NDDL

Nouveaux heurts au deuxième jour des expulsions

  • Publié le 10 avril 2018 à 10:17
  • Actualisé le 10 avril 2018 à 11:59

De nouveaux heurts ont éclaté mardi matin entre les forces de l'ordre et les occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dames-des-Landes qui entendent défendre leurs positions, au deuxième jour d'une opération massive destinée à les déloger.


Vers 07H30, un peu plus d'une heure après la reprise des opérations, les gendarmes ont lancé plusieurs grenades assourdissantes et effectué des tirs de gaz lacrymogènes. "Cassez-vous, cassez-vous!", hurlaient à leur adresse les zadistes, qui ont riposté par des jets de projectiles, des cocktail molotov et des tirs de fusées.
"Nous avons repris à 06H00 les opérations là où nous les avons arrêtées hier (lundi), autour de la D281, en élargissant le périmètre à l'Est et à l'Ouest", a-t-on indiqué de source proche du dossier.
Les gendarmes mobiles ont fait reculer les zadistes sur 200 m sur la route des "fosses noires" au sud-ouest de la D281, selon la même source. La zone était survolée par un hélicoptère.
"Ce matin, presque une centaine de camions de gendarmes mobiles, blindés, tractopelles reviennent sur la ZAD semer leur travail de destruction", ont annoncé les zadistes dans un communiqué.
"Plusieurs lieux de vie et projets agricoles semblent aujourd'hui immédiatement dans les viseurs de la préfecture", ont-il précisé citant "la Chèvrerie, une maison magnifique" et la "maison des vraies rouges un des plus vieux groupement d'habitats autoconstruit en terre-paille ou en bois de la ZAD avec son espace collectif sur deux étages".
Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, les gendarmes ont dégagé six barricades en feu entre 22H00 et minuit sur la D281 mais "le reste de la nuit a été calme". "Aucun blessé" n'a été enregistré et "aucune interpellation" n'a été effectuée, a-t-il précisé.
"Plus ça va aller, plus ça va être compliqué", avait jugé la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein à la fin de la première journée de l'intervention qui mobilise 2.500 gendarmes.
Cette opération répond à l'engagement pris par Edouard Philippe d'éradiquer cette "zone de non droit" le 17 janvier, lorsqu'il avait mis fin au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Les zadistes ont d'ailleurs appelé dès lundi "tous ceux qui le peuvent à se rendre sur place dès l'aube" mardi "pour faire obstacle" aux forces de l'ordre. "Nous appelons à des mobilisations et réactions déterminées partout ailleurs en France", ont-ils ajouté dans un communiqué, où ils promettent que leurs sympathisants "reviendront en masse pour ne pas laisser sans habitat" les zadistes évacués.

- "Hypocrisie de la préfecture" -

Lundi soir, des milliers de personnes leur ont manifesté leur soutien dans plusieurs villes, notamment à Nantes et à Paris.
Au premier jour, l'intervention s'est concentrée sur les abords de la D281, l'ex-route "des chicanes".
Les gendarmes ont notamment expulsé les occupants du squat des "100 noms".
"Les 100 noms n'ont pas déposé de projet agricole", a déclaré la préfète, assurant aussi que seules les installations précaires seraient détruites et "rien qui soit en dur". "Le projet des 100 noms est déclaré à la chambre d'agriculture", selon Copain 44, collectif d'organisations agricoles.
"La destruction du hangar, des serres et de la bergerie des 100 noms, l'évacuation de ses ânes et de ses moutons a achevé de dévoiler l'hypocrisie absolue de la préfecture, y compris sur sa prétention affichée à conserver les projets agricoles", ont réagi les zadistes.
La destruction de ce lieu est "inutile", a répondu un collectif d'élus antiaéroport. Elle "risque d?être lourde de conséquences".
L'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, et plutôt modérée, a parlé de "ligne rouge franchie" après la destruction des "100 noms", lieu de vie qui "portait un vrai projet agricole, un projet solide et pérenne". Ils ont appelé leurs soutiens à "venir en nombre" protester mardi sur la ZAD.
La préfète a expliqué que l'objectif de démanteler une "quarantaine de squats" sur 97 était "presque atteint".
L'opération de grande ampleur lancée lundi matin prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.
La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.

2018 AFP

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