France

Marche blanche contre l'antisémitisme, en mémoire de Mireille Knoll

  • Publié le 28 mars 2018 à 06:15
  • Actualisé le 28 mars 2018 à 06:32

Une "marche blanche" à Paris et des rassemblements dans d'autres villes se tiendront mercredi en mémoire de Mireille Knoll, une octogénaire dont le meurtre a provoqué une vive émotion et ravivé les inquiétudes sur l'antisémitisme en France (Photo d'illustration)


Deux hommes ont été mis en examen et écroués mardi pour "homicide volontaire" à caractère antisémite après la découverte vendredi dernier du corps de cette femme juive lardé de 11 coups de couteau et en partie carbonisé dans son modeste appartement. "Les deux auteurs ont été rapidement retrouvés (...) mais ce qui était terrible, c'est que l'un des auteurs disait à l'autre +C'est une juive, elle doit avoir de l'argent+", a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, devant l'Assemblée nationale.
Mireille Knoll, 85 ans, a été tuée à Paris, cette ville qu'elle avait fuie avec sa mère en 1942, échappant de justesse à la rafle du Vel d'Hiv'. "Il y a un constat terrifiant : ce que les nazis n'ont pas pu faire, des malfrats, des voyous l'ont fait avec la même haine", a déclaré à l'AFP le grand rabbin de France, Haïm Korsia.

Un an après la mort dans le même XIe arrondissement de Sarah Halimi, défenestrée par un voisin aux cris de "Allah Akbar", ce nouveau meurtre d'une femme juive a scandalisé bien au-delà des rangs communautaires. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), rejoint par de très nombreuses associations, a appelé à une "marche blanche" qui partira à 18h30 de Nation pour rallier le domicile de la victime.

"Cet appel s'adresse à l'ensemble des Français car l'antisémitisme, aujourd'hui, n'est pas l'affaire des juifs, c'est l'affaire de la France", a souligné le président du Crif, Francis Kalifat, dans une vidéo. De très nombreux partis politiques ont répondu présent, des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon aux Républicains de Laurent Wauquiez en passant par La République en marche avec Jean-Christophe Castaner. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux se joindra également au cortège.

Le Crif a en revanche opposé une fin de non-recevoir à la présidente du Front national, Marine Le Pen. Malgré un message jugé "discriminatoire", le parti d'extrême droite a appelé ses adhérents à battre le pavé. Après avoir ouvert la porte à la présence des Insoumis, le président du Crif a par ailleurs durci sa position dans un tweet, en déclarant finalement M. Mélenchon et ses troupes persona non grata.

Des rassemblements de soutien à la famille de la victime sont également prévus dans plusieurs grandes villes (Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg), à l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF).

- "Ne rien laisser passer" -

A l'issue de la "marche blanche" parisienne, le Consistoire israélite accueillera une cérémonie de recueillement en mémoire de Mireille Knoll à la synagogue des Tournelles, dans le quartier du Marais. Le Premier ministre Edouard Philippe recevra par ailleurs dans l'après-midi des membres de la famille de la victime "pour leur exprimer sa sympathie, mais surtout notre ferme détermination à ne rien laisser passer", a indiqué la garde des Sceaux Nicole Belloubet devant l'Assemblée.

Statistiquement en baisse, le nombre d'actes antisémites reste élevé en France où la minorité juive, qui représente moins de 1 % de la population, est la cible d'un tiers des faits de haine recensés. Les actions les plus violentes sont même orientés à la hausse.

Depuis 2006 et l'assassinat du jeune Ilan Halimi, "onze juifs ont été assassinés parce que juifs", a souligné auprès de l'AFPTV l'historien Marc Knobel. "C'est un antisémitisme qui s'explique par la jalousie, des frustrations, la montée des préjugés et l'image que certains peuvent avoir du conflit israélo-palestinien", a-t-il relevé, évoquant une haine due aussi "à l'islamisme, au jihadisme".

Commentant l'enquête sur le meurtre de Mme Knoll, le grand rabbin de France s'est félicité que la circonstance aggravante ait été retenue d'emblée par le parquet et le juge d'instruction, plutôt que de "donner le sentiment qu'on veuille étouffer l'affaire". "Quand il y a un faisceau d'indices qui accrédite une présomption d'antisémitisme, il faut la retenir, quitte à ce que l'enquête démonte les choses par la suite", fait valoir Haïm Korsia.

AFP

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