au total, quelque 1.500 combattants du groupe islamiste Ahrar al-Cham et 6.000 membres de leur famille doivent quitter Harasta en plusieurs vagues, d'après Sana.
Le groupe a été contraint d'accepter l'évacuation sans négociation. "Tout ce qu'ils ont obtenu, c'est d'être capables de partir sans être tués", a souligné l'expert sur la Syrie Nawar Oliver.
L'offensive du régime syrien sur la Ghouta a fait plus de 80.000 déplacés en un peu plus d'un mois.
L'évacuation en cours de Harasta accroît la pression sur les deux dernières poches rebelles restantes dans la Ghouta pour lesquelles semble se profiler un scénario similaire.
Le groupe islamiste Faylaq al-Rahmane a ainsi annoncé un cessez-le-feu dans le secteur sud qu'il contrôle, entré en vigueur à minuit, afin de permettre des négociations "garantissant la sûreté des civils et la fin de leurs souffrances, l'arrêt de cette guerre et de ces bombardements".
Et à Douma, plus grande ville de la Ghouta tenue par le groupe Jaich al-Islam, des négociations sont menées pour déterminer le sort du secteur, selon une source au sein du comité local chargé des pourparlers. Les rebelles n'ont pas confirmé.
La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et conduit des millions de Syriens à l'exil.
Au fil des ans, le conflit s'est transformé en une guerre complexe, impliquant de multiples belligérants, avec l'intervention directe de puissances étrangères.
Dans le nord-ouest de la Syrie, l'armée turque a déclenché le 20 janvier une offensive pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave d'Afrine. Quelque 167.000 personnes ont été déplacées par l'avancée des forces turques, ont indiqué vendredi les Nations unies.

2018 AFP

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