Manifestation

Face à Macron, la CGT tente d'initier une "convergence des luttes"

  • Publié le 19 avril 2018 à 12:06
  • Actualisé le 19 avril 2018 à 13:03

"Convergence des luttes!" C'est le slogan que s'apprêtent à scander jeudi cheminots, fonctionnaires ou encore salariés de l'énergie, à l'appel de la CGT et de Solidaires, dans une première tentative de construire un front commun contre Emmanuel Macron.


Les initiateurs de cette journée d'actions nationale interprofessionnelle prévoient 133 mobilisations dans toute la France, auxquelles pourraient venir se joindre des étudiants.
A Marseille, la manifestation part à 10H30 du Vieux-Port, en direction de la place Castellane. Le cortège parisien quitte Montparnasse à 14H00 pour la place d'Italie. En plus des chiffres "police" et "organisateurs", un collectif de médias, dont l'AFP, publiera son propre comptage des manifestants des deux villes, réalisé par le cabinet Occurrence.
Outre les manifestations, les grèves devraient causer des perturbations. A la SNCF, un TGV sur trois et deux TER sur cinq seront en circulation.
Les perturbations s'annoncent plus faibles dans les transports urbains. A Paris, les problèmes concernent essentiellement les RER, avec notamment un train sur deux sur la ligne B. En revanche, la RATP annonce un trafic "normal" dans les métros, "quasi normal" dans les bus. A Marseille, seuls les bus devraient être légèrement perturbés.
Dans l'énergie, la CGT annonce des "coupures ciblées", "en direction des entreprises où les employeurs licencient" ou "criminalisent l'action syndicale". Parallèlement, le syndicat compte mener des "opérations +Robin des Bois+", qui consistent à remettre le courant dans les foyers qui ne paient pas leurs factures, a indiqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
La mobilisation affecte aussi certaines crèches et écoles, où l'accueil des enfants ne sera pas toujours assuré. Dans les maternelles, les agents territoriaux spécialisés (Atsem) entament un mouvement de grève reconductible.
Les antennes de France culture et de France musique étaient perturbées en matinée. Des débrayages sont également prévus à La Poste, chez les fonctionnaires et à France Télévisions.

- "Impact sur la croissance" -

Si cette journée d'actions devrait bénéficier d'un grand soleil, le météo sociale, quant à elle, est orageuse.
Les grèves s'enchaînent dans divers secteurs: les cheminots en sont à leur huitième journée de grève depuis début avril contre la réforme ferroviaire, les fonctionnaires, qui défendent aussi leur statut, organisent une troisième journée de grève le 22 mai, la deuxième à l'appel de tous les syndicats, Air France sort d'une neuvième journée de grève sur des revendications salariales.
La grogne monte également dans le secteur de la santé, les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées (Ehpad).
En dehors du monde du travail, des facultés sont occupées ou bloquées par des opposants à la réforme "Parcoursup", accusée d'instaurer une "sélection" à l'entrée à l'université. Le mouvement a gagné Sciences Po, à Paris, qui était en partie occupé mercredi.
La CGT et Solidaires espèrent construire un front unique à partir de ces colères. Une "coagulation" des "mécontentements" à laquelle ne croit pas le président Emmanuel Macron, qui estime que les différents mouvements ont "peu à voir" entre eux.
Philippe Martinez lui a répondu, mercredi soir sur Franceinfo, qu'il y avait un "tronc commun" autour des "questions de pouvoir d'achat" et "d'emploi".
Mais la "convergence des luttes", mot d'ordre de la journée, ne fait pas l'unanimité chez les syndicats. "Ce n'est pas la tasse de thé de la CFDT", déclarait fin mars son leader Laurent Berger, qui a annoncé jeudi qu'il ne manifesterait pas au côté de la CGT le 1er mai.
En revanche, la CGT ne désespère pas de rallier Force ouvrière. Aujourd'hui réfractaire, le syndicat pourrait changer de ligne après l'élection la semaine prochaine de son nouveau patron, Pascal Pavageau, qui se dit ouvert à une "unité d'action".
Le président du groupe LREM à l'Assemblée Richard Ferrand a vu jeudi dans l'initiative de la CGT "une volonté de mettre un certain bazar en mobilisant toute une série de professions qui n'ont pas de revendications précises". Il a fustigé sur Cnews un "rapport de force d'un autre âge".
"On croit au débat, à la discussion, contrairement au gouvernement qui veut imposer ses choix à marche forcée", a critiqué Philippe Martinez jeudi sur RFI.

2018 AFP

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