Amérique Latine

Le Paraguay élit son président, le candidat de droite grand favori

  • Publié le 22 avril 2018 à 09:07
  • Actualisé le 22 avril 2018 à 10:00

Le Paraguay, un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, élit dimanche son nouveau président, qui sera soit Mario Abdo Benitez, grand favori et candidat du parti de droite au pouvoir, soit Efrain Alegre, porté par une coalition de centre gauche.

Les 4,2 millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote qui ouvriront à 07H00 (11H00 GMT) et fermeront à 16H00 (20H00 GMT). Les premières tendances sont attendues une heure plus tard, le vainqueur devant être connu dès la soirée pour ce scrutin à un tour.

Dynamisme économique d'un côté, pauvreté, corruption et trafic de drogue de l'autre: le Paraguay, enclavé entre la Bolivie, l'Argentine et le Brésil, a été profondemment marqué par la longue dictature d'Alfredo Stroessner (1954-1989).
Pourtant, c'est un candidat dont la famille est liée à cette époque trouble qui caracole en tête des sondages: Mario Abdo Benitez, 46 ans, surnommé "Marito", est le fils de Mario Abdo, secrétaire personnel de Stroessner.

Ces dernières semaines, il a été crédité de jusqu'à 20 points d'avance sur son adversaire Efrain Alegre, 55 ans, candidat de la coalition de centre gauche Ganar, pour succéder au président sortant Horacio Cartes.
Une enquête d'opinion de dernière minute a toutefois semé le doute, la société de sondages Ati Sneard et Asociados prédisant que les candidats pourraient finalement se retrouver au coude-à-coude et estimant qu'Abdo Benitez ne pourra gagner que si la participation est sous les 70%.

"Si Abdo Benitez perd, ce sera un vote de sanction pour Cartes, qui a eu un gouvernement d'exclusion. Il y a une réaction de lassitude", a expliqué l'institut Sneard à l'AFP.
Horacio Cartes, patron millionnaire de l'industrie du tabac, a gardé le cap pendant son mandat sur la croissance économique, d'environ 4% par an grâce aux exportations de soja, de viande et d'électricité.
Mais il n'a progressé ni sur le front de la pauvreté, toujours à un niveau alarmant de 26,4% selon les statistiques, ni sur celui de la corruption, dans ce pays classé 135e sur 180 par l'ONG Transparency International.

- Encore le parti Colorado ? -

Diplômé en marketing dans une université des Etats-Unis, "Marito" répond au moins sur un point, la corruption, promettant de réformer le système judiciaire pour le rendre plus vertueux. Pour le reste, il prévoit de maintenir la même politique économique que son prédécesseur.

Face à lui, l'avocat Efrain Alegre affiche des ambitions plus sociales, proposant la santé gratuite pour les plus démunis et un allègement drastique de la facture d'électricité pour stimuler investissements et emplois.
Les deux adversaires se retrouvent sur un point: ils s'opposent à la légalisation de l'avortement et au mariage pour tous, dans ce pays très catholique.
"Moi je suis pour la vie, je suis contre l'avortement et sa dépénalisation, dans tous les cas. Personnellement, je crois que personne ne peut prendre la place de Dieu pour décider de la vie ou de la mort d'une personne", a-t-il répondu catégoriquement à l'AFP qui l'interrogeait sur ce sujet.
Outre leur président, les électeurs sont appelés à renouveler leur Parlement et choisir les gouverneurs des 17 départements du pays.
S'ils décident de confier les rênes du Paraguay à Mario Abdo Benitez, malgré les liens de son père avec la dictature, cela confirmera à quel point la population a tourné la page de cette période, à la faveur du changement de génération, 43% de l'électorat ayant entre 18 et 34 ans.

"La société paraguayenne change plus vite que ses élites politiques, et il y a une génération, de plus en plus influente, qui ne se se souvient pas vraiment du régime non-démocratique, c'est une première dans l'Histoire du Paraguay", souligne Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas de Sao Paulo, dans un article publié par Americas Quaterly.
Une victoire d'Abdo Benitez serait aussi un trophée de plus au palmarès de son parti Colorado, à la tête du pays presque sans interruption depuis 1947.

 AFP

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