Les experts internationaux ne pouvent se rendre sur place

L'enquête sur une attaque chimique présumée en Syrie au point mort

  • Publié le 18 avril 2018 à 20:43
  • Actualisé le 18 avril 2018 à 21:02

L'enquête sur une attaque présumée chimique en Syrie se trouvait au point mort mercredi, une équipe d'experts internationaux ne pouvant se rendre sur place pour des raisons de sécurité après qu'une mission de reconnaissance a été la cible de tirs.


Cette attaque présumée aux "gaz toxiques" qui a fait au moins 40 morts à Douma le 7 avril selon des secouristes, a déclenché des frappes de Washington, Paris et Londres contre des installations du pouvoir syrien et un pic de tensions diplomatiques inédit. Le régime de Bachar al-Assad, pointé du doigt par les secouristes et des pays occidentaux, a démenti toute implication, alors que l'enquête censée vérifier s'il y a eu attaque chimique est en suspens, voire menacée.

A la demande du régime Assad, une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) est arrivée à Damas samedi. Mais elle n'a pour l'instant pas pu quitter la capitale syrienne. Le régime et son allié russe, qui ont annoncé le même jour la reprise totale de Douma aux rebelles, invoquent des raisons de sécurité. Les Occidentaux les accusent de vouloir entraver l'enquête.

Mardi, une équipe de sécurité de l'ONU est partie en reconnaissance à Douma. Elle "s'est trouvée sous le feu d'armes légères et un explosif a été déclenché. L'équipe est rentrée à Damas", a dit le directeur général de l'OIAC Ahmet Uzumcu dans un communiqué. "Nous ne savons pas quand la mission pourra être déployée à Douma", a-t-il ajouté, précisant que les enquêteurs se rendraient sur place dès le feu vert de l'agence de sécurité de l'ONU.

- Déplacement "capital" -

Les Occidentaux, qui travaillent sur un projet de résolution sur la Syrie à l'ONU, ne cessent d'afficher leurs doutes, affirmant que la possibilité de trouver des preuves à Douma s'amenuise chaque jour un peu plus. Les Casques Blancs, ces secouristes en zones rebelles qui ont signalé l'attaque présumée aux "gaz toxiques", s'alarment également.

"Il est capital qu'ils (les experts) se rendent sur le site de l'attaque, toutes les preuves sont là-bas", affirme à l'AFP un secouriste sous couvert de l'anonymat.
"Nous nous coordonnons quotidiennement avec l'OIAC. Nous leur donnons des détails sur le lieu où les morts on été enterrés, le lieu de l'attaque, d'où venaient les avions. (Mardi), le régime a dit avoir trouvé une fosse commune dans le parc al-Jalaa. C'est là où nous avons enterré toutes les victimes tuées dans l'attaque chimique et d'autres bombardements. Le régime cache toutes les preuves", s'inquiète-t-il.

Alors que la France a assuré lundi que le régime Assad avait conservé un programme d'armement chimique "clandestin", la justice belge a indiqué que trois entreprises du pays devraient répondre en mai de "fausses déclarations" pour avoir omis de signaler aux autorités l'exportation vers la Syrie d'un produit chimique pouvant servir à confectionner du gaz sarin.

Selon l'hebdomadaire flamand Knack, qui a révélé l'information, ce sont au total 168 tonnes d'isopropanol qui auraient été exportées de Belgique vers la Syrie et le Liban entre mi-2014 et fin 2016.

- Nouveau front -

Après avoir reconquis totalement Douma et par conséquent l?ensemble de la région de la Ghouta orientale, au terme de cinq ans de siège et d'une offensive dévastatrice lancée le 18 février, le régime s'attaque désormais à d'autres adversaires. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les troupes gouvernementales ont bombardé pour la deuxième nuit consécutive le quartier de Hajar al-Aswad et le camp de Yarmouk, dernier bastion du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le sud de Damas.

"Le régime accentue la pression en vue d'une offensive d'envergure ou pour faire plier l'EI et le pousser à évacuer cette zone", a affirmé l'OSDH.
La reconquête de ces zones permettraient au régime de contrôler l'ensemble de la capitale et de ses environs pour la première fois depuis 2012.
Depuis 2015, le président Bachar al-Assad, avec le soutien crucial de la Russie, a renversé une situation militaire défavorable.

Sept ans après le début d'une guerre qui a fait plus de 350.000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes, il contrôle désormais plus de la moitié de la Syrie, où vivent les deux tiers de la population.

AFP

guest
0 Commentaires